Valpelouse - Gleyzin par le haut
Publié le 5 Août 2020
Un sac bien ficelé à 9 kg en autonomie totale (j'aurais pu gagner 1 kg sur l'appareil photo, la petite paire de jumelles Swaro, le mini trépied et quelques bricoles). Difficile de faire mieux. Et pourtant, je trouve ça déjà trop lourd pour ce genre de bavante où il faut avancer. L'idée était de relier l'ancienne station de ski du nord du massif (Valpelouse) à celle tout au sud et à la même altitude (Chamrousse), avec trois bivouacs sur des hauts sommets du massif, tout en gravissant la plupart des hauts sommets rencontrés. Une "petite" course de plus de 10000 m de dénivelé de niveau AD, tout seul comme un grand. Les hésitations arrivent dès la montée au pic du Frêne (petite forme physique - je sais que tout est relatif mais ça compte dans ce genre de périple ; névés encore bien présents ; neige fraîche au-dessus de 2500 m). Il y a dû avoir un gros orage ici il y a deux jours, qui n'aura pas touché le sud du massif bien visible de chez moi. Manu avait raison, il aurait sûrement fallu décaler d'une journée...
Dans la montée à la brèche du Frêne, je n'avance pas très vite et la petite neige qui recouvre le névé empêche ce dernier de dégeler. Du coup, on se retrouve avec les chaussures qui passent à travers cette couche de 5 cm bien molle et butent sur le névé béton. Ca ne passe pas. Il faut tailler quelques marches ou mettre les crampons mais j'ai préféré gagner 250 g avec la pioche plutôt que les petits crampons Irvis hybrid. Erreur. Perte de temps. Je ne peux pas me permettre d'attendre que ça ramollisse. Une fois sur l'arête, ce n'est pas terminé. Les vires versant nord (et ouest) qui permettent d'éviter certains ressauts raides sont en partie enneigées. Une neige dure sur laquelle je ne peux mettre les pieds. J'arrive tant bien que mal au sommet. Il faut alors revenir à la brèche. Les passages enneigés sur le rocher sont toujours aussi durs... Le temps passe. Pas très grave mais quand ça commence ainsi, le moral en prend un coup. Et des forces laissées. La descente versant Veyton voit poursuivre les petites difficultés pour descendre le couloir sud ultra glissant ; je désescalade un ressaut et ça n'avance pas très vite. Plus bas, je me jette sur la neige et glisse un peu sur le cul. Trop court, trop vite dans les blocs. Je bouffe du caillou. Belledonne, le massif où en été, on descend plus lentement qu'on ne monte. L'idée est de rejoindre le col Morétan en restant au plus haut. A la montagne du Coteau, une petite flaque chaude est une invitation à refroidir le corps. Grosse pause d'au moins une heure. Je ne suis pas là pour courir. On poursuit : lac de la Colombière. Impossible de dérouler. Mais que c'est beau ! Pas âme qui vive de toute la journée si ce n'est trois trailers au Morétan. J'arrive au col du Morétan avec encore un peu plus de retard mais tant pis. Je sors le réchaud et hop, repas du soir. Quiétude. Moment fort au soleil dans la wilderness de Belledonne. Un régal. Je bulle. Oups, il est déjà 18h30. Je range le matériel et c'est parti pour la pointe du Gleyzin. Un petit éperon facile, quelques pas de 3 et voici le sommet. Le prochain objectif était le Charmet de l'Aiguille mais après analyse de l'itinéraire, il reste de la neige sur certaines dalles et l'éperon direct en solo, c'est trop incertain. Il y a donc deux options : stopper là pour cette nuit ou aller à la pointe de Comberousse. J'ai déjà 3000 m de caillasses dans les pattes et pas envie d'arriver là-haut cuit de chez cuit à la tombée de la nuit. La décision est prise de dormir là. Bivouac phénoménal avec juste la place nécessaire.