Poudre et risque

Publié le 18 Janvier 2021

La neige poudreuse, celle des images des magazines, est un plaisir intense mais génère toutes les interrogations sur le risque d'avalanche. La meilleure chose à faire, lorsque le manteau neigeux est meuble, serait de se contenter de le regarder ou de fréquenter uniquement des pentes inférieures à 30°, seuil de décrochement, et des pentes non dominées par des pentes supérieures à 30°.

Si toutefois on souhaite goûter aux plaisirs de la glisse sur des pentes plus raides, la question est un véritable casse-tête. En théorie, il faudrait s'arrêter régulièrement et faire une coupe du manteau neigeux pour voir s'il y a le cocktail "couche fragile surmontée d'une couche avec de la cohésion suffisante" pour que ça puisse partir. En théorie car on comprend bien qu'il n'est pas possible de faire de tels travaux à plusieurs reprises sur un itinéraire. En général, quand on le fait, c'est qu'on n'est déjà pas tranquille. D'autant que cela reste de la théorie. Comprendre la neige est une des activités les plus complexes mais avec un peu d'expérience, on développera une sorte d'intuition nivologique qui pourra aider, en identifiant notamment la situation en cours à d'autres déjà observées. En attendant, il y a quelques règles, qui ne sont en aucun cas des garanties mais qui peuvent aider à la décision :
1- La nuit claire et froide. Par rayonnement, elle va permettre de déstructurer la dernière couche de neige, lui enlevant sa cohésion (si le vent n'a pas soufflé ce qui est plus rare aux abords des crêtes et des talus bombés)
2- L'orientation du vent lors de la dernière chute qui rendra les départs de crêtes plus dangereux "sous le vent".
3- La règle des trois jours. Trois jours sans chute de neige permettent au manteau de se stabiliser en (grande ?) partie mais aussi laissent le temps de faire partir les sections les plus instables.
4- La connaissance de l'endroit où l'on va. L'habitude de voir quelles sont les pentes qui "descendent" habituellement. Attention, ce point peut être tout autant piégeux par excès de confiance.
5- Le test du bâton qui consiste à "sentir" les différentes chutes de neige : si on ressent une neige très légère sans cohésion puis une neige de plus en plus dense en-dessous, c'est plutôt bon signe ; inversement, si à un moment le bâton passe plus facilement au travers, c'est qu'il y a une couche fragile en-dessous.
6- Le test de la conversion dans un talus raide (>30°) afin de voir si la neige se fissure dans la partie supérieure de l'angle avec la fragilité créée par la partie inférieure.
7- L'observation. Au bout de deux ou trois jours, est-ce que les pentes du secteur ont bougé (signe d'instabilité) ou pas ?

Ce jour, avec Nico, après une première descente prudente ne dépassant 30 degrés que sur quelques mètres en trois talus, nous avions avec nous les points 1, 2, 4, 6 et 7. Insuffisant bien sûr, et notamment le point 5 pas toujours concluant. Une incitation à aller voir prudemment : une seconde pente un poil plus raide mais pas longue et pas exposée, puis une troisième avec le haut à 40° mais assez courte, sans la remonter et en attaquant un par un, tout droit et sans se retourner. Une dernière face parsemée d'arbres achèvera ce tricotage du jour e conditions parfaites.
Une magnifique matinée de ski dans ce petit coin au nord de Belledonne.

Poudre et risque
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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #ski-glisse

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