Le vrai ski
Publié le 3 Décembre 2019
Il y a, le ski. En général. Cette activité qui consiste à se déplacer sur la neige en glissant. On distingue plusieurs types de ski :
- le ski "aménagé" qui, lui même se décline en deux catégories, le ski de piste (ou abusivement proclamé "alpin", qui consiste à descendre des pistes damées après avoir été monté par des installations mécaniques) et le ski de fond (ou "nordique") qui consiste à glisser en descente et en montée (en poussant aussi avec les bâtons dans ce cas) sur des pistes damées. Le ski aménagé est payant.
- le ski "pseudo-aménagé". On y trouve le ski hors-piste qui se ramène au ski de piste mais en choisissant de descendre hors du domaine sécurisé, le ski-race (abusivement appelé ski-alpinisme) qui est une branche du ski de randonnée ou du ski-alpinisme, consistant à suivre un parcours balisé, tracé et repéré avec la contrainte du chronomètre et le ski "fitness" qui est une déclinaison du ski de randonnée empruntant tout ou partie des pistes damées pour le ski de piste. Les deux premières catégories sont payantes, la troisième pas encore.
- le ski de randonnée qui consiste à sortir des pistes damées et sécurisées et à faire sa trace (ou en suivre une) en montagne où on le souhaite : c'est comme la randonnée estivale mais avec des skis.
- le ski-alpinisme qui est une étape techniquement supérieure à la précédente, avec utilisation de crampons, piolets, etc. Ces deux branches (randonnée et alpinisme) peuvent se confondre car sont beaucoup fonction des conditions de neige hors itinéraires extrêmes : un couloir modérément raide sera une "rando" par neige profonde alors qu'une pente à 30° en neige glacée deviendra très "alpine" !
Et ce début décembre, pour une nouvelle sortie avec Nico et une première avec Julien, c'est la dernière catégorie qui nous a inspirés. Avec le côté sauvage, un peu aléatoire au niveau des conditions (étant donné que nous sommes peut-être les premiers skieurs à mettre les pieds dans ce vallon depuis le début de la saison = absence d'informations) et la certitude de s'y retrouver seul avec la trace à faire. Aucune aide extérieure si ce n'est le relais pris par chacun des membres du groupe pour brasser dans la poudreuse. Ce dernier point est important car tracer 1500 m de dénivelé est plus pénible que de pousser les skis sur 3000 m dans une trace bien lissée par les passages. C'est en ce sens que je considère ces moments comme le graal de l'activité. Je ne dénigre absolument pas les autres branches du ski d'autant plus que je les pratique moi-même mais ce côté un peu "ultime" (et non extrême, ne confondons-pas) du ski-alpinisme-sans-trace me pousse à l'appeler le "vrai ski". Vrai, au sens de "pur", intégral ! Clin d'oeil à un ami monoskieur Orange... Il se reconnaîtra.
La contre-partie de ce type de sortie, c'est d'abord aujourd'hui un portage de 600 m de dénivelé. Celui-là même qui va nous ouvrir la porte d'un secteur vierge de traces sans l'ombre d'un doute. La forêt est féérique avec le givre sur les arbres. On attaque la trace après une bonne heure d'efforts. Elle devient rapidement exténuante. 1100 m plus haut et nous voilà sur les crêtes de la Porte d'Eglise où le soleil tape comme en février. Je ne donne pas notre horaire de montée histoire de ne pas avoir la risée de Zavid. Descente plutôt bonne mais ça chauffe déjà fort. Il faut viser les contre-pentes plein ouest pour avoir de la poudre froide. De la croûte demain dès que l'aspect sud s'invite même a minima. Retour au lac Blanc où on retrouve Julien parti plus tard en raison de contraintes. Et c'est reparti vers le pic de la Grande Valloire. On tente le couloir ouest et on ne sera pas trop de trois à tracer. La neige est changeante jusqu'au pied du couloir : tantôt poudre, tantôt cartonnée en surface par le vent. A la descente, il faudra viser les bonnes zones avec vaguelettes. Une fois dans le couloir, c'est la tranchée. On en bave pour la trace. Comme rarement. Clin d'oeil à Tim : on se serait cru à Areu ! On attend le relais promis par Zavid. On zieute sans arrêt vers l'aval espérant voir arriver la fusée bleue. Mais elle ne viendra pas. Sans doute aura-t-il préféré les pistes de Chamrousse. On a eu ce qu'on cherchait : du dénivelé, de l'effort (je rentre complètement rincé), du sauvage, des pentes vierges, du (vrai) ski et même un couloir au soleil couchant. Classe, mort classe.
C'est reparti pour le second. +650 m, trace abo dans le couloir sauf une courte portion dans la goulotte centrale