Passerelle
Publié le 7 Avril 2022
Le premier (ou le second, cela dépend du sens de circulation) des deux ponts successifs formant ce que je nomme depuis des années comme le passage le plus dangereux de France pour un cycliste vient d'être incendié. Il s'agit du pont enjambant l'Isère entre les communes de Crolles et de Villard-Bonnot. Contrairement à l'enjambée de l'autoroute qui dispose de plusieurs ponts, le passage de la rivière n'est pas possible qu'au niveau des sorties d'autoroutes et ne dispose pas de passerelles sur de petites routes secondaires.
Fragilisé par l'incendie, ce pont datant d'avant-guerre pourrait au mieux nécessiter de lourds travaux de réhabilitation, au pire une démolition suivie (donc) d'une reconstruction. Probablement de longs mois de galère à venir pour les travailleurs ayant besoin de traverser l'Isère, qu'ils soient en voiture, à vélo ou même en train + vélo.
A titre personnel, l'impact est important en proportion (de l'ordre de + 100% - 30 minutes au lieu de 15 à vélo et 20 minutes au lieu de 10 en voiture) mais limité en valeur absolue. En revanche, c'est très problématique pour les habitants de la rive gauche en direction de Grenoble ou Crolles (et inversement) puisque l'autoroute se situe sur la rive droite. On observe donc un report de trafic soit sur la rive gauche jusqu'à Lancey, soit sur la rive droite à partir de la Terrasse avec des traversées de communes déjà pas commodes en temps normal. Les ralentissements occasionnés sont énormes. On est passé parfois de 30 minutes à 2 heures de voiture pour se rendre sur son lieu de travail. Le rail ne solutionne pas tout puisque de nombreux travailleurs sur la zone de Crolles, qu'ils viennent de Grenoble ou de Chambéry, optent pour l'option train + vélo qui n'est plus possible puisque le traversée entre la gare et Crolles se fait via le fameux pont. Il en découle un report de ces déplacements sur la voiture et donc, encore des véhicules en plus.
Parmi les solutions envisagées, il est demandé une gratuité de l'autoroute entre le Touvet et Crolles ce qui permettrait à de nombreuses personnes de l'emprunter chaque jour, y compris quitte à faire quelques kilomètres supplémentaires pour aller la chercher car il est bien peu probable, à juste titre, que personne n'ait envie de faire à la fois 10 kilomètres de plus et payer l'autoroute en sus, soit sortir environ 100€ supplémentaires par mois (et encore, en ne comptant que l'essence en plus du péage, calcul bien loin du véritable kilomètre roulant). Une pétition circule ici pour demander cette gratuité. Bien que non concerné pour des raisons professionnelles, j'ai bien évidemment signé cette pétition pour cette mesure qui me semble s'imposer. Cependant, elle serait à mon sens insuffisante.
A l'heure où on ne parle que de mode de déplacement doux, il paraît impensable de ne penser qu'aux automobilistes et pas aux piétons et aux cyclistes. Si la réouverture du pont tel qu'il est paraît improbable pour les véhicules à moteur, elle pourrait l'être comme simple passerelle piétons et vélos voire deux roues. Nous sommes déjà nombreux à demander cette réouverture après l'expertise et un réaménagement qui ne prendrait que quelques jours afin de sécuriser le passage. Cela permettrait à tous les utilisateurs de train + vélo ou de vélo tout court de passer, neutralisant du même coup la dangerosité du passage sus-nommé "le + dangereux de France". Ce serait tout bénef' pour ces utilisateurs là (nombreux) dont bibi.
Reste qu'il est possible que pour se couvrir, selon le compte-rendu de l'expertise, le pont ne soit absolument pas rouvert y compris à ce public-là. Dans ce cas, il faut s'attendre à des mois de galère. Des mois ? Pas sûr !
Il reste une solution. On se souviendra (ou pas) du réaménagement de la circulation de Grenoble suite à la création des lignes de Tram3 au début des années 2000 et la location à l'armée du pont de Chartreuse, installé en deux temps trois mouvements. Un pont provisoire qui, après avoir prouvé son efficacité, pour la petite histoire, aura finalement été définitivement acheté et laissé en place. Ici, c'est encore plus simple, d'autant plus qu'une passerelle pour vélos et piétons est déjà prévue à l'horizon 2024 (enfin !). C'est le moment de montrer que la France n'est pas un pays du tiers-monde. Deux années pour réaliser une petite passerelle ? Messieurs les élus, il y a urgence et pas seulement pour les futurs utilisateurs de cette passerelle mais pour tous ceux qui pâtissent aujourd'hui des embouteillages, d'autant qu'il serait assez facile d'organiser un système de navettes de part et d'autre de l'Isère, notamment pour les lycéens qui subissent de plein fouet cette fermeture. Réaliser un bout de piste en stabilisé (100 m sur terrain plat) et tendre une passerelle provisoire d'une centaine de mètres de long. Un défi que les chinois relèveraient en quelques jours. En sera-t-on capable ? Si le pont ne rouvre pas, je militerai pour que cette solution soit mise en place et j'invite les personnes concernées à se regrouper pour donner du poids à l'idée.
En jaune, le tracé actuel ; en bleu, les voies existantes (rien à aménager) ; en noir, la passerelle à placer et en turquoise, le bout de piste à créer.