Ski du soir
Publié le 28 Janvier 2018
J'aime particulièrement ces ambiances de fin de journée d'hiver, d'autant plus qu'on a de la neige froide et une mer de nuages.
En partant pour la pointe de la Sitre, je vérifie une fois de plus que ce coin de Belledonne est toujours sous-enneigé par rapport au reste du massif. Je ne sais pas pourquoi mais si aux alentours de 2000 mètres les différences s'atténuent sans doute, cette partie centrale dans l'axe du Grand Pic entre les communes de Laval et de St-Mury est toujours bien peu en enneigée en moyenne montagne. Alors que partout ailleurs, on dépasse largement le mètre autour de 1500 m d'altitude, ici, on est proche de la moitié. Et il me faudra même déchausser un très court instant vers 1200 m sous les arbres. Mais bon ; rien de grave car le bon ski, c'est plus haut.
Attention toutefois, la traversée juste sous le sommet du mont Saint-Mury en versant nord pour rejoindre le vallon de la Sitre est vraiment dangereuse ; il s'en est fallu de peu que je me la mette sur la neige glacée recouverte de seulement 15 cm de poudre. En traversée, le passage atteint les 45 degrés sur quelques mètres. Habituellement, je crains plutôt pour la stabilité mais les vernes me rassurent. Cette année, point de vernes : tout est bouché et il aurait fallu enlever les peaux pour gripper. Avec, les skis ne tenaient pas. J'ai tout essayé et atteint les véritables limites de l'adhérence du ski sur la neige avec les peaux. Il m'a fallu reculer prudemment en planant le bâton aval à l'envers qui, heureusement, cassait la croûte de glace. Sans ça, je n'aurais pas eu d'autre choix que de tenter le passage en dynamique et je ne le sentais pas vraiment. Bon la glissade n'est pas éliminatoire à cet endroit-là mais sur une cinquantaine de mètres, avec une petite barre de deux mètres en-dessous si on ne s'arrête pas avant (quelques vernes pour s'agripper si on y arrive), on n'était pas à l'abri d'une blessure. Bref, du coup, je suis passé à pied en tapant des pieds pour casser la croûte.
Ce passage reste un crux pour accéder à ces pentes. La preuve encore aujourd'hui : tous les versants du mont Saint-Mury étaient tracés mais aucun randonneur ne s'était aventuré au-delà. Et pour aller à la Grande Lance, il y a encore deux autres passages craignos : le suivant est sans doute le pire (mur donnant accès à la cabane de la Pire, crampons presque toujours indispensables) ; celui d'après le moins hostile mais pouvant nécessiter aussi un déchaussage pour accéder à la grande pente soutenant les restes du glacier de la Sitre.
En ce qui me concerne, j'ai profité du vallon sud-ouest de la Sitre jusqu'à la nuit en remettant les peaux à deux reprises avant de rentrer par la voie classique. Au retour, le passage glacé passe comme une lettre à la Poste, sans les peaux bien sûr.