Gignoux Black : le point
Publié le 5 Février 2018
Après trois années d'utilisation, il était temps de faire le point sur cette chaussure de ski ultralégère mise au point par l'ingénieur martinérois. Je ne reviendrai pas sur ses qualités en montée (poids, débattement...) et sa tenue en descente qui reste excellente en torsion mais l'intérêt de ce retour réside dans la longévité du matériel, point important pour de nombreux pratiquants devant le tarif (1600 euros en 2018) de cette Black. Ce point est d'autant plus important que lors des débuts de la création des chaussures carbones, la maintenance était régulière. Alors qu'en est-il aujourd'hui ?
Tout d'abord, je précise que j'ai payé cette chaussure moitié prix en janvier 2015 (750 euros), non pas par piston mais parce que Pierre avait à l'époque lancé un jeu permettant au gagnant de l'acquérir à ce tarif exceptionnel. Il s'agissait durant quatre semaines (une fois par semaine à une date et une heure précises), de répondre à dix questions concernant des sommets pointés sur une photo prise depuis l'Ardèche et représentant les Alpes du Grand Veymont au mont Blanc. Au lancement du jeu, l'avais écrit à Pierre sur un ton ironique "Super, je vais gagner ; ma pointure, c'est du 26..." Et finalement, après un coude à coude avec David Z, c'est comme ça que les choses se sont passées ! :D :D
Cette chaussure est, sauf cas exceptionnel, un investissement (encore qu'on en trouve de plus en plus dans le marché de l'occasion) qui fait que l'acquéreur est en général un pratiquant assidu. Compétiteur ou contemplatif. Ou même skieur de pente raide (Pierre Tardivel en est un exemple). Probablement entre 50000 et 100000 m de dénivelé par saison en moyenne. Pour ma part, je me situé au milieu de cette tranche, les années à 100000 étant derrière moi, à l'époque où le ski occupait 100% de mon temps libre d'octobre à juin. Et comme je skie aussi avec une autre paire de chaussures, la Black est donc utilisée à "temps partiel". On peut considérer que ma chaussure a un peu plus de 100000 mètres de dénivelé ce qui est un bon repère pour en faire le point en terme de longévité/maintenance. On remarquera que de nombreux petits défauts ont déjà été corrigés par le fabricant et ne sont donc plus d'actualité sur le modèle 2018.
- Guêtre : remplacement de la première version qui était bien "découpée". Il s'avère que celle-ci était défectueuse. La remplaçante (changée en février 2016) est encore en très bon état mis à part au talon où, d'un côté, un patch est à apposer pour refaire l'étanchéité.
- Zip de la guêtre : l'un des deux a cédé. Le SAV est en train de le remplacer en collant un nouveau (pas besoin de changer toute la guêtre)
- Cordon kevlar du levier : un des deux cordons commence à être sérieusement usagé et est à changer par le SAV (l'autre est moins entamé mais sera changé par la même occasion). La mise en place est très simple y compris en cours de rando ; aussi, il serait bien de disposer d'un cordon de rechange dans son petit kit de dépannage (que j'ai toujours dans mon sac à dos avec du strapal, un tournevis, une rondelle de bâton, deux carrés autocollants pour peaux et un bout de fart).
- coque carbone : RAS
- semelle : RAS
- levier/têton montée/descente : RAS
- crémaillères : RAS
- chausson : il est mort. Il faut dire que j'ai des pieds "moisis" avec des excroissances osseuses qui "travaillent" beaucoup le chausson. Mais de manière générale, il faut considérer le chausson comme du "consommable". Certainement celui-ci un peu plus que les autres compte tenu de son allègement. C'est ce qu'il semble ressortir des autres pratiquants. S'attendre donc à changer le chausson (150 euros) tous les 100000 m de dénivelé semble un bon repère.
Si l'on met de côté les défauts corrigés dans la dernière version, la Black peut donc être considérée comme une chaussure fiable qui demande à peine plus d'entretien qu'un modèle classique. Il est intéressant de voir qu'avec cet entretien, on prolonge la durée de vie de la chaussure alors que sur des modèles classiques à 5/600 euros, on change en général plus régulièrement de... chaussure (lorsqu'on a la semelle défoncée, les boucles qui prennent du jeu, les scratch déchirés et le chausson mort, étant donné le ratio réparation/achat, on penche facilement vers le second). Au final, la différence de prix entre une Black et une chaussure classique reste importante à l'achat mais lissé sur du plus long terme, cette différence est sans doute amoindrie même si l'investissement de départ reste conséquent.
Même s'il y a un minimum d'attention à porter aux différents éléments de sa chaussure et un suivi à faire chez Gignoux, le fait d'avoir un SAV de cette qualité, très à l'écoute et à côté de la maison est un argument imparable quand on voit que certaines marques traînent des pieds pour reconnaître les défauts de leur matériel.
En résumé, la Black reste aujourd'hui ma chaussure préférée pour le ski de randonnée.