Grande Chartreuse !
Publié le 9 Février 2018
Pas mal de choses à préparer pour la Norvège aujourd'hui ; aussi, j'abandonne l'idée d'aller skier en gardant dans un coin de ma tête que je ferai un petit tour à la mi-journée.
Avec ce beau temps je ne résiste pas et à 11h45, me voilà parti sur la dent de Crolles que je n'ai skiée que trois fois cet hiver. J'ai bien en tête d'aller voir un peu plus loin mais sans programme défini. Je pars avec seulement cinq biscuits, une compote et soixante-quinze centilitres d'eau. J'arrive au parking 1200 m pile au moment où j'émerge de la couche de stratus. Tout est givré. Le décor est planté.
Le vent du sud rafraichit l'atmosphère si bien que je garde la veste sur la première couche. Le pas de l'Oeille est vite avalé et je rattrape deux skieurs qui ont choisi de mettre les crampons. Pour ma part, je trouve que ça passe très bien en peaux sans la moindre tension. Il y eut des fois où quelques conversions étaient plus tendues. Là, la neige est douce et les skis marquent à chaque pas. Je me retrouve avant 13h en train de descendre sur les hauts plateaux. La neige est superbe.
A 1700 m, je remets les peaux et gagne les rochers du Midi. La neige est toujours aussi belle ; aussi, je ne résiste pas à redescendre selon ma trace de montée que je réutiliserai une seconde fois pour gagner à nouveau le sommet. Je ne pinaille pas dans les manips'. Une minute grand maximum (les compétiteurs diront que c'est très très long).
Troisième descente sur les sources du Guiers direction Saint-Pierre-de-Chartreuse. l'ambiance est toujours extraordinaire. La neige reste excellente. Un peu de ski-sanglier/trafolé dans le bas (comme d'hab') puis je remets les peaux. Je franchis un petit col, redescends et traverse le ruisseau à 1200 m d'altitude où il y a 120 centimètres de neige. C'est ici le frigo, de la Chartreuse.
Il est temps de remettre à nouveau les peaux après ces 800 m de descente et de monter au col des Ayes.
La remontée aux Ayes est assez longuette car la pente de la piste reste modérée mais une fois au col, c'est "l'envolée" pour la Dent. D'autant que j'ai un skieur en ligne de mire déjà à mi-prairie, que je dépasserai dans les premières conversions. Le cumul vertical approche les 2500 m et, en tous cas pour moi, placer une telle "accélération" me fait quand même tirer la langue. Les jambes chauffent sérieusement. Mais je ne perds pas de vue le projet de la saison avec la traversée intégrale de Belledonne et ses presque 7000 mètres de dénivelé non-stop alors, il faut bien se faire mal pour être prêt le jour J.
Au sommet, j'emprunte la directe bien à gauche de l'Oeille en excellent "grain fin" puis des variantes bien à gauche dont une entièrement vierge. Après la traversée, je file complètement à droite, dépassant les dernières traces et me retrouvant sous les falaises au pied des voies de Philippe Mussato. En-dessous, coupant le sentier du trou du Glaz avant qu'il ne redescende vers... le trou, une ligne passe (repérée depuis la montée au col des Ayes) dans un ravin qui n'a pas dû souvent voire des skieurs.
Grand moment que de placer une trace ici au royaume des chamois, dans une neige fabuleuse. Cela vaut bien la centaine de mètres "sanglier" (du vrai !) pour rejoindre le ruisseau de Rajas, le petit déchaussage avec saut pour le franchir, alors qu'il se présente comme un canyon profond de deux mètres (de neige), en espérant ne pas se louper, à deux jours de partir en Norvège puis les cent-cinquante mètres de dénivelé pour revenir au col des Ayes.
Dans l'espoir d'un coucher de soleil et d'une totale dispo, j'aurais bien refait une troisième Dent mais entre les préparatifs qui m'attendent et la bande de nuages à l'ouest, je n'ai pas à réfléchir : retour à la case départ !
Une très très grande Chartreuse aujourd'hui, sans être du côté de la Grande Chartreuse !