Peaux Fischer Profoil et.. peaux
Publié le 24 Décembre 2015
Quand je les ai eues dans la main la première fois, j'ai d'abord cru à une blague. Mais étant ouvert à toute innovation, j'ai été très curieux de les voir sur le terrain. Avant même de commencer à monter, j'ai immédiatement dégagé deux critères positifs : le côté inusable et le séchage. Mais bon, ce n'est quand même pas pour cela qu'on va acheter une peau. La finition fait toutefois sérieux et les écailles sont disposées dans le sens de la marche au centre de la peau, et en travers sur les côtés, sans doute pour optimiser l'accroche dans les dévers.
Passons aux tests. Le premier est négatif : 500 g sur la balance. Mes Pomoca race font 400 g et pour des skis de 100 au patin (ces Profoil sont prévues pour des skis de 90). C'est déjà presque éliminatoire pour moi, à moins que sur le terrain ce ne soit révolutionnaire.
Le premier test s'est fait en terrain connu, à la dent de Crolles. Premier bon point et première surprise : ça tient bien. En tirant bien droit dans la prairie dans une neige fraîche un peu collante, ça n'a pas bronché. Quant à la glisse, elle est plutôt bonne. Intéressant tout ça. En revanche, je me suis mis à botter, dès la première utilisation. Un truc de fou. Ensuite, au sommet de la Dent, sur le faux plat glacé, l'accroche était inférieure à celle d'une peau mohair. Autre mauvais point : le pliage. C'est hyper rigide, ça prend de la place, c'est moins évident à plier que des peaux souples. Et je n'imagine même pas les mettre sous la veste. Elles étaient également trop difficiles à décoler une fois l'une sur l'autre. Il y a déjà suffisamment de vraies raisons pour se faire une tendinite...
J'ai eu l'occasion de les réutiliser au rocher Blanc sur de la neige de printemps. J'ai été surpris de la bonne accroche en dévers. Et aussi d'une bonne glisse. Au final, la Profoil n'a pas à rougir devant une mohair. Là où le bât blesse, cela reste le point poids/encombrement/facilité de mise en place-pliage qui reste rédibitoire pour moi. D'autant que son aspect rigide la rend difficile à plaquer sur toute la longueur du ski. Et quid de la découpe pour l'adapter sur n'importe quel modèle ? Je ne me souviens plus où j'ai lu qu'elles étaient tout à fait prévues pour la découpe. Sauf que dans ce cas, la bande latérale d'écailles en travers sera diminuée. Quid alors de l'accroche en dévers dans ce cas ?
Au passage, je note de plus en plus de systèmes de peaux propriétaires. Volkl, Dynafit (depuis dix ans), Fischer, Scott maintenant... En neige meuble, lors des courses d'hiver, l'ajustement peau/carre n'est pas indispensable et on peut tout à fait monter avec un système pas idéalement calculé pour ses propres skis. Le hic, c'est qu'avec un système propriétaire, ce "recyclage" n'est pas possible. Passons sur le surplus de poids dû aux étriers que la majorité trouvera epsilonesque ; en revanche, le coût à l'achat est majoré. Sans considérer ma façon de procéder comme "la bonne", je me permets de livrer ici mon fonctionnement comme je l'ai fait sur Montagnes Magazine. A chacun de se faire sa propre idée.
Je n'utilise que des peaux en mohair car je privilégie la glisse à la durée de vie. Pour cette dernière, cela ne change guère sur des neiges meubles. C'est essentiellement sur des neiges dures en dévers que le mohair s'use. Mes peaux sont toujours valables après 200 000 m de dénivelé s'il fallait une preuve concrète. Et je n'ai pas de souci d'accroche. Je les prends par trois mètres soit un mètre cinquante par ski. Les vingt centimètres manquants au talon ne posent aucun problème d'accroche ; ce n'est pas au talon qu'on accroche. Pour la fixation spatule, je mets un tendeur comme en compétition. Les encoches des systèmes propriétaires permettent de bricoler une fixation maison (c'est nickel par exemple chez Dynafit ; une rondelle dans l'encoche et le tour est jouté). En cas de spatule large sans encoche c'est plus problématique. Cela ne tient pas très bien ; sinon il faut limer une encoche.
Mon modèle préféré est la Pomoca Race (rose). La colle est, à mon sens, parfaitement dosée. Pas de surplus, décollement sans forcer. En cas de peautages multiples, le talon a parfois tendance à légèrement se décoller et on imagine qu'on va galérer. Personnellement, cela n'est jamais allé plus loin. L'ensemble coûte autour de cent euro.
Le seul point négatif que je vois à mon système est l'absence de crochet arrière pour fixation talon en cas de problème de colle. Mais à ce jour et après des années de pratique intensive je n'ai jamais raté une sortie à cause d'un problème de peau.
Fischer fait par ailleurs de très bons skis. Selon notre ressenti, le Hannibal 94 et le Ranger 90 se placent tous les deux dans le carré de tête sur une quinzaine de paires testée dans la gamme 90-100 au patin ! Comme quoi, certains font des skis, d'autres des peaux. Il est difficile d'être bon sur tous les plans. Si vous voyez un restaurant qui affiche une carte à cinquante menus : fuyez-le comme la peste. Les meilleurs sont ceux qui se concentrent sur quelques produits de qualité et proposent deux ou trois menus, voire un menu (quasi) unique. Serait-ce la même chose dans le matériel de montagne ?