Merci Maman (rocher d'Arguille express)
Publié le 19 Mars 2016
Beaucoup de boulot, des conditions excellentes pour sortir... et peu de temps pour mettre à jour le blog. On s'y colle quand même, pas mal de choses à dire sur cette sortie.
Ce rocher d'Arguille, c'est un peu un mythe. C'est un des premiers couloirs à être devenu classique du "ski moderne" de pente. La faute à Volo.
Petit retour en arrière. J'étais alors en école élémentaire. Une sortie du mercredi en Vercors avec l'association de quartier de la ville d'Echirolles où je vis et c'est ma première sortie sur les skis. Je me souviens vaguement d'une trace directe imposée par le moniteur et durant laquelle j'étais le seul du groupe à être tombé. Vexé peut-être, déçu certainement, je ne veux pas renouveler l'expérience.
Un peu plus tard, notre maître de CM2, Monsieur Froment impose une classe de neige de trois semaines à Serre Chevalier. Une expérience dont je garde un immense souvenir. Quelle tristesse quand je vois ces parents qui refusent d'envoyer leurs enfants en classe de découverte aujourd'hui, quelle erreur monumentale !! Mais passons. Durant ces trois semaines, c'est ski le matin, classe l'après-midi. Je progresse à vitesse grand V. Les années qui suivent voient une progression logique lors des sorties avec le CE de la SOGREAH où bosse mon père, pour 20FF l'après-midi tout compris. Petite anecdote ; n'ayant connu que le forfait "séjour" à Serre Che, la première sortie alors en classe de 6è (avec un an d'avance mais quand même pas moins de onze ans le bonhomme), à Chamrousse, me fait découvrir le forfait journée que je colle sur son support avant même de l'enfiler dans l'opercule de la fermeture de mon zip. Cela provoque la risée des copains. Comme quoi, on peut être intelligent et con à la fois. Ces années de grosse neige me voient rentrer de l'arrêt de car à la maison en skating sur les trottoirs de la ville.
Viendront trois années de disette neigeuse (88-99-90) et la suprématie du côté contemplatif sur le côté sportif. Une seule sortie de ski durant l'hiver 88, aucune en 89.
En 90, mes parents déménagent dans le sud et je séjourne à Allevard chez mes grands-parents pour finir l'année scolaire au lycée Champollion de Grenoble. En descendant chez mes parents aux vacances de février, je n'ai toujours pas skié. Je me souviens parfaitement des mots de ma mère "c'est dommage - tu avais un bon niveau - tu devrais y retourner pour ne pas perdre la main -". trois sorties au Collet-d'Allevard s'en suivent et mes yeux sont alors attirés par le hors-piste du Triangle. Ca a l'air raide. Dans la même semaine, en passant chez Arthaud, je "tombe" sur le bouquin de Bonfort-Shahshahani "ski-alpinisme" en passe de devenir la bible du skieur-alpiniste (terme d'ailleurs inventé par Volo me semble-t-il). Mes yeux se posent sur les pentes de Belledonne, injustement oubliées jusque là des livres de montagne. Parmi elles : le rocher d'Arguille. Peut-être un jour...
La suite est connue. J'ai skié l'Arguille en 2004 avec Nico Moss', Jacques Cayu' et Etienne "magic" Lauras. Je me souviens du haut hyper raide et bien béton en début d'après-midi. Les gens vont trop tôt dans ce couloir, bien encaissé et protégé du soleil et dérapent très souvent, rendant les passages suivants de plus en plus compliqués. Aujourd'hui, il fait frais et beau. Je devais partir le lendemain pour un projet beaucoup plus ambitieux mais voulant l'associer à une météo parfaite, on avait reporté avec Bertrand. Et comme ce matin je n'étais pas dispo, il fallait trouver une idée pour la seconde partie de la journée. L'occasion rêvée pour retourner à l'Arguille en bonne neige du sommet à la voiture.
Parking 15h, va pas falloir traîner car il y a pratiquement 1900 m de dénivelé avec une montée en crampons sur la fin où ça risque d'enfoncer. Peu après le départ, je croise deux gars qui descendent de l'Arguille. "trop mou à 13h". Ils ont renoncé aux deux tiers du couloir et sont très sceptiques sur mes chances de réussite. Je poursuis sans être incommodé, j'y crois, il fait frais. On a souvent l'impression que c'est mou mais une fois skis aux pieds à la descente, c'est nickel.
Les premiers 1100 m passent bien jusque sous le passage Odru. A peine 16h15. 17h au pied du couloir. Je poursuis à peaux puis chausse les crampons. Je souffle un peu dans la dernière partie où ça enfonce un peu. 17h40. Sommet. Il me reste 1h30 avant la nuit. Grosse marge.
Du grand Belledonne, pas un bruit, pas un chat. Pourquoi aller chercher si loin tout ce qu'on a sous la main ici ?
18h, les premiers virages s'enchaînent sur la partie raide décaillée à point. Les 50° sont vite expédiés et je ne parle pas de la suite. A 18h15, j'entre déjà dans la forêt après des courbes à grande vitesse dans la transfo comme on dit. La neige devient molle mais ça passe bien par le talweg. Le sanglier final est au rendez-vous pour une sortie complète. 5 minutes de portage en trottinant avec les Black.
Pleinitude totale pour cette sortie. La forme est là, les projets ne manquent pas. Merci Maman !
Le film