Le petit hiver
Publié le 28 Avril 2017
Le "petit hiver" signifie une incursion hivernale en plein printemps alors qu'on a laissé de côté les réflexes liés à la poudreuse et qu'on a tendance à se dire que la neige se tasse beaucoup plus vite. C'est vrai mais cela n'exclut pas le risque d'avalanche, surtout la lendemain même d'une grosse chute. Nous l'avions expérimenté heureusement sans mal il y a un an jour pour jour.
C'est pourquoi j'ai décidé de ne pas skier le samedi. Faire une bouse : pas envie. Et se lancer dans une vraie course, c'est prendre le risque de l'accident. On me souffle à l'oreille qu'on peut toujours renoncer sur le terrain. En théorie, c'est vrai mais on sait bien que ça se passe souvent différemment. Au risque de passer pour un timoré ou un skieur vieillissant (ce qui est vrai mais l'est aussi pour chacun d'entre nous), j'ai donc décidé de renoncer à ce beau samedi, sans aucun regret, d'autant que j'ai une autre idée pour prendre l'air et toucher la neige.
Mais revenons à notre vendredi. Les éclaircies sont possibles en fin de journée. Je réussis à motiver Nico pour aller voir la Dent. L'altitude modeste pourrait être favorable mais il ne faut pas non plus y aller tête baissée : la partie terminale ne laisse aucune chance en cas de mauvaise appréciation nivologique. Sans visibilité et avec ces soixante-dix centimètres de neige fraîche, cela me paraît débile mais avec le soleil revenu, l'idée fait son chemin. Je suis sur que ça va skier même s'il sera difficile d'aligner dix virages si on ne veut pas tout massacrer.
Départ du parking d'été avec cinquante centimètres à 1400 m d'altitude et une répartition inégale en raison du vent. La prairie se remonte sans souci puis nous tirons à gauche rejoindre la trace d'été.
En ce qui nous concerne, nous étions partis pour aller voir jusqu'en haut de la prairie et à la vue des quantités de neige, ce n'était pas gagné de poursuivre. Finalement, comme souvent, une fois passée la première accumulation au départ de la traversée, la neige est des plus rassurantes. Et surtout, nous avons la visibilité pour évaluer un peu plus loin que le bout de notre nez. A l'entrée du pas de l'Oeille, le vent a distribué la neige comme rarement mais il n'y a pas d'accumulation dangereuse. Un court déchaussage au niveau du câble et ça sort au sommet avec les peaux.
Descente intégrale jusqu'à la voiture en skiant quand même pas mal sur des oeufs et en touchant régulièrement. J'ai eu de meilleures conditions de ski avec moins de neige. Dommage pour la visibilité avec ce nuage "sous le vent" qui se reforme et nous prive du coucher de soleil.