Canicule : réalité et dérives
Publié le 28 Juin 2019
La canicule actuelle est inédite. Le thermomètre a d'ores et déjà battu des records pour un mois de juin et des records tout court. On notera tout particulièrement :
- Plus de 13°C à l'aiguille du Midi (3800 m)
- 7°C au sommet du mont Blanc (4800 m)
- 23°C à la croix de Chamrousse (2250 m)
- record national battu à Gallargues (30) : +45,9°C (et battu très largement puisque le précédent était de 44,1°C, 12 août 2003)
Pêle-mêle, cet événement m'amène aux réflexions suivantes :
- Inquiétude : chaque année nous apporte son lot de nouveaux records. Ne supportant déjà pas le petit 3 à la dizaine, je suis assez inquiet des étés à venir. Pour moi mais surtout pour les glaciers, pour la planète.
- Stupéfaction : quand je lis des commentaires du style "c'est normal, c'est l'été...". Bien évidemment, l'été, il fait parfois très chaud. Mais les chiffres sont là. Les pics de chaleur sont de plus en plus longs, de plus en plus violents. Et certains continuent à en douter. A priori, jamais la planète n'avait connu de tels bouleversements aussi rapidement.
- Irritation contre les pouvoirs publics qui insistent à mon sens beaucoup trop sur la manière de panser le problème et quasiment pas sur les mesures à adopter pour limiter ces problèmes dans l'avenir.
- Irritation encore quand ces mêmes personnes prennent des mesures bizarres : décalage du brevet des collèges de quelques jours, alors qu'il ne devrait faire que trois degrés de moins mais que les bâtiments auront chauffé quatre jours de plus. Je serais surpris que cela change beaucoup de choses sur le terrain. Je ne dis pas qu'il ne fallait rien faire mais là... Et le matin, ça reste quand même vivable dans les classes il me semble. Je ne prends toutefois pas la défense de ceux qui ont pris le risque de planifier des vacances avant la fin officielle de l'année scolaire tout en sachant qu'il y a des examens. On n'est jamais à l'abri d'un report pour différentes raisons. Ca doit faire râler mais c'est "le jeu".
- Hétérogénéité des mesures avec la fermeture de certaines écoles, pas d'autres dans un même secteur ; ticket de transport en commun valable toute la journée sur réseau TAG (Grenoble) mais rien sur TER qui annonçait, en revanche ce samedi, la gratuité pour les enfants et moitié prix à partir de deux adultes... pour pouvoir aller faire les soldes (je cite !). Allez, tous à la Part-Dieu pour consommer, profiter de l'intérieur par grand beau temps et participer encore un peu plus au réchauffement.
- Surprise en voyant le niveau de vigilance météo, absent de départements comme les Bouches-du-Rhône mardi et mercredi (alors qu'il faisait par exemple 38 degrés à Salon-de-Provence mardi) sous prétexte, je cite, que les gens sont mieux "acclimatés". Le niveau ne doit-il pas être "absolu" ? On observe par ailleurs le même phénomène en hiver sur un département comme les Hautes-Alpes jamais en alerte "neige". La vigilance rouge (sans précédent ?) de vendredi sur quatre départements (dont le 13) a rétabli la hiérarchie.
- Surprise encore avec Grenoble, habituellement connue pour être "le four" (et le "frigo" l'hiver) pour le bulletin météo télévisé : on a atteint péniblement les 38°C qu'une seule fois et resté nettement sous les extrêmes du Var ou de l'Hérault avec une canicule qui n'a réellement commencé que mercredi malgré la vigilance annoncée dès mardi.
Ceci étant, je stoppe là les critiques. Les météorologistes font un gros boulot et les prévisions étaient, une fois de plus, conformes à la réalité. Hormis cette histoire de vigilance sous l'implicite pression de l'administration, on dispose aujourd'hui d'un système de prévision inimaginable quand j'ai commencé à marcher. On n'aura donc pas échappé à cette vague de chaleur extrême, comme prévu, malheureusement. Et dans les bureaux, chacun fait de son mieux pour continuer à faire son travail, accueillir le public quand c'est le cas... Grosse pensée aussi pour celles et ceux qui travaillent dehors.
Finalement, le véritable problème problème semble venir d'en-haut une fois de plus. On a tous notre part de responsabilité mais chacun ne peut-être le roi. Depuis la nuit des temps, il a toujours fallu un roi, un empereur, un président, un chef... pour guider des troupes. Nos guides d'aujourd'hui sont-ils des bons guides ? La critique reste facile. La société actuelle est extrêmement complexe et tout est emmêlé. Il n'empêche que quand on voit l'impossibilité de prendre de petites mesures secondaires, on peut douter d'une politique globale permettant de léguer une planète habitable à nos descendants. D'où une question en guise de conclusion : ne reste-t-il pas la seule solution d'une dictature écologique ? Et si oui, est-elle possible sans un chaos ? Vous avez deux heures.
En attendant vos copies, nous avons profité de ce mercredi pour faire un tour... en ville. Avec le train, le tramway et des musées toujours gratuits sur Grenoble, il y avait largement de quoi faire au (relativement) frais. De même que les parapentistes ont profité d'une aérologie exceptionnelle pour se poser au sommet du mont Blanc en partant de Planpraz. Plus de cent-cinquante personnes au sommet ce jeudi et immédiatement la riposte des pouvoirs publics => interdiction. Une nouvelle facétie de notre ami Jean-Marc Peillex (mais il n'était pas le seul) pour... trois jours. En effet, dès lundi prochain, l'interdiction annuelle estivale entre en vigueur pour protéger les vols des secouristes qui vont s'intensifier avec les vacances. Jean-Marc, n'aurait-on pas pu laisser les gens profiter de ces trois jours exceptionnels ? De toutes façons, la vie est mortelle par définition. Votre volonté de protéger nos citoyens est louable mais à quel prix ? Tuer le rêve pour tout le monde n'est-il pas pire que d'accepter une petite part de risque pour une infime minorité ? C'est le second sujet du jour. Je compte sur vos copies.