A vue

Publié le 8 Décembre 2019

En escalade, réussir une voie "à vue" signifie enchaîner tous les mouvement sans repos artificiel et sans connaître la voie. A skis, ce terme désigne l'action de se lancer dans une pente en montant par un autre versant et donc, sans l'avoir repérée...

Comme la veille, je choisis une sortie en décalé. Les conditions sont assez bonnes mais ce n'est plus l'extase du milieu de semaine. Une petite sortie en démarrant à 14h30 suffira. Montée express au jas des Lièvres par la face sud-ouest avec Dédé. Ca chauffe ! Si bien qu'on s'octroie une première descente dans le joli couloir sud, jusqu'au promontoire qui domine Aiguebelle, là où la neige va commencer à monter. L'ami souffre avec ses allumettes. De mon côté, ça passe crème avec 96 au patin un peu lourds. La neige est étonnamment bonne : transformée en surface puis restée froide dessous. On s'enfonce un peu mais avec des skis larges, c'est un réel plaisir.

Remise des peaux et remontée au sommet où on temporise en attendant Christophe, fraîchement revenu d'Alsace. Le trio se forme au sommet au coucher du soleil (derrière les nuages annonciateurs de la perturbation à venir). L'idée est de descendre par le couloir nord mais emporté par mon enthousiasme, je zieute l'entrée directe. C'est bien raide mais en grosse poudre. Sans trace. Très tentant à vue. Je descends les cinquante premiers mètres jusqu'à rejoindre deux traces de prédécesseurs ayant contourné le mur sommital. Et là, surprise : ils ont remis les crampons pour franchir un ressaut mal enneigé. N'ayant pas les outils, tout en étant en contact vocal avec mes compères, j'imagine une traversée pour aller chercher un contre-couloir probable. C'est hyper raide et les rochers ne sont pas loin. Et ça se termine bien exposé au-dessus de barres. J'envisage de remonter mais la quantité de neige m'en dissuade. On s'enterrerait jusqu'au ventre et la nuit arrive. Incitant mes camarades à prendre le facile couloir d'angle, je traverse prudemment, bâton amont planté au mieux à l'envers et rejoins la pente exposée où l'inclinaison est un peu moins raide. Un virage et me voici dans le bon sens. Un peu de gratonnage encore sur un passage à cinquante degrés et hop, je retrouve les traces des cramponneurs. La suite devient une formalité. Je rejoins le cône où j'attends mes amis. On sort la frontale pour terminer la course. Neige correcte mais assez tracée par les skieurs venant des Sept-Laux, comme d'habitude. Et quand même des cailloux pas loin. Nous sommes ici à moins de 2000 m et l'enneigement est encore un peu juste quand on connaît l'état de la montagne en été et ses monstres blocs. La chute à venir sera bienvenue. Quelques minutes de marche dans la forêt nous amènent au véhicule au niveau de la colonie. Encore une fort belle sortie avec un peu d'adrénaline.

Face sud du Jas
Face sud du Jas
Face sud du Jas

Face sud du Jas

Face nord à la nuit tombante. En réalité, bien plus sombre que ça n'en a l'air sur la photo.

Face nord à la nuit tombante. En réalité, bien plus sombre que ça n'en a l'air sur la photo.

Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse, #Belledonne

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