Intuition (II)

Publié le 26 Février 2019

Deuxième jour en Tyrol. Après ce que l'on a vu en faces sud d'altitude, on décide de tenter notre chance en nord. Déjà, on ne sera pas pressé par le temps malgré la chaleur. Et puis, ce secteur d'aspect dolomitique est au programme. On ne le sait pas encore mais cette sortie va conditionner toute la suite du séjour. On ne fait trop souvent que passer lors de ce genre de voyage. Envie de "tout" voir et finalement, tout en surface, superficiellement. Alors plutôt que de s'éparpiller, nous allons prendre le temps de nous imprégner de ce petit massif que nous allons découvrir au fur et à mesure de nos sorties. Le Kalkkögel va s'avérer fantastique à explorer avec des dizaines de couloirs taillés pour le ski.
8h00. Nous voici en route au départ de la station d'Axamer Lizum. Nous remontons en direction de Lizumer Kar dans l'idée de faire du self service. Un couloir encaissé aboutissant sur la crête au nord de l'Ampferstein nous tend les bras. Il aboutit à un col mais on pousse plus haut, sur la droite, dans un raide couloir plein nord sortant quasi sur la crête. A la descente, la jonction avec le couloir principal se fait cinq mètres sous le col. Je propose d'y remonter en escalier pour la vue et le soleil.

Premier couloir nord-ouest (4.3/E2)
Premier couloir nord-ouest (4.3/E2)
Premier couloir nord-ouest (4.3/E2)
Premier couloir nord-ouest (4.3/E2)

Premier couloir nord-ouest (4.3/E2)

De l'autre côté, on découvre un couloir qui plonge. C'est l'inconnu. D'après la carte, ça pourrait/devrait passer. On n'a pas de corde mais moins de mille mètres de dénivelé dans les pattes. S'il faut remonter, on le fera. Il faudra juste gérer le timing car nous sommes dans un versant est. Il n'est même pas 10h00. Après un peu d'hésitation, nous plongeons vers l'inconnu avec l'intuition que ça va passer.

Un premier couloir transfo rive gauche, poudre tassée à droite, au choix. Un second plutôt nord-est en poudre tassée. Déjà deux-cents mètres de descendus. Première surprise, une barre dans l'axe. Je m'approche prudemment. "Ca passe pas !". En tous cas pour nous. Nico semble avoir vu une solution rive gauche. Il se lance dans la contre-pente puis bascule en dynamique de l'autre côté. Un appel : "Ca passe !". Emballé, il poursuit en grandes courbes en transfo rive gauche puis gagne le sommet d'un petit couloir raide et étroit qu'il passe avec le piolet à la main. En observant depuis le haut, nous trouvons une solution aisée au niveau d'une petite brèche juste au-dessus et rejoignons le couloir principal. La neige est excellente. On passe sans transition d'une poudreuse tassée à une neige de printemps parfaite. Quatre-cents mètres ont été descendus et ce n'est pas fini. Le téméraire Mossière (ça rime..) poursuit bille en tête dans l'axe et butte sur une nouvelle barre. Par quelques pas en escalier, je trouve le sésame rive droite par un contre couloir à cinquante degrés. L'ami est quitte pour remonter vingt mètres en crampons. Nous l'attendons à l'abri dans une niche. La suite est évidente : encore deux-cents mètres de couloir puis une issue rive gauche (ça passe aussi à droite) pour éviter une goulotte dans l'axe et c'est plié. Nous remettons les peaux à 1700 m, satisfaits du travail accompli que nous contemplons. Une sensation de plénitude pour l'équipe.

Ampferstein, brèche nord, couloir est. Un magnifique couloir, sans doute 5.2/E3. A gauche, dans la face, un itinéraire sans doute très exposé a l'air de passer sans rappel. Il y a deux traces du week-end.
Ampferstein, brèche nord, couloir est. Un magnifique couloir, sans doute 5.2/E3. A gauche, dans la face, un itinéraire sans doute très exposé a l'air de passer sans rappel. Il y a deux traces du week-end.
Ampferstein, brèche nord, couloir est. Un magnifique couloir, sans doute 5.2/E3. A gauche, dans la face, un itinéraire sans doute très exposé a l'air de passer sans rappel. Il y a deux traces du week-end.
Ampferstein, brèche nord, couloir est. Un magnifique couloir, sans doute 5.2/E3. A gauche, dans la face, un itinéraire sans doute très exposé a l'air de passer sans rappel. Il y a deux traces du week-end.

Ampferstein, brèche nord, couloir est. Un magnifique couloir, sans doute 5.2/E3. A gauche, dans la face, un itinéraire sans doute très exposé a l'air de passer sans rappel. Il y a deux traces du week-end.

Remontée à la chapelle de Halsl puis au Schneiderspitze avant de skier une rampe transformée en face sud pour revenir versant nord des couloirs. Nous ferons deux autres couloirs. D'abord l'évident à l'ouest du sommet du Marchreisenspitze (d'où semble descendre un beau couloir sud) en aller-retour. Encore une bien belle ambiance.

Rampe sud face aux couloirs de Lizumer Kar

Rampe sud face aux couloirs de Lizumer Kar

Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)
Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)
Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)
Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)
Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)

Marchreisenspitze, couloir nord (4.1/E1)

Pour finir par une remontée au soleil jusqu'au très couru Widdersberg d'où nous avions repéré une rampe depuis la station. Elle est sans doute classique. Il faut toutefois la prendre au sérieux en raison de la nivologie, compte tenu de son exposition maximale au-dessus des barres au départ, et de sa hauteur (400 m, 4.2/4.3 selon le passage choisi, E4). Magnifique seconde journée ici. Il sera difficile de faire mieux.

Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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