"J'en peux plus de ces bergers !"
Publié le 7 Juillet 2017
Attention ! Il ne s'agit pas d'un plaidoyer contre les bergers qui subissent aujourd'hui une crise sans précédent. Merci de lire ce billet jusqu'au bout avant de s'enflammer sur ce sujet déjà abordé sur ces pages et qui déchaîne les passions.
J'ai découvert, après discussion avec des amis, l'existence d'un (nouveau ?) moyen pour lutter contre la présence du loup à proximité des troupeaux parqués. Il va de soi que la situation aujourd'hui difficile des éleveurs, en raison de la pression sans pitié infligée par les grands groupes fabricants de produits finis et revendeurs, est accrue en certains endroits par la présence permanente du grand prédateur et que des solutions doivent être étudiées. Ici, il s'agit d'un canon à gaz qui émet une détonation à des intervalles définis (un ami m'a rapporté une détonation par minute pendant plusieurs heures, d'autres tous les quarts d'heures...). Ce pourrait être quelque chose comme ça.
Un ami basé dans le Vercors me dit qu'il est fortement gêné toutes les nuits depuis sa maison par les coups de butoirs de ces effaroucheurs. Un autre m'a rapporté hier qu'il avait été surpris par ces détonations incessantes subies durant une randonnée en Belledonne du côté de la crête des Plagnes. Même en pleine montagne, on peut s'interroger sur le bien-fondé de l'autorisation de cet objet : nuisances jusqu'à des centaines de mètres pour ceux qui viennent ici chercher un environnement sonore à l'opposé (qu'ils soient dans leur cadre professionnel ou personnel), parfois au prix d'efforts physiques, matériels (financiers) et chronophages importants. Sans parler des retombées sur la faune locale (une étude a-t-elle été réalisée là-dessus ?).
Les petits troupeaux ont, par le passé, beaucoup apporté à la biodiversité avec l'ouverture des milieux : on trouvait en-dessous de la limite des forêts, de nombreuses clairières aujourd'hui devenues de plus en plus rares et parfois réhabilités par des programmes de restauration au prix de nombreux efforts. Aujourd'hui, on est resté sur cette idée de l'entretien du terrain par les troupeaux en oubliant que certains d'entre eux n'ont plus la même dimension.
Je l'ai observé lundi dernier sur la dent de Crolles s'il fallait en douter encore. Le sur-pâturage est tout sauf un allié de la biodiversité. Il crée de l'érosion et nettoie tout sur son passage. Comme si cela ne suffisait pas, on nous a rajouté les patous. Aujourd'hui, les randonneurs ont peur. Ils choisissent de plus en plus leur itinéraire en fonction de la non-présence de ces chiens dont beaucoup ne savent pas faire la différence entre un loup et un bipède. Le travail de certains corps de métiers qui vivent de l'outdoor est impacté. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous rajoute les coups de canon. A quand une nouvelle facétie ?
Personnellement, je ne suis pas sectaire et j'ai déjà réalisé avec plaisir des comptages et autres échanges avec les chasseurs ou les éleveurs. Je déteste ces affrontements de castes entre les uns et les autres. Mais on se borne à poursuivre un modèle économique dépassé (lire ici... et là). Et je commence à être remonté contre tout ça parce que notre liberté d'aller et venir, d'écouter, de sentir... est sans arrêt remise en cause par les uns et les autres. Parce que d'un côté on affole tout le monde par l'état de la planète et de l'autre, on autorise tout et n'importe quoi allant dans le sens contraire.
Alors aujourd'hui, j'en appelle au loup. Loup, je sais que tu es intelligent. Apporte-nous une solution. Montre-nous que tu as compris et que ces effaroucheurs ne vont pas t'empêcher d'agir. Ainsi, ils disparaîtront. Je suis désolé pour les bergers. Je n'ai rien contre eux a priori. Ils font un travail difficile. Mais s'ils m'emmerdent alors que je ne leur crée pas de problème, comme n'importe qui, je ne peux pas être content. Cette phrase "J'en peux plus de ces bergers" a été prononcé hier par un ami en discutant de tout ça. Quelqu'un d'ouvert, à l'écoute, tout sauf sectaire. Oui mais voilà, quand on s'autorise à utiliser de tels moyens dans l'esprit "peu importe si ça dérange tout le monde - humains et animaux - dans un rayon de trois kilomètres", les positions vont finir par se radicaliser des deux côtés et tout ça n'est pas bon. Pas bon pour le berger. Pas bon pour le randonneur. Pas bon pour le loup...
Que l'on trouve des solutions qui respectent tout le monde. Mais les patous débiles et 125 décibels, je dis NON, sans l'ombre d'une hésitation !