Publié le 24 Avril 2013

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Au cap Canaille, on a toute sortes de roches : des calcaires, des grès, des conglomérats... ces derniers étant constitués d'un amas de galets et d'un ciment couleur marron. Il me semble qu'une des voies porte d'ailleurs ce nom, en référence sans doute à la célèbre histoire pour enfants "roule galette". Il faut dire que les galets, non seulement ils roulent mais aussi ils volent, parfois avec le grimpeur d'ailleurs. Et il n'y a pas que les galets. Les grès aussi s'effritent en feuillets. Ici, c'est le jeu. A Canaille, mieux vaut porter un casque et surtout au pied des voies lorsque l'on accède aux falaises.

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Aujourd'hui, on part avec Thibaut dans "sous les galets la plage", une des dernières voies Guigliarelli. Dès L1, on est dans le bain. Un 6a+ très délicat. Thibaut m'assure bien calé sous le petit surplomb de départ et voit passer les pierres. J'arrive au relais avec satisfaction, ce genre de longueur, surtout avec des points un peu plus loin que d'habitude, générant une certaine tension. Thibaut me rejoint. "Alors t'as aimé ?" "'tain, c'est pourri !" Après réflexion, on se dit que c'est une voie encore récente et que plus haut, dans le poudingue, on va peut être jouer à "roule-galet". Autant bifurquer dans "rêve d'abricot" dont R1 est commun. Dans L2 (ci-dessus à gauche), le départ commun est enthousiasmant mais cela ne dure pas : on "tombe" sur des feuillets surplombants de 10 cm d'épaisseur sur lesquels il faut grimper. Je ne m'attarde pas : on a trouvé ça craignos et, au R2, personne n'a pour le moment eu le plaisir de grimper malgré une belle (et saine) seconde partie de L2. Heureusement, la suite nous redonnera le sourire. L3 (ci-dessus à droite) est un 6c de toute beauté dans la strate de grès médian. Des fissures et des dülfers comme dans le Mont-Blanc.

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Les deux longueurs dans le poudingue sont également très bien (7a court mais teigneux puis 6b+) avec là encore des points un peu plus éloignés que ce à quoi Canaille nous a (mal ?) habitués.

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Pour prolonger le plaisir, on sort par L7 (6c court) de "sous les galets la plage" que l'on rejoint par une facile traversée à gauche. Là encore, ce n'est pas parfait : un point un peu mal placé au niveau du crux et on risque le retour sur la vire. Heureusement, il est possible d'aller clipper ce point en tire-clou puis de redescendre faire le pas sereinement. Encore une belle voie d'escalade sur Canaille. Si vous visez une voie avec plusieurs longueurs en (petit) 7, préférez "bleu comme la mer rouge" ou "sus l'autura" plutôt que "sous les galets la plage", encore insuffisamment parcourue (en même temps si personne n'y va elle va rester en l'état). Disons que si vous n'avez fait aucune des trois, faites d'abord les deux premières. Quant à "rêve d'abricot", c'est aussi une belle escalade avec quelques précautions d'usage dans la première partie de L2. En espérant qu'il n'y ait pas une cordée qui jouisse de malchance.

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Rédigé par lta38

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Publié le 23 Avril 2013

Sur les falaises du sud, on fait de belles escalades. Mais il existe quelques voies qui peuvent s'apparenter à une (grande) course de haute montagne à la journée. Jugez plutôt. Départ tranquille vers 8h30 de la Gardiole. Une bonne heure de marche en direction du Devenson et on arrive aux rappels "d'état d'urgence". Le temps de s'équiper, boire un coup et c'est parti pour cinq rappels en plein gaz (fil d'araignée, au-dessus de 200 m de rien, quelle ambiance !). Au pied de ceux-ci, il est déjà 10h30. On traverse sous le Baou Rouge en suivant des "stats" fraîchement installées et on arrive en haut d'un rappel de 50 m qui nous amène au bord de l'eau. La gestion des cordes prend un peu de temps afin de ne pas les mouiller. On se pause, on mange et il est presque midi quand on attaque la voie. Les trois heures pour arriver au pied (sauf à vouloir se presser) semblent incompressibles. Finalement, c'est comme en montagne. Pour la suite, douze longueurs de grimpe nous attendent. Là encore, c'est comme en montagne.

