Ethique et montagne

Publié le 13 Juin 2017

Méditations lors des dernières sorties en baskets autour de la maison et un billet qui va peut-être faire parler mais compte tenu de l'actualité suite à l'appel de l'ECI, je ne pouvais passer sous silence cet échange entre passionnés.

Avant l'avènement d'internet, l'immense majorité d'entre nous utilisait les topos papiers pour trouver des idées de balades, escalades, itinéraires à skis... et/ou la carte IGN. Sans ces documents, la montagne serait restée sauvage et déserte, hormis quelques grandes classiques connues et sues de tous.

A la fin des années 90, des sites communautaires sont apparus sur Internet (skirando.com devenu bivouac ; skirando.ch devenu camptocamp ; belrando désormais skitour...). Le principe est simple : chacun peut renseigner les conditions de sa sortie, décrire un itinéraire nouveau ou le modifier. Plus tous les à-côtés : fora, petites annonces, meetic de la montagne... Un outil génial utilisé par beaucoup silencieusement (en tant que simple lecteur), et activement par quelques irréductibles de la communication électronique dont je fais partie.

Personne ne peut nier le fait que sans une description antérieure à l'existence de ces sites web (et donc sans ces pionniers qu'ils soient découvreurs d'itinéraires à skis ou surtout équipeurs/ouvreurs de voies d'escalade ou encore défricheurs d'itinéraires cachés à la Pascal Sombardier...), les bases de données de ces sites seraient bien pauvres. Les noms des voies d'escalade, il faut bien les avoir lus quelque part pour pouvoir en parler. Idem pour les itinéraires à skis aux noms inventés par les ouvreurs.

La discussion lancée par l'ECI et reprise sur c2c tourne malheureusement beaucoup aux échanges infructueux comme souvent sur les réseaux sociaux, sans qu'il en découle une solution efficace. J'ai moi-même signé cet appel car partageant certaines revendications de ce dernier :

1- Que l'ouvreur d'une voie (escalade, pente raide à skis...) soit mentionné dans une fiche topo quand il est connu, et surtout systématiquement le nom du ou des topos papiers associés qui ont permis au créateur de la fiche de l'éditer. Si j'avais été le créateur de skirando.ch ou de skitour, je n'aurais pas permis qu'un itinéraire puisse être entré dans la base de données sans citer la source papier qui a permis de le faire connaître. C'est le principal (et quasi seul) reproche que je fais aux webmasters.
Et aujourd'hui, avec l'ampleur des bases de données, le travail à faire pour y remédier est colossal, j'en suis conscient. Il reste une solution intéressante qui contenterait tout le monde et n'imposerait pas beaucoup de temps aux modérateurs : lister tous les topos papiers existants (si ça se trouve, ils sont déjà tous dans la base de données "librairie") et faire qu'ils soient systématiquement associés à un itinéraire sur c2c se déroulant sur le même massif et concernant la même discipline, que cet itinéraire soit dans le topo ou non. Cette solution a d'autres défauts mais elle reste à mes yeux meilleure que la formule actuelle.

2- Que les sites de couenne (escalade sportive d'une longueur) ne soient pas décrits avec tracés exhaustifs des voies. Il faut savoir que ces sites sont, pour la plupart, conventionnés et que l'édition des topos permet d'en financer l'entretien. Si ces topos sont systématiquement repris sur le net, pourquoi les acheter ? En ce qui me concerne, pas de souci car j'achète systématiquement tous les topos des sites sur lesquels je vais, question d'éthique. Mais tout le monde ne fonctionne pas comme moi. S'il est facile de faire une photo d'une vaste paroi et de tracer grosso modo les itinéraires de grandes voies sur un croquis, il est très compliqué d'en faire de même avec précision sur un petit site école avec une grande densité de voies. C'est un travail long et méticuleux et il faut un grosse dose d'altruisme (une qualité de plus en plus rare) pour oser se lancer dans ce travail gratuitement et le mettre à disposition des autres. Ne nous voilons pas la face : si un connaisseur d'un site produit un topo de ce style, il y a des chances qu'il s'inspire directement du topo original. Le hic, c'est donc de proposer une telle plateforme qui laisse cette possibilité qui sera forcément utilisée par certains sans que personne puisse prouver quoi que ce soit et de dire que ce n'est pas la faute des créateurs du site. C'est un peu, toutes proportions gardées, comme si on fabriquait des voitures et qu'on laissait les gens faire ce qu'ils veulent avec en se disant : ce n'est plus de notre responsabilité... Fort heureusement, il y un code la route comme il y a des normes imposées aux fabricants.

Une avancée dans ce sens est à mon niveau tout bénéf' pour tout le monde :

- Elle respecterait davantage une certaine éthique

- Elle ne demanderait pas un travail colossal

- Elle ne nuirait en rien aux sites communautaires au regard de l'offre actuelle

- Elle empêcherait que naisse un jour un saboteur qui vienne s'identifier anonymement et pirate la base de données en modifiant/détruisant/faussant les itinéraires. Ne parlons pas de malheur mais tout existant dans ce monde, cette hypothèse est malheureusement à garder présente à l'esprit.

- Elle atténuerait l'orage en cours ce qui est toujours une bonne chose

Bon week-end ensoleillé à toutes et à tous ; la météo s'annonce favorable pour prendre l'air et pourquoi pas, pour méditer tranquillement de tout cela.

Orage en cours aussi sur la dent de Crolles

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Alors que la veille, c'était carte blanche pour une montée digestive

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Renaissance après l'orage : l'envol des jeunes mésanges charbonnières du nichoir (image iPhone 5)

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Rédigé par lta38

Publié dans #humeur

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Z
L'inverse aussi existe ( ou a existé) , et dans ce cas, cela semble poser moins de problème aux créateurs de topos papier ;-)
Répondre
L
Oui certainement mais peut-être/sans doute parce que les auteurs de topo papier, premières "victimes", se disent "pour une fois que c'est l'inverse, on ne va pas se gêner". Il ne faut pas se tromper de débat et chercher des petits contre exemples à chaque fois : le papier reste, dans l'immense majorité des cas, antérieur au web.