Départ tardif avec le lapin David. Monsieur fait la Foulée Blanche le lendemain et ne veut pas trop forcer. Parfait, je prends les fats. Je n'avais pas encore sorti les gros skis cette année. Je dispose de légers en 85, des skis à tout faire en 94 et de larges en 100. A ce propos, les peaux des 100 étaient fatiguées et avaient été recoupées l'an dernier en fin de saison pour servir de seconde paire aux 85 pour les longs circuits. Et je n'en avais pas racheté. Du coup, j'ai décidé que les peaux des 94 iraient aussi sur les 100. Etant donné que je ne prends les larges que pour les situations de grosse neige, inutile d'avoir des peaux adaptées. Et en plus, ça diminuera le frottement, premier point pénalisant à la montée avec des skis larges, plus que le poids.
Nous pensions aller faire un tour en face ouest mais comme il fait assez doux, direction l'habituel frigo du Gleyzin où beaucoup de randonneurs ont laissé du jus rien que pour monter au parking : plusieurs voitures arrêtées comme il se peut le long de la route faute de pouvoir monter. Et ceux qui y sont arrivés étaient soit en 4x4 soit chainés. L'occasion de rappeler l'anecdote vécu par David il y a quelques années ici même. En remontant sur la route, il se trouve bloqué par un conducteur mal équipé. Celui-ci est en plein milieu et ne peut aller plus haut. Il cherche à couper des branches de sapin pour tenter de poursuivre. S'ensuit une altercation car le Lapin lui demande, en toute logique, de se mettre sur le côté pour effectuer sa manip'. Refus total du blaireau (lapin, blaireau... que d'animaux dans le coin !) qui bloque tout le monde et "fait sa vie". Ce n'est qu'au bout de longues minutes qu'il finira par renoncer. Il est probable que ce matin, la montée au Gleyzin a dû être épique et que certains ont dû y laisser pas mal de temps avant de démarrer skis aux pieds. Rappelons que c'est une route encaissée plein nord, non salée, très étroite et très raide. Probablement l'accès goudronné (je ne parle pas de pistes forestières) le plus difficile en hiver dans nos montagnes. Personnellement, il n'est pas question de m'y rendre avec mon Peugeot Partner et ses roues de 215. Pas sans chaînes... que je n'ai pas (les chaînes, c'est comme les couteaux pour les skis - je déteste ça et en général, on s'en passe en faisant ce qu'il faut). Du coup, j'avais pris la Panda (non 4x4) et ça passe comme une lettre à la Poste. Le mode d'emploi pour le Gleyzin en conditions hivernales est le suivant :
- véhicule quatre roues motrices
- "pot de yaourt" ou équivalent équipé de pneus neige en bon état (Panda, C3, Clio...)
- autre voiture en mettant les chaînes obligatoirement à Pinsot sur la place
- sinon s'abstenir ; on peut aussi aller skier ailleurs, ce ne sont pas les montagnes qui manquent
Au passage, il faut noter que les comportements déplorables observés ici comme l'anecdote du Lapin ou le parking à l'arrach' sans respecter les riverains ont amené d'autres comportement déplorables de la part d'un (ou plusieurs) local (locaux) désabusé(s) et des séries de pneus crevés. Merci donc de respecter le site du Gleyzin.
Départ à 14h pour nous et il semble que le Z (la trace de montée) que l'on aperçoit à l'oeil nu au-dessus du refuge de l'Oule soit "propre", entendez par là, que les premiers ne soient pas encore descendus. Et effectivement, nous allons croiser plusieurs groupes qui descendent. C'est pourtant déjà le milieu d'après-midi et ces groupes sont pourtant partis probablement très tôt. C'est dire le temps perdu sur la route, mais aussi le temps passé par le(s) traceur(s) car de la neige fraîche, il y en a un gros paquet : quarante centimètres dès le départ et plus de soixante au-dessus du refuge. "C'est dément ! On s'est gavé", nous lance un groupe. Nous nous délectons de la descente à venir bien qu'un peu dubitatifs en voyant tout le monde descendre. Trois virages et ça s'arrête. Trois virages et ça s'arrête. Tout à cul, de petites courbes, des chutes... Nous aurait-on menti ? Ce serait donc ça leurs cinq étoiles ?? Parce que c'est beau, immaculé, hivernal, profond ?
Pour aller chercher le soleil, on tire à gauche au passage de Clarant dont les deux-cents derniers mètres ne sont pas tracés. Pour préserver les jambes du lapin pour le lendemain, je me colle au chantier. L'enfer. La montre, qui indiquait 15 m/min dans la remontée au-dessus de l'Oule tombe à 7 m/min et avec une débauche d'énergie de malade. Les skis restent littéralement au fond et le dessus est croûté. A la descente, c'est bien ça. Malgré la largeur, ce n'est pas la fête sauf sur quelques portions. Ca ne déjauge pas. Il faut attendre de passer sous le plateau des Motteux (2100 m) pour retrouver une neige agréable à skier mais bien tracée par les prédécesseurs. Pour en profiter, nous remettons les peaux sous les Grandes Lanches afin de rejoindre une portion vierge en excellentes conditions. Malheureusement, étant donnée la vitesse où elle est descendue, on retrouve vite la trafole. Le boarder sera sympa pour finir.
Au final, une belle montée sèche de 1600 mètres mais un peu déçus de la neige trouvée. A lire les compte-rendus, ça semblait assez généralisé sur Belledonne, sans doute en raison du vent de nord de la veille. Fort heureusement, on attend cinquante centimètres supplémentaires dès demain...