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Les trois premières longueurs mettent dans l'ambiance. Ce nouvel accès plus rapide que les rappels avec jeté de corde ne font pas gagner de temps car ils rajoutent une longueur de plus (6c) au ras de l'eau. Pas terrible pour s'échauffer. En revanche, ils ont l'avantage (ou l'inconvénient) de supprimer l'engagement initial car une ligne sur scellements permet de les remonter (et ça semble pas bien dur) au cas où notamment la mer rendrait impraticable les premières longueurs. S'ensuit les deux longueurs originelles toujours en traversée : un premier 5c où la moindre zipette garantit le bain au premier comme au second (et en ce qui me concerne la mise à la poubelle du tout nouveau Canon s100 !). On démarre pas tranquille. Idem dans la suivante : le bain n'est plus forcément garanti car on est un poil plus haut (encore que avec le mou de la corde...) mais ça devient dur. C'est annoncé 6b, les mains à plats dans une strate hyper grasse et les pieds dans un dévers sans prise. C'est quoi cette cotation ? Ni Thibaut (7a/b à vue) ni moi ne tentons l'enchaînement !!!

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Il est treize heures et on est encore à l'altitude zéro. On attaque une cheminée en 5c avec des points loin. La sortie est grande ambiance car on se retourne face à la mer. Attention au pendule (+ percussions) en cas de chute ! Après une longueur de transition (5b) où l'on passe dans une arche, Thibaut se colle à la fissure en 6b/c. La sortie est hyper grasse. A tout moment, les pieds peuvent zipper. Magnifique longueur. En second, je suis obligé de laisser pendre le sac sous le baudrier dans la partie "sandwich" (on joue le rôle du jambon).

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A partir de là (R5 originel, R6 pour nous), on peut commencer à parler d'escalade "normale". Du rocher sec et bien adhérant. Ca commence par une longueur en dalle (6b plutôt que 6a+ annoncé) avec des pas obligatoires et qui font bien mal aux pieds puis le crux pour bibi : un magnifique 6c tout en placement avec des verticales. Et toujours quelle ambiance dans le cirque du Devenson. Très beau 6b au-dessus sur des réglettes acérées, bien technique. On se régale. Puis vient une longueur facultative de 10 m tout au plus dans un dièdre très technique (6b bloc). On peut l'éviter par une vire mais Thibaut refuse. Cela ne lm'aurait point dérangé vu l'absence de logique mais autant faire la voie en entier. On arrive au collet de la tour Save.

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L'ultime longueur est le clou du spectacle. Pas bien difficile pour un 6a+ mais d'une rare beauté sur le pilier d'aragonite. 50 mètres d'escalade d'une traite. On en voudrait 300 !!!!

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Retour sur le plancher des vaches. On a quand même mis cinq heures trente pour faire ces douze longueurs. On n'a pas été plus rapide que dans une voie à Presles et c'est une horaire que l'on retrouve dans une belle course de montagne. Après une pause contemplative, on revient en bouclant par le sentier vert de l'Oule plutôt que par le GR. C'est un peu plus long mais on voit du pays. Une heure quinze pour regagner la Gardiole dont la moitié sous une petite pluie rafraichissante. C'est un peu moins long qu'en montagne pour le retour mais l'ensemble reste suffisant pour occuper une journée et pouvoir faire ce parallèle entre une voie à la Dibona, dans les aiguilles de Chamonix et "pour la mémoire de nos enfants", voie moderne des Calanques dans laquelle on ne dépasse jamais l'altitude 300.

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Rédigé par lta38

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Publié le 22 Avril 2013

Là encore, on ne va pas chercher trop loin le titre de ce petit article sur la deuxsième voie du jour "une porcelaine dans un magasin d'éléphant". Avant de partir, on est déjà prévenu sur le rocher que l'on va rencontrer mais ayant entendu pas mal de choses positives sur cette voie, on a envie d'aller voir. Attaque par les rappels "d'ouvreur de bouse" sous les flashes des touristes : 2x50 m et on est au pied de la face. Deux longueurs verticales (6a+ ; 6b) mettent tout de suite dans l'ambiance : c'est beau, c'est sur bacs et bien raide mais c'est bien sale, poussièreux et si le rocher est globalement bon, ça s'effrite sous les pieds et de temps en temps, un pavé va rejoindre la base de la paroi. Il faudra encore un peu de passage pour assainir cette voie label Guigliarelli.

