DVA : halte aux rats !

Publié le 8 Janvier 2018

Petite journée de ski alpin avec Stella en ce samedi bien calme sur les pistes. Venant justement de faire ensemble une balade avec initiation à la recherche de DVA, c'était l'occasion de revenir sur le choix que l'on peut faire dans l'acquisition de ce matériel.

Stella au sommet des pistes de Saint-Hilaire sous les rochers du Midi

Stella au sommet des pistes de Saint-Hilaire sous les rochers du Midi

On n'a pas forcément de retour sur les accidents d'avalanche qui se finissent bien. Ils sont probablement et fort heureusement plus nombreux que ceux qui se terminent mal. On ne dispose pas non plus d'une information qui pourrait permettre d'étayer mon propos à savoir, dans le cas d'une victime retrouvée décédée, lorsque c'est une question de temps, à combien de minutes cela s'est "joué".

Les statistiques sont claires et nettes : grosso modo, 20% des victimes le sont durant l'écoulement de l'avalanche par traumatisme : c'est assez évident en cas de barre rocheuse dans l'axe mais cela peut être également par percussion d'un rocher, d'un arbre. Il n'est pas possible d'en faire des généralités mais dans le cas d'une rupture sur une pente moyenne de pas trop grande ampleur, sans obstacle et se terminant dans une cuvette, on a toutes les chances d'être en vie au moment de l'immobilisation.

A partir de là, il faut faire vite. Evidemment, sans DVA, l'affaire est pliée. Aujourd'hui, plus personne ne remet en question l'utilisation de ce moyen de protection et les pratiquants n'en disposant pas restent marginaux. En revanche, reste la question de la rapidité de la recherche. les statistiques de l'ANENA nous montrent que jusqu'à quinze/vingt minutes, on a toutes les chances de sortir la victime vivante mais qu'au delà, la mortalité augmente très vite par asphyxie (sur-inhalation de CO2 auto-généré).

Quinze/vingt minutes, c'est grosso modo le temps qu'il faut pour intervenir. Cela peut paraître plus rapide à l'entraînement mais en cas de pépin, il faudra tenir compte des paramètres supplémentaires suivants :
- besoin d'être absolument certain de ce que l'on fait et donc de "prendre le temps" de valider chaque étape (notamment précision de la recherche fine + sondage)
- pelletage pouvant être profond
- émotion

La question cruciale reste la suivante : en cas de sortie d'une victime malheureusement décédée et dont l'autopsie montrera une asphyxie et non des traumatismes, aurions-nous pu réduire le temps du secours ?

Question qui restera sans réponse... Les accidents restent rares mais tous les pratiquants intensifs ont de bonnes chances d'y être confrontés dans leur "carrière" de skieur. Il est donc capital de mettre toutes les chances de son côté.

Cela passe par quelques règles élémentaires :
- Vérifier à chaque sortie l'état des piles. Il est conseillé de les changer lorsque le témoin indique 60%. Cela peut paraître exagéré mais il faut savoir que c'est la recherche qui "bouffe" surtout de l'énergie. Une recherche de cinq minutes et vous passez déjà de 100 à 95%.
- Allumer son DVA dès qu'on le met sur soi à la maison. Cela évite d'oublier de le faire sur le terrain. A tous les rats qui pensent économiser les piles, il m'est arrivé de laisser un DVA en émission tout l'été (oups !) : les piles étaient encore bonnes à l'automne !!!
- Faire systématiquement un "check" manuel avant le départ lors d'une sortie de groupe : outre le "check" de l'appareil qui prouve qu'il est en bon état d'émission, il s'agit de vérifier que chacun détecte bien tous les autres membres du groupe.
- Si on porte son téléphone allumé sur soi, le laisser à au moins vingt centimètres du DVA en émission (en réception, on passe à 50 cm avec téléphone éteint !).
- Le DVA doit être porté sur soi et non dans le sac ou la poche de la veste, à moins d'être absolument sûr qu'on ne quittera pas sa veste.
- S'entraîner régulièrement à effectuer des recherches.

Pour ce dernier point, je viens récemment de refaire une petite séance d'entraînement avec mon DVA numérique mais aussi avec mon ancien ARVA analogique Ortovox F1. Je n'en doutais pas mais la différence est vraiment importante. Quelques remarques avec l'analogique :
- Si on fait une recherche globale en croix on n'est pas rendu
- Pour la méthode directionnelle, on reste tributaire de l'amplitude du signal et ce n'est pas toujours évident d'être précis. Il faudrait utiliser l'oreillette (combien de possesseur de DVA numériques l'ont réellement sur eux ?) avec du temps perdu pour la sortir, la mettre en place... Même avec l'oreillette, cela reste nettement moins rapide.
- Avec un DVA numérique on peut se passer de suivre les flèches : grosso modo, tant que la distance diminue, on avance. La gain de temps est marqué.
- En cas de multi-victimes, il va sans le dire qu'avec un DVA analogique, c'est un peu la cata. Les numériques permettent de marquer un signal, l'isoler...

Le ski de randonnée est un sport de "riche" ; même si on peut s'équiper à moindre coût notamment pour commencer, le budget global reste important. Les habitués ont souvent (au moins) deux paires de ski (selon les types de neige rencontrées), parfois aussi deux paires de chaussures et bien sûr les vêtements, les accessoires indispensables (une paire de crampons, un piolet, les peaux, le ou les sacs à dos). Et le budget transport est loin d'être négligeable.

Aussi, aujourd'hui, je ne comprends pas qu'on puisse encore essayer de gratter quelques euros sur un DVA. C'est un choix complètement égoïste : pour être retrouvé, un vieux modèle analogique suffit. Mais pour mettre toutes les chances de son côté de sauver un compagnon, il faut aujourd'hui investir dans un DVA numérique. Au regard de tout le reste, cet investissement n'est pas grand chose : 250 euros pour un appareil qu'on fera réviser au bout de cinq ans. Sauf souci particulier, allez, disons 300 euros sur une dizaine d'années. Et pourtant, il y a encore des pratiquants acharnés, passionnés, qui sortent avec leur vieil F1 bleu.

Halte aux rats : changez vos vieux DVA pour des numériques. Une vie vaut mieux que ces quelques euros !

Il existe plusieurs modèles sur le marché. Je trouve que le Mammut Barryvox (anciennement Mammut Element) est d'un excellent rapport qualité/prix (263€ au Vieux Campeur).

Le nouveau Barryvox

Le nouveau Barryvox

Rédigé par lta38

Publié dans #matériel, #humeur

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Répondre
D
Salut Lionel.<br /> Grâce à ton article je viens de ré-équiper! Pelle alu en lieu et place de ma plastique et arva néo en remplacement de mon vieux F1...<br /> Je ne fais que très (trop) peu de sortie mais je préfère avoir un matos performant. Sans ton article je ne me serai jamais douté de l'évolution des dva...<br /> J'espère ne jamais devoir m'en servir mais j'espère bien pouvoir skier prochainement
Répondre
L
Salut Jerome. J'espère que tu ne t'es pas mis dans le rouge à cause de moi ! En cas de Multi recherche la différence est sans appel. Et pour une recherche classique tu gagnes du temps : c'est sûr !<br /> En plus les nouveaux numériques ont fait beaucoup de progrès en largeur de bande passante. Et par contre il ne faut pas changer son comportement sous prétexte qu'on a un matériel plus performant. Le mieux c'est quand même d'acheter un DVA pour rien comme tu le dis ! Bonne soirée et merci pour tes interventions sur ce blog. Bien à toi