Dents et midis

Midi. La cloche de Saint-Pancrasse retentit. Un sandwich entre les dents, je tourne le volant pour négocier les lacets de la route du Coq. Sûrement pas les conditions du siècle (et encore moins l'enneigement) mais en travaillant sur place le matin, il aurait été dommage de ne pas profiter de la proximité.

Je commence par une Dent (de Crolles). Je manque de peu d'abdiquer à mi-hauteur de la prairie (pourtant pas bien raide) en raison d'un verglas abominable, dangereux. Je me fais même mettre à l'heure par un piéton qui monte sur l'arête de la Gorgette, pendant que je guenille en plein milieu du pré.

Voyant la virginité du pas de l'Oeille, je m'accroche et retrouve une neige acceptable un peu plus haut. Dix centimètres recouvrent alors cette croûte portante et moins glacée, pour le plaisir des yeux, de tracer et sûrement un peu du ski au retour. Le pas commence à être bien rempli (sauf le crux, toujours autant dégarni par les assauts du vent et les coups de pluie respectifs mais qui skiera cette fois sans souci à la descente).

Sommet. Vent. Je ne m'attarde pas et plonge dans la féérie des hauts plateaux. S'ensuit un tricot vers le rochers du Midi. Ca souffle de plus en plus et le ciel se couvre. Je remonte à la Dent. Il n'y a qu'ici que la visibilité est bonne et que les éclaircies perdurent. il neige déjà sur Belledonne et, plus près, sur Chamechaude et même le bec Charvet. 

La tempête ne devrait pas tarder. Je skie le pas de l'Oeille en conditions correctes puis tire à droite dans le goulet pour retrouver le fameux verglas à mi-hauteur. Eh bien, même en descente, je ne tente pas le diable : il y a moyen de se la coller et d'aller s'empaler sur le panneau du col des Ayes. Jamais vu ça ici. Je skie prudemment en choisissant les zones les moins exposées. Je déchausse péniblement sur cinq centimètres de glace à quelques mètres de la voiture.