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L3 part en traversée à gauche (6b+) et le rocher s'améliore jusqu'au "jardin". Petite traversée à gauche puis on rejoint la base d'un pilier gris, rocher qu'on n'a pas l'habitude de trouver ici. La longueur est splendide. On pourrait la nommer : comment faire du dévers sans être en dévers. Après le pilier, on traverse à gauche entre les toits sur une série de bacs. Thib' et moi on décote à 6b, superbe ! Reste l'ultime avec le passage d'un gros toit. Le dévers est monstrueux comme en témoigne la photo prise depuis le toit par votre serviteur, prudemment posé sur une dégaine. Ca semble pas si abo en libre (sans doute un petit 7) mais il faut tirer de toutes ses forces sur un feuillet qui ne supporterait sans doute pas un écureuil ou être un peu plus fort pour aller attraper sans intermédiaire le bac salutaire.

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On tire donc au point pour finir dans un beau 6b jaune. Faite ainsi, la voie est homogène dans le 6b et est amené à devenir classique... et de plus en plus propre.

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Rédigé par lta38

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Publié le 22 Avril 2013

Bon ce coup-là je ne me foule pas pour le titre vu que c'est le nom de la voie mais comme ça sonne bien et que je trouve ça joli... Retour (donc) sur les falaises de Canaille. Après un gros déficit de soleil et de chaleur cet hiver, on choisit le rocher du sud à la neige des Alpes. On commence par la grande voie la plus soutenue sur le papier du secteur Draïoun. C'est le premier jour ; on n'est pas pressé et on attaque tranquillement un peu avant midi. La face est encore bien à l'ombre. Les températures sont idéales. Nous optons pour une corde à simple et quinze dégaines histoire d'être fluide dans les clipages et de pouvoir doubler les premières longueurs.

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Ci-dessus, à gauche, Thibaut dans L1+L2 : un petit 6b avec deux pas (un au départ et un sous le R1) pas bien difficiles. Au-dessus de lui, le monstre toit de L3 : une escalade ludique entièrement sur bacs à l'horizontale (6c). Quelques coincements de jambes pour ne pas se dauber et ça passe presque facilement bien qu'un peu impressioné par l'ambiance des lieux. Dément, unique (?) A droite, Thib' sort de l'arche de L4, un joli 5c qui fait donc suite au toit en 6c. En deux longueurs on est donc déjà au R4.

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L4, c'est la longueur clef dans la strate de grès : un fabuleux 7b hyper technique. Thibaut réussit à lire la voie et passe au second essai. La voie vient toucher sa voisine et Thib' fait relais un poil trop tôt (donc sur celui de l'autre voie), si bien qu'après avoir gagné du temps sur les premières longueurs, je suis quitte pour une longueur de 5 m en traversée à gauche.

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Je repars dans le poudingue de L5 annoncé 7a+. Je pars sans trop de conviction mais sait-on jamais sur un malentendu. Alors que l'impensable est sur le point de se produire, c'est à dire l'enchaînement en grande voie d'un 7a+ à vue pour bibi voilà qu'un galet pète et c'est le (petit) vol. Et merde ! Ca passe à l'essai suivant pour cette belle longueur où je me suis régalé même si la cotation m'a paru sympa (7a suffirait je pense). M'enfin, ça fait plaisir aussi de commencer à moins appréhender les surprises dans ce rocher aléatoire. Thibaut enchaîne derrière et aussi le 7a qui suit où pour ma pomme, même en second, il me faudra un petit repos pour lire le passage.
Petit 6b pour finir au sommet de cette très belle voie. L'obligatoire doit se situer dans le 6b+. L'équipement est excellent sur scellements et on ne passe pas dans des piles d'assiettes. Mises à part quelques surprises toujours possibles dans les galets on peut y aller serein avec un niveau 6b/c : on ne tombera pas de haut. Une voie à recommander, sans doute un must de la falaise.

