Publié le 30 Septembre 2012
Initialement, je voulais aller me balader en ces hauts lieux m'imprégner de l'ambiance automnale associée à celle du brame du cerf. Ici, les cerfs ne sont pas faciles à observer et se déplacent beaucoup. J'y viens donc d'abord pour l'ambiance et si je vois un cerf, alors c'est déjà un plus. Rapporter une photo est considéré comme la cerise sur le gâteau. Si je veux faire des photos de cerf à tout prix, il vaut mieux aller poser un affût ici. La météo n'étant guère optimiste ce matin, je ne mets pas le réveil à 4h. A 8h, en regardant les webcam, je constate que le brouillard dans lequel nous sommes plongés en moyenne montagne s'estompe à 1600 m et qu'au-dessus, il fait presque beau. Grrr ! Cela persiste toute la matinée ; aussi, je me décide à partir à 14h et décidant d'y rester jusqu'à la nuit.
Je démarre en plein brouillard. Motivé pour sortir de cette crasse je hâte le pas. Bien chargé avec le matériel photo et le trépied, il me faut un peu moins d'une heure pour avaler les 800 m qui me séparent de la crête où je suis accueilli par la pluie. Et le brouillard est au moins remonté à 1900 m. J'enrage et me mets à l'abri sous un surplomb rocheux.
Je repars et m'apprête à redescendre sur l'autre versant. La pluie s'invite à nouveau. Heureusement, une courte éclaircie me permet de trouver un abri dans l'alpage. J'attends encore. Soudain, ça semble se dégager. Je descends donc et arrive sur les lieux habités par les cerfs. Il est 16h30. Rien ne se passe. Nous sommes en pleine période de brame, en deuxième partie d'après-midi. Le temps est plutôt frais. Tout semble favorable mais rien. Autant dire qu'avec ces conditions, il est probable que je ne verrai aucun cerf ou alors furtivement. J'attends et me balade dans l'alpage, observant les oiseaux. De nombreuses grives draines se préparent à affrontet l'hiver, ainsi que les mésanges noires.
Puis une nouvelle averse. Je m'abrite sous un bosquet de pins et attend un bon quart d'heure. 18h. Toujours pas un raire. Je suis déçu. Je décide de commencer à remonter vers la crête dans le but de rentrer plus tôt si rien ne se passe d'ici 19h. A peine ai-je commencé à remonter qu'un raire émerge de la forêt. Beaucoup trop loin. Immédiatement un autre lui répond. Celui-ci semble sur la trajectoire que j'ai choisie pour remonter sur la crête. Je continue à remonter à pas de loup dans cette direction quand juste devant moi, une flèche jaillit d'un arbuste rampant et file à toute vitesse. Elle s'arrête à quelques mètres avant de repartir. c'est un lièvre variable. J'ai le temps de prendre trois photos. Une seule sera nette. Yes !
Il n'en faut pas beaucoup pour sauver la balade, d'autant que le cerf relance un nouveau raire. Je poursuis dans sa direction. Un brame toutes les dix minutes; c'est pas lourd ! Et pas un autre raire dans tout le secteur. Il brame une nouvelle fois. Je continue. Tout à coup, un raire. il est là. Juste là derrière un bosquet. Je l'aperçois. Il se déplace et va passer entre deux pins. Je me tiens prêt.
Une seule photo valable sur la série. Le cerf continue sa route dans du terrain plus rocheux où ma progression sera plus bruyante. Inutile de le suivre, d'autant qu'il ne brame pas et qu'il est déjà 19h. Dans trente minutes, il fera nuit. Je remonte vers la crête et la lumière décline. Je tombe nez à nez avec un cerf et trois biches qui sont sur ma trajectoire en plein alpage sans aucune planque. Malgré l'obscurité, je suis vite repéré. J'anticipe leur passage sur la crête et avec le trépied, je décroche une vilaine image mais nette.
Les biches franchissent la crête en premier. Le cerf me lance un dernier regard. Ils iront brouter un peu plus loin.
Une sortie qui était mal barrée mais au final, je rentre hyper content. Avoir bravé la pluie et le brouillard avec de nombreux doutes, pour rentrer avec une photo de blanchot et avoir quand même pu voir quelques cerfs est amplement satisfaisant. Pour le blanchot, c'est même rare ! Avant de plonger dans un épais brouillard, je profite des dernières lueurs en apercevant la pleine Lune qui se lève.