Quête d'une image

Publié le 1 Octobre 2023

Je reviendrai très vite sur ce long affût, ce grand moment d'immersion totale passé là-haut durant trois jours et deux nuits. Mais auparavant, je souhaitais vous parler d'une image. Il y a plusieurs types d'images. J'exclus immédiatement les photos-montages pour des raisons éthiques, de respect de moi-même (ça, c'est perso) et des destinataires de ces images, à moins de leur exposer explicitement les règles du jeu. Ce serait comme parler de sa traversée des Alpes en VTT électrique sans annoncer clairement le moyen de locomotion utilisé. Il y a celles que l'oeil humain ne pourra jamais capter comme par exemple des photos dans la pénombre que seule la technologie d'aujourd'hui nous permet d'exposer comme en plein jour sans éclairage artificiel. Ou encore celles d'oiseaux en vol au battement d'ailes très rapide, figées par une vitesse d'obturation encore plus rapide. Et puis, il y a celles qui retranscrivent à peu près exactement ce qu'on a vu. Celle dont je vais vous parler fait simplement partie de cette dernière catégorie.

Elle est prise au téléobjectif ; ce qui signifie qu'elle correspond à ce que voit l'oeil humain mais à travers des jumelles ou une longue-vue. La plupart des photos d'animaux que nous cherchons à faire sont des images de proximité. Quelques professionnels et amateurs éclairés se mettent à l'affût pour les réussir en limitant le dérangement de la faune ; beaucoup "courent" après les animaux, souvent sans succès et avec dérangement. Je déjà longuement évoqué les recommandations à ce sujet sur ce blog. La photo de proximité, c'est d'abord une observation en direct privilégiée. Frissonnant pour des animaux "spectaculaires" comme le cerf au brame, le boeuf musqué, le loup ou encore par exemple un aigle royal sur une carcasse de renard. Si la photo est réussie, le gros plan fait plaisir. On voit bien l'animal. Les réseaux fleurissent de "whouaah, quelle image !". Bien sûr, j'adore ce genre d' image.

Pourtant, ma photo préférée de ces trois jours est toute autre. Et qui sait ; c'est peut-être ma photo de brame préférée parmi toutes ! L'animal n'était pas tout près. C'est même probablement le cerf le plus lointain que j'ai pu photographier. J'estime la distance de mon affût à... 900 mètres !!! A chaque fois qu'il levait la tête pour lancer son cri rauque, il me fallait environ trois secondes pour que mon oreille le perçoive ! Ce cerf se déplaçait à proximité d'une crête. Je l'observais à la longue-vue, posée sur le trépied. Comme il n'y avait pas d'activité devant mon affût, j'avais enlevé l'appareil photo du trépied (un risque à prendre) pour pouvoir y mettre la lunette et observer ce cerf à distance. Le premier jour, il évoluait 50 à 100 mètres en contrebas de cette crête et je me suis contenté de l'observer sans penser à autre chose. Le second jour idem. Le troisième jour, toujours au même endroit, il commence à remonter en direction de la crête. Et s'il débouchait ?

Il finit par sortir mais ne reste pas et ne brame pas. Je fais une première série d'images à main levée. Il disparaît derrière la crête. Est-il parti ou va-t-il revenir ? J'y crois car il a l'air très territorial. Je surveille car s'il revient, cela pourrait être bref. De longues minutes passent... Le revoilà ! Cette fois, il brame mais dos à la falaise. Deuxième série d'image. Puis, il file rapidement dans un bosquet et se couche. J'entrevois à peine ses bois à la longue-vue. Attendre, encore et encore.

Lorsqu'il sort, il fait d'abord mine de retourner 100 mètres sous la crête, là où il évoluait les jours précédents. Puis il remonte d'un coup, débouche et...brame face à la falaise. Cette fois, il reste peut-être deux ou trois minutes. J'ai tout le loisir de faire mes images dont voici ma préférée. Elle replace l'animal dans son milieu et donne une dimension à la scène. On entend alors résonner tout le vallon sans même y avoir été. Bon, pour la petite histoire, il y a quand même une petite triche. Pour des raisons de confort (prise de vue à main levée avec un appareil un peu lourd quoique le 100-500 RF reste ultra-léger dans son genre), la photo originale est horizontale. Il y a donc un recadrage d'horizontal en vertical. Ce qui collait bien de toute façon avec la distance qui était très importante et imposait d'avoir un 1000 mm pour un tel cadrage vertical sans recoupe. L'image finale doit donc sortir autour de 12 mp ce qui demeure suffisant pour faire un A2 dans un salon.

Quête d'une image

Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #brame du cerf

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article