 

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Rédigé par lta38

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Publié le 17 Avril 2013

Bon on y va ou pas ? Telle est la question du jour. Une disponibilité entre 16 et 19h, c'est le créneau parfait pour aller à la dent de Crolles. Oui mais voilà, l'actualité montagne ne parle que des avalanches depuis une semaine. Ca descend de partout. Le risque en Chartreuse est annoncé à 4 sur 5. La corniche sommitale est monstrueuse cette année. Et c'est le moment le plus chaud de la journée. Pourtant, j'ai l'intuition que la neige est quand même bien tassée et que le risque d'avalanche, en tous cas en Chartreuse à ces altitudes (tranche 1300-2000 m), est plutôt limité. Quant à la corniche, en jouant serré, on doit rester réellement dessous qu'une ou deux minutes alors je me décide à aller voir. La route est toujours barrée au parking de la Gorgette mais la neige est encore à quelques dizaines de mètres sur la route, comme c'est le cas normalement début mars ! Parfait pour le retour. Je mets les skis sur le sac et attaque à pied par le chemin de la Gorgette, bien plus rapide que la route, espérant chausser à la sortie de la forêt. Finalement, la neige est bien là mais comme il fait super chaud, je préfère monter à pied par l'arête de la Gorgette (déneigée) où il souffle un petit air bien agréable.

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Au-dessus de ma tête, le pas toujours très bien rempli même si bien sûr, ça s'est dégradé depuis mon dernier passage il y a deux semaines. Comme pressenti, la neige est bien tassée. J'arrive au sommet du pré et finalement, par flemme car c'est court, je reste à pied et trace droit jusque sous les falaises. Même à pied, l'enfoncement est réduit. Je suis très serein concernant la nivologie. On est proche du névé. J'attaque alors le pas de l'Oeille par le couloir de gauche toujours très bien enneigé et qui a l'avantage de ne pas être exposé sous la corniche. Je suis en mode estival : collant intérieur, tee-shirt manches courtes de trail, bob, pas de gants (et ce sera idem en sens inverse). Le sac sur le dos est quasi vide mis à part un peu d'eau mais il a l'avantage de permettre le portage des skis.

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A l'arrière plan, la face ESE de Pravoura, toujours skiable et qui pourrait le rester encore un peu avec le refroidissement prévu. A droite, la ENE est encore bien blanche et déjà que l'an dernier ça passait à peu près, cette année c'est sûr ça va le faire en mai. Une fois arrivé sur la vire médiane (toujours absente, la barre en-dessous est encore totalement recouverte même si on commence à la deviner), je rase les rochers (surplombants). En cas de rupture de la corniche sommitale, je dois pouvoir être à l'abri. Il y a bien quelques faiblesses dans les surplombs mais ça ne dure que quelques secondes. Le plus gros danger provient du bord des rochers. La fonte y fait couler de l'eau qui ronge le manteau neigeux et comme il y en a encore des quantités importantes (trois à quatre mètres sur la vire médiane), on pourrait, en cas d'effondrement, tomber dans un trou et se faire mal. Une fois à l'extrême sud de la vire, la corniche devient visible. On presse le pas et quelques secondes après, on peut s'arrêter sous un petit surplomb. Ensuite, il faut sortir et monter pour gagner la rive gauche de l'Oeille où l'on sera à l'abri. Le passage exposé dure une minute, plus ou moins selon la rapidité de chacun mais il est facile de se refaire juste avant si  besoin et de mettre un coup de collier.

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Finalement, elle s'est bien tassée et ne surplombe pas tant que ça. On ne peut rien garantir mais il se peut qu'elle fonde sur elle-même sans créer le moindre cataclysme. Cela n'empêche pas de jouer la prudence.

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De la prudence, il en faudra encore un peu à la descente car au-dessus de 1900 m, le névé est un poil moins tassé et on pourrait avoir quelques petites coulées de surface provoquées par les skis. Pourrait car personnellement, ça n'a pas bougé. Quant à la corniche, on se sent quand même moins vulnérable skis aux pieds dans ce sens. Encore du bon ski sur la dent aujourd'hui et un pré qui passe sans faire trop de slalom pour encore quelques jours. Ensuite, ça va commencer à s'amenuiser et il sera temps de se rabattre sur la goulet plein ouest dominant le col des Ayes qui garde la neige en dernier. Il y a donc encore de quoi faire ici.

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Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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