Deux poids, deux mesures ?
Publié le 14 Avril 2020
Confinement. J+30. Voilà donc un mois qu'on essaie tant bien que mal de s'adapter. Et, à titre personnel, je dois commencer par reconnaître que je suis un privilégié. A ce jour, je n'ai pas de proche mis en difficulté par le Covid-19, j'ai la chance d'être moi-même en bonne santé, d'habiter en "pseudo-campagne" qui me permet de prendre mon déjeuner au soleil, faire de petites balades quotidiennes avec les filles dans la nature au milieu du chant des oiseaux, d'avoir beaucoup de publications prévues dans un futur proche et donc, du travail à la maison en plus de mon métier principal d'enseignant. Bref, peu de temps pour m'ennuyer. Et puis, qu'est-ce que 30 jours ? Et même 30 de plus ?
Cependant, on est en droit de se poser des questions sur la légitimité de certaines mesures. Loin de moi l'idée de remettre en cause la distanciation sociale indispensable qui a motivé le confinement. C'est sans aucun doute incontournable. Mais actuellement, un certain nombre d'incohérences commencent à faire monter la tension chez les uns et les autres. Et ce sont clairement les limites du système. Quelques exemples de ce "deux poids, deux mesures" au niveau des déplacements. En théorie (mais encore une fois, il faudrait porter cela en justice si procès verbal afin d'avoir la véritable réponse), je n'aurais pas le droit d'exercer l'activité complémentaire de mon temps partiel d'enseignant qui consiste, en rémunération de droits d'auteurs, en publications pédagogiques multiples. Cette activité demande (et j'ai plusieurs dossiers sous le coude d'ici cet automne qui, de ce fait, sont décalés donc un manque à gagner) un peu de travail sur le terrain pour a minima photographier et tester du matériel. Si les restrictions techniques semblent indispensables afin de ne pas se mettre en danger et ne pas surcharger les hôpitaux (ni ski, ni escalade, ni parapente...), faire une demi-journée de marche sur sentier à vaches et seul est probablement moins risqué question Covid que d'aller travailler dans un bureau avec d'autres collègues quand bien même on serait seul dans son bureau. Deux poids deux mesures donc et cela commence à devenir pesant.
Bien évidemment, on est tous dans le même bateau. Nombreux sont ceux qui doivent faire face à un manque à gagner, qui ne se rattrapera probablement pas. Heureusement, nous consommons moins et de ce fait, avons moins de dépenses. Et en toute honnêteté, je serais prêt à faire l'impasse provisoirement sur ce revenu complémentaire s'il n'y avait pas de traitements de faveur ou, en tous cas, de traitement différent selon les uns et les autres concernant ces déplacements. Malheureusement, on se rend compte que le confinement est loin d'être appliqué pour tout le monde pareil. Quelques exemples parmi d'autres :
- Des vacanciers passés dans les mailles du filets sur des centaines de kilomètres non renvoyés chez eux et non verbalisés une fois arrivés.
- Les louvetiers, non professionnels, non rémunérés (généralement des chasseurs ayant envie d'aller tuer du loup et assermentés) autorisés à être dans la nature pour tuer des loups (cf les 3 dont deux femelles alpha dans la Drome).
- Pour acheter "la paix sociale", une certaine tolérance (variable selon les endroits j'imagine) dans les quartiers difficiles, en laissant parfois les regroupements de population. En parallèle, on envoie les hélicos pour traquer un pauvre randonneur isolé.
- Encore la chasse, et celle-là elle est énorme, autorisée par utilité publique (oui, vous avez bien lu). L'attestation est datée du 3 avril ; ce n'est pas un poisson. Il suffit pour cela d'être inscrit sur le tir de ce qu'ils nomment les nuisibles (renard, corbeaux...).