Bavella
Publié le 4 Novembre 2021
Il a donc fallu attendre un certain âge pour que je découvre enfin un des plus beaux coins du monde. Assurément.
Pour cette belle journée ensoleillée, on passe à nouveau à l'est du col. Il faut fuir le vent, toujours présent. On espère également ne pas avoir trop de zones mouillées à gérer étant donné le déluge de la veille. Direction les contreforts de Punta Rossa et la voie Alexandra. On n'est pas sûr de l'attaque mais les autres voies sont de difficulté similaires alors on part dans la ligne supposée (qui s'avèrera la bonne). Question topo, nous disposions du Fenouil, complété par c2c. Les tracés du Fenouil donnent une bonne indication mais il y a parfois d'autres voies (non décrites, parfois plus récentes) intercalées. Quant aux descriptifs c2c, ils sont souvent un outil précieux mais trop souvent aussi une source d'erreur. Ce fut encore le cas sur ce séjour à Bavella. On touche ici aux limites du participatif. Outre l'hétérogénéité des contributeurs, ne s'improvise pas rédacteur de topos qui veut. A contrario d'un Wikipedia qui concentre des données factuelles sur un artiste, une ville... (ce qui n'empêche déjà pas des erreurs), la description d'un itinéraire fait appel aux souvenirs personnels. En outre, il faut être pragmatique. Au moins sur un topo papier, quand on a compris comment l'auteur fonctionne, on peut s'y adapter. Et il reste un des meilleurs spécialistes d'un massif. Tout cela conforte mon idée sur le fait que chacun a sa place. Les topos papiers sont faits pour décrire des itinéraires et les sites internet pour donner des informations sur les conditions. En ce sens, ils sont totalement complémentaires. En résumé, ce séjour en Corse aura conforté mon idée de prôner l'utilisation des topos papiers (en ajoutant une nouvelle fois que les acheter est une façon de remercier ceux qui nous permettent de grimper des voies équipées - pour l'escalade - ou de sortir des sentiers battus - pour le ski), accompagnés des compte-rendus en ligne pour les conditions (équipement des voies, conditions de neige...).
La voie Alexandra ne propose que cinq longueurs mais dont les quatre premières font pratiquement cinquante mètres. De ce fait, c'est une grande voie de longueur moyenne (et donc pas si courte que ce que l'on croit) et qui se suffit à elle-même, notamment quand on perd un peu de temps dans l'approche (pas très longue mais mal décrite sur nos sources), quand celle-ci est trempée suite aux pluie récentes, que la voie est exigeante dans son niveau (belles envolées en dalle nettement au-dessus des points), parfois mouillée (L3) et que la descente en rappel est un peu merdique.
Quelques précisions par longueur :
- L1 : 6a+. Départ peu difficile puis un pas technique (crux) pour arriver aux tafonis. Sortie des tafonis avec 20 m en dalle sur 4 points. 6a/6a+ obligatoire sur cette portion où on n'a pas envie de tomber. Pas fan du tout mais vraiment beau à voir.
- L2 : 6a d'après les topos. Rien à voir avec la précédente alors qu'il n'y a pas plus de points. Ca randonne. Pas compris.
- L3 : 6a+ Fissures/dièdres/bombés techniques et en plus trempés. Il a fallu tirer un points ou deux. Longueur fort intéressante et technique. Equipement ok.
- L4 : 6a. Longueur variée : dalles, tafonis, murs. Ne pas hésiter à louvoyer pour rester dans la cote. Départ mal équipé (premier point très haut, risque de chute sur le leader, le reste ok)
- L5 : 6b. La plus durs sur le papier (bombés techniques) mais très bien équipé donc sans souci.
Rappels : Dans la voie Canal inattendu. Les deux premiers sont courts (25 puis 30 m de mémoire, à vérifier ; de toutes façons il faut 2x50 pour la suite). En revanche, au troisième, il faut tirer droit et sauter un relais complètement décalé. Ensuite, grand rappel de quasi 50 m puis un dernier court en oblique pour revenir à l'attaque.
C'est une très belle voie ; il faut quand même aimer les dalles qui sont présentes dans chaque longueur. L'équipement est solide mais je reste toujours dubitatif sur l'engagement en dalle. Après, c'est "le jeu" mais à condition que les ouvreurs aient ouvert depuis le bas (donc en engageant eux-aussi). La cotation globale sur c2c est la même que celle de Conquistador. De mon point de vue, c'est nettement plus exigeant.
On poursuit la journée par une randonnée autour du col de Bavella. Lumière splendide au coucher de soleil. Et sur les conseils du local Romain, on termine à l'auberge du col où Fred nous régale, notamment d'une charcuterie au goût unique. Et quel repas copieux dans l'ensemble ! Le tout à deux jours de la fermeture. On n'a pas regretté ! En sortant, un renard nous tient compagnie et et espère grappiller quelques miettes. Une magnifique journée à Bavella !