Une petite voie dans les aiguilles Rouges
Publié le 24 Août 2017
Quand on n'habite pas sur place, on vient plutôt dans la région pour faire de belles escalades sur le granit du Mont-Blanc ou le calcaire de la vallée de l'Arve (Maladière, Balme, Areu...), réservant les aiguilles Rouges aux petites journées. C'est en tous cas ma façon de faire et du coup, je n'ai pas d'excellents souvenirs de ces escalades, probablement à tort. Car les Aiguilles Rouges réservent de belles parois de gneiss de meilleur facture que celui de Belledonne et avec un important choix d'escalades. Mes meilleurs moments ici sont réservés, soit aux secteurs isolés (Perrons de Vallorcine, "Alea jacta est" par exemple, un must d'escalade difficile en 6c obligatoire), soit aux itinéraires un peu longs et atypiques (genre "chat pelé" de Thierry Renault à la Glière - 6c max- avec de superbes longueurs équipées mais avec quelques points à rajouter éventuellement et donc, une fréquentation limitée).
Certes, il y a de belles lignes (très fréquentées étant donnés l'approche et le retour négligeables) dans la face sud du Brévent (Poème à Lou, Babylone...) mais pour le reste, j'ai souvenir de pas mal de "bouses" présentant autant d'avantages que d'inconvénients :
- un accès et un retour rapide mais avec une grosse fréquentation et l'ambiance "Chamonix" (ça gueule dans tous les sens, des chutes de pierres, parfois des prises de tête...)
- une vue sur les terrassements des pistes de ski et le bruit des remontées mécaniques en fond
- des voies ne sortant pas toujours à un sommet avec des interruptions et des vires herbeuses (mais bien équipées et réservant de beaux mouvements d'escalade)
Bon allez, ceci est sans doute complètement subjectif : en fait, en choisissant bien ses itinéraires, il y a de quoi se faire plaisir.
Entre les deux grandes journées des deux jours précédents, la météo qui pourrait tourner à l'orage dans l'après-midi et l'absence de grimpe depuis deux mois pour bibi, il ne fallait sans doute pas s'attendre à la voie du siècle en choisissant une ligne courte et rapide d'accès dans les contreforts de la Floria.
Hotel Rwanda est la plus dure sur le papier : sept longueurs qui grimpent. Le topo c2c annonce que Michel Piola a surcoté dans son topo. C'est un des (rares) topos que je ne possède pas encore, ayant l'ancienne version (dans laquelle la voie ne figure pas). Aussi, une fois n'est pas coutume, je pars avec seulement le topo électronique. Eh bien je ne sais pas quelles sont les cotations de Piola mais je trouve bien exagéré de le décrier ainsi. La voie est soutenue et pour moi, c'est plus dur que ne l'annonce c2c. Je dirais :
- L1 = 5c (beau mur)
- L2 = 6a+ (un pas bloc)
- L3 = 5c
- L4 = 6c(+) ultra technique
- L5 = 6c (bloc, hyper athlétique)
- L6 = 6a+ (très beau, aérien)
- L7 = 5c (un pas)
On a continué par une longueur facile au-dessus dans l'idée d'aller au sommet mais en l'espace de quelques minutes, le temps a tourné. C'est devenu noir au sud. Le vent s'est levé. La pluie a commencé à tomber sur les Contamines. Rien n'était sûr et la météo ne le prévoyait ni si tôt (midi), ni violemment, mais un orage était tout à fait possible au regard de ce qu'on voyait. Sans se presser, on a décidé de ne pas poursuivre au sommet par la facile sortie de "fraise des boatchs" mais de descendre tranquillement zoner à Cham'. Au final, pas de gros cataclysmes mais un peu de pluie et quelques coups de tonnerre dans l'après-midi. J'ai été assez surpris de voir que la majorité des cordées dans notre secteur ne s'en souciait pas alors que sur les sommets alentour, ça battait en rappel de tous côtés.