Brame du cerf 2017 (XIII) : le jour le plus long
Publié le 1 Octobre 2017
Je compte beaucoup sur cette journée. Nous sommes entrés dans le pic du brame pour une dizaine de jours encore. Deux week-end qu'il faudra mettre à profit. De plus, les couleurs sont en avance. L'idée est de faire de la photo bien sûr mais accompagnée du décor qui va avec.
Le réveil sonne à 4h30. Tout est prêt. Je pars direct. Les habituels chevreuils, biches, cerfs... accompagnent le trajet jusqu'au parking. La marche débute sur un sentier bien se poursuit dans la broussaille de Belledonne pendant quarante-cinq minutes... si je ne me perds pas. La pluie de la veille complique l'affaire. Je vais y passer du temps alors, j'aimerais ne pas avoir les pieds trempés. Je passe plus de temps que d'habitude pour limiter les dégâts. Le résultat est acceptable bien que ce ne soit pas le grand confort. A peine arrivé sur les lieux qu'un magnifique douze cors occupe une place inhabituelle. Je ne peux pas traverser pour rejoindre l'endroit prévu. Je me poste sous un épicéa et attend. Le jour se lève et je fais quelques images de ce cerf. Peu de lumière mais un bien beau décor.
Je passe une heure jusqu'à ce qu'il décide de monter dans un couloir. J'en profite pour rejoindre les deux épicéas bien en vue de la place de brame principale (un peu loin mais indispensable). Je me poste trois heures sans pouvoir avancer. Les cerfs sont trop actifs et bien en vue dans l'alpage. Et puis, ils quittent l'arête pour rejoindre une zone semi-boisée dans laquelle ils brament régulièrement, me permettant d'identifier leur localisation. A l'écoute, je conclus qu'ils sont couchés. Lorsque la situation me paraît stable, je rejoins un talweg moyennant quelques instants à découvert, talweg dans lequel ils ne peuvent absolument pas me voir. Je remonte celui-ci jusqu'à sortir juste en amont de la grande place sur laquelle ils vont sortir à coup sûr en seconde partie d'après-midi. L'idée est d'aller me poster sous les dernières vernes mais une fois arrivé sur la zone, je me rends compte qu'il me manque deux mètres pour avoir la vue désirée. Je tente le tout pour le tout. Je débouche en plein alpage durant quelques secondes et me poste sur un replat (qui sert de place de brame lorsqu'ils viennent sur la partie supérieure). Je suis bien en vue mais la relative "profondeur" du replat dans la pente casse complètement ma présence. Je place un filet sur un mètre de haut, le trépied et tout le matos. Je me mets pieds nus pour faire sécher les chaussettes et chaussures et n'ai plus qu'à buller en plein soleil. Il est midi. Jusqu'à 16h30, je vais me prélasser tout en écoutant les cerfs se répondre régulièrement et observant le quatorze cors maître du secteur et qui va d'une place à une autre sur une crête semi-boisée. La journée va se terminer par trois heures d'un véritable festival.
D'abord un daguet qui sort et vient dans ma direction. Je suis inquiet car s'ils continue ainsi, il va me "tomber" dessus, m'identifier et partir. S'il alerte tout le monde, la soirée pourrait être compromise. Il s'approche jusqu'à vingt mètres avant d'infléchir sa trajectoire dans le talweg d'à-côté. Ouf ! Et finalement, c'est lui qui passera dans "ma" fenêtre désirée. A défaut d'un beau cerf, une belle image quand même !
Il passe là où j'aurais voulu un cerf et avec le soleil alors que j'aurais préféré sous les nuages. Difficile moi ?
17h30. Alors que les raires se font de plus en plus nombreux, j'entends un bruit de branche un peu en amont dans la combe. Ma pseudo-sieste est interrompue. Un gros cerf descend droit vers moi. Je crains là-aussi d'être repéré. Il s'arrête à une vingtaine de mètres et me scrute. Je ne fais pas un mouvement. Inquiet mais pas affolé, il repart vers le haut tranquillement, jouant la sécurité. Je suis rassuré pour la suite.
18h. Que le bal commence !!!
Et puis un autre gros cerf débarque un peu plus bas. Immédiatement, voici le quatorze qui descend à sa rencontre. Durant plusieurs minutes, ils brament en continu à tue-tête. Un véritable festival.
Quel décor ! La proximité est un moment sympa. les images piquent du tonnerre. Mais je crois que ce genre d'image me plaît encore davantage.
6400 ISO. 1/60 s. f/4. Je décide de m'en tenir là. Je ne ferai pas mieux et les cartes mémoires vont me donner du travail (2x16Go par boitier, 32 Go pour le piège, 8 Go pour l'hybride "paysages"). je reste encore une dizaine de minutes en pliant tranquillement puis quitte les lieux au moment idéal : suffisamment nuit pour ne pas être vu par les animaux mais pas non plus l'obscurité pour pouvoir me déplacer une dizaine de minutes sans lampe afin de ne pas être repéré (je ne suis pas sûr que cela les dérange mais bon...). Une fois à l'écart je me pose et range tout correctement, mange un morceau tout en profitant du concert sous la lune gibbeuse. Retour à la frontale sous les raires et encore beaucoup de rencontres, parfois impressionnantes (brame de proximité avec les yeux qui brillent et vous fixent dans la lampe...). Une journée à marquer d'une pierre blanche.