Publié le 29 Septembre 2016
Nouvelle montée du soir, espoir. Je pars littéralement en courant. Je ne sais pas si je suis guidé instinctivement par une voix annonçant la couleur de la soirée mais malgré le poids du matériel, je monte à toute vitesse, court parfois, et arrive bien plus tôt que prévu à l'affût, tout ruisselant. Il est 17h. Je bois une des bouteilles du stock déposé ici il y a trois semaines puis m'équipe. Il y a bien quelques gueulards en amont mais il semble y avoir peu de traces autour de l'affût, pas grand chose de nouveau depuis la dernière fois. Je relève la carte mémoire du piège : quatre séquences en cinq jours. Autant dire que le pourcentage de chances qu'il se passe quelque chose ici est bien faible.
Je veux en avoir le coeur net : je décide d'aller faire le point au coeur de la zone. Je n'y suis pas allé l'année dernière car le terrain est raide, semé d'embûches et on a toutes les chances de déranger. Mais après ce début de brame complètement raté mises à part les deux premières sorties qui étaient prometteuses, il faut aller vérifier ce qui se passe. Les quelques raires entendus depuis l'affût se sont tus. Où sont ils ???
J'avance en mode fantôme : je mets une demie-heure pour traverser la partie la plus délicate de la zone, qui passe en moins de dix minutes en marchant normalement. Avec le sol un peu humide, je fais ne quasiment pas le moindre bruit. Il y a des traces mais pas non plus les autoroutes habituelles. Ca semble juste démarrer en fait.
J'arrive ainsi sur une crête secondaire où j'entendais de petits raires ; petits mais pas si éloignés. Je domine alors un belle place de brame mais la trouée est étroite : deux lignes entre les sorbiers. J'aperçois une biche. ca brame. Ils sont là. Je me cale en mode affût mobile désormais immobile contre un arbre, sors le trépied. Pas question de faire un pas de plus...
Je vais rester là pas loin d'une heure au milieu des cerfs. Un douze cors s'occupe de contenir un petit groupe de biches.
Et puis deux jeunes arrivent par dessus (un daguet et un huit). Ils s'approchent jusqu'à dix mètres par moment. Il est vraiment compliqué de faire des mouvements mais quelle ambiance !! Ils mettrons plus de trente minutes avant de comprendre qu'il y a "quelque chose ici". Fort heureusement, le vent est parfait (merci le coup de sud). Ils finissent par s'inquiéter et restent plusieurs minutes immobiles à regarder dans ma direction. Ne pas bouger. Le mode silencieux du 6D est vraiment appréciable. Sans doute par sécurité, ils finissent par remonter d'une cinquantaine de mètres. Je continue de les entrevoir à travers les sorbiers, se remettant à brouter.
En-dessous, le douze repasse dans une des fenêtres. J'espère toujours qu'il va venir vers moi mais ce ne sera pas le cas. Au bout d'un moment, ils ont l'air de bouger dans la direction opposée. Les suivre ne ferait que les déranger.
Durant tout ce remue-ménage, c'est un festival de raires dans la combe voisine. Et comme elle est sur le chemin du retour et que la nuit approche, j'empoigne le matériel et en prends la direction. Je gagne une trouée. Les raires se rapprochent. Je m'installe comme précédemment. Il ne reste qu'un quart d'heure de lumière. Si ça pouvait bouger...
Et ça bouge, un cerf monte à la recherche de biches.
Il reste un instant à bramer au pied de ce bosquet puis repart en arrière. Grrr, alors qu'il y a une jolie trouée en amont. Mais non, le voilà qui finit par remonter et vient dans ma direction.
Je m'aperçois qu'il y a un groupe de biches en amont, qu'il rejoint. Ne pas bouger. Un autre traverse mais les images seront floues en raison d'une mise au point ratée. Je reste en place. Ca brame et ça revient dans ma direction. Je m'attends à revoir ce cerf mais c'est un jeune qui sort. Près.
Je reste jusqu'à la nuit mais ce sera la dernière observation de la soirée. Alors que ça résonne de tous parts, je redescends dans une semi-obscurité jusqu'à l'affût où je range le matériel et sors la frontale pour un retour nocturne le sourire aux lèvres. Quelle soirée !!!