Quel hiver !
Publié le 4 Mai 2015
On pourra toujours dire que chaque hiver est atypique tant on a jamais le profil de l'hiver "moyen", à savoir de la neige ni trop tôt ni trop tard et des périodes de chutes de neige alternant avec d'autres anticycloniques, le tout dans des conditions de températures moyennes. Mais quand même, là, je crois qu'on frise le côté atypique.
2010 a apporté beaucoup de neige en plaine,
2011 une rare sécheresse après un début en fanfare,
2013 des cumuls astronomiques et un printemps abominable,
2014 des chutes tardives mais durables et encore un printemps absolument dégueulasse.
Eh bien 2015 fait encore mieux dans l'originalité.
Notez-bien
- Pas de neige jusqu'à la mi-janvier et même plus globalement jusqu'à la fin du mois (les petites chutes parvenues dans la dernière quinzaine n'auraient pas été exceptionnelles pour une fin novembre).
- Une mètres cinquante en trois jours à 1000 m début février puis un mois de février hivernal, fabuleux pour le ski (rare : de la neige, de l'excellente qualité et de nombreux bons créneaux météo) jusqu'au dernier jour du mois.
- Malgré quelques chutes de neige par-ci par-là, mars et première moitié d'avril doux et plutôt secs avec l'impression que l'hiver n'a duré qu'un mois (quelques journées exceptés début avril).
- Douceur et fonte extrêmement rapide à partir du 25 avril (je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ça).
2015 est pour moi l'hiver le plus court que j'ai pu ressentir depuis que je pratique (en gros une cinquantaine de jours).
Mais ce qui m'interpelle, c'est cette fonte printanière à vitesse grand V.
Pourtant, début avril, les cumuls en altitude sont proches de ce qu'on a eu en 2012 ou 2014. Les limites basses sont même un tout petit peu meilleures. On skie la dent à la voiture le 8 avril alors que l'an dernier, c'était cuit dix jours plus tôt, de même qu'en 2012. Fin février, la nivose de l'Aigleton accuse 280 cm vs 330 cm l'an dernier. Le 10 avril, je skie le Grand Rocher un matin vite fait jusqu'à la voiture.
L'enneigement est en tout point le même que l'an dernier le... 9 avril. Cumul en place très proche, limites bases équivalentes avec ski à la voiture au foyer de fond de même qu'au téléski du Grand Plan.
Un mois plus tard, c'est la débâcle. Depuis que j'habite Bernin, je note scrupuleusement les dates auxquelles la neige a totalement disparu à l'oeil nu sur certains sommets. Le constat est édifiant. Alors que, je le répète, la situation était similaire il y a un mois, l'an dernier, la neige a totalement disparu du sommet du Grand Rocher versant ouest (alt 1900 m, Belledonne) le 6 juin. Aujourd'hui le 5 mai, il ne reste qu'un minuscule point blanc qui ne passera pas la semaine. A peine croyable. Les limites skiables sont passées en un mois de 1200 m en versant nord à 1800 m. Du jamais vu.
Alors oui mars et avril ont été doux et secs mais pas de quoi non plus expliquer une telle débâcle. L'argument que j'avancerais vient de l'arrivée tardive de la neige. Tombée fin janvier/début février, les paquets de neige encore en place fin mars sont restés "froids". Ils n'ont pas eu le temps de transformer, de se compacter et sont donc devenus extrêmement vulnérables au redoux printanier. C'est pour moi l'explication la plus plausible.
Pour finir, une comparaison avec 2013 (année record certes). Probablement un mois et demi d'avance cette année.