Depuis que je suis Grenoblois, j'avoue ne pas avoir été d'emblée un fan du secteur de Chamrousse : du monde, des courses de faible ampleur et de difficulté modérée. Mais en fait, c'est tout ce qui fait son charme : la fréquentation "sécurise" un peu la neige, la relative facilité des courses en fait un terrain de jeu formidable pour s'entraîner et/ou se faire plaisir et puis, la proximité permet de s'aérer lorsqu'on a qu'une paire d'heures devant soi. Et cette année, avec le déficit de neige des massif isérois, on apprécie d'avoir un point de départ à 1700 m d'altitude. Du coup, on en abuse et à chaque fois, on reveint satisfait de sa balade.
Aujourd'hui, avec Jo, nous partons pour empiler deux jolis petits couloirs dans lesquels nous espérons de la neige fraîche. Nous décidons, une fois n'est pas coutume, de prendre la benne pour monter car il y a pas mal de monde sur les pistes et les emprunter en sens inverse est infiniment plus risqué que de descendre un couloir aussi raide et exposé soit-il. Et vu l'heure, l'accès par Casserousse ne nous emballe pas plus que ça, d'autant que c'est à l'ombre et qu'il fait beau.
Le premier couloir est celui des Robert : il est situé entre les deux pointes dominant les lacs à l'est et sur lesquelles sont tracées des voies d'escalade. Je le connais très bien pour l'avoir pratriqué à plusieurs reprises.
La neige est assez soufflée dans le couloir mais se skie très bien ; le cône est encore meilleur. Nous remettons les peaux vers le col des Lessines puis la base du couloir des Escombailles que je n'ai encore jamais parcouru.
La moitié inférieure du couloir se remonte toute en peaux. La neige y est excellente ; le soleil rasant ne l'a pas travaillée.
La neige est restée froide bien qu'elle ait pris de la cohésion en surface. La nivologie nous paraît assez saine.
Dans le tiers supérieur, nous avons le choix entre la sortie classique de droite et la directe. Nous optons pour cette dernière, plus raide et plus esthétique. On n'est pas là pour chercher la facilité.
Après une séance de brasse-coulée dans la profonde pour sortir en haut, nous attaquons la descente qui va être réglé en 3 minutes en quinze secondes. Que d'efforts pour ça !
Au final, des conditions pas si pires en ces temps de disette. Faut dire qu'on n'était plus habitué à faire de la neige fraîche.
Du travail bien fait, propre ! comme l'aurait dit Nico qui nous a quitté il y a presque un an déjà. On finit aussi proprement par la croix de Chamrousse, tout seuls, comme des grands, avec nos peaux par le col des Trois Fontaines, non sans jeter un dernier regard à ces pentes modestes mais ô combien précieuses à quelques poignées de minutes de la maison.
D'autres impressions et des images complémentaires sur le site de Jo.