Publié le 31 Août 2019
Ce titre me plaît. Faire de la nature un sanctuaire n'a jamais été ma tasse de thé. Tout l'enjeu de notre ère est de trouver ce subtil équilibre pour que la nature demeure et que l'homme en profite avec respect. Le fameux "jour du dépassement", bien que fictif et discutable, reste une donnée basée sur des critères constants et nous indique que le "contrat" est loin d'être rempli. Pour le moment, l'ensemble "tient" parce que la planète est grande et remplie de ressources. Pour combien de temps ?
En allant relever mes caméras automatiques la semaine dernière, je me suis rendu compte à quel point le loup s'adapte à l'homme et brouille les pistes. En l'espace d'un été, tout ce que je pensais avoir appris sur cet animal a été démonté et je dois repartir de zéro dans mes investigations. Quelque part j'ai envie de dire "tant mieux"...
Pendant ce temps, à cent kilomètres à vol d'oiseau, les éleveurs du Gapençais prennent la préfecture en otage et jouent du chantage pour demander des tirs de loups au coeur même du parc national des Ecrins, là où il est interdit de cueillir la moindre fleur, le moindre champignon, de camper... Fort heureusement les pouvoirs publics tiennent bon, en tous cas pour le moment. Mais pour en arriver là, c'est qu'il y a une exaspération totale des éleveurs sur ce sujet. Je ne milite pas à leurs côtés certes mais ne pas en tenir compte serait ne pas suivre la règle implicitement induite par le titre de ce billet. Je reste critique sur certains points de l'agriculture (intensive, pesticides, exploitation des sols sans répit, sélection des semences...) y compris en montagne, ayant pu encore vérifier récemment l'énorme dégradation d'un alpage par un trop grand nombre d'ovins (si vous faites un tour sur le versant sud des aiguilles de l'Argentière au col du Glandon, vous pourrez vous en rendre compte par vous mêmes : les ruisseaux sont entièrement souillés par les crottes, l'herbe rasée, piétinée... sur des hectares !). Mais il faut bien manger et l'homme aura toujours besoin d'exploiter les terres. En parallèles de solutions d'agriculture responsable et durable, il y a aussi la protection de la profession et les éleveurs qui sont dans les clous au niveau de la prévention contre la prédation méritent d'être entendus. Leur revendications expriment une réalité : la cohabitation "des loups et des hommes" est aujourd'hui un demi-échec de la part des pouvoirs publics.
Bien sûr, il n'est pas question de tirer le loup dans les parcs nationaux et j'ose espérer qu'il n'y a aucune dérogation de ce côté-là. Mais en attendant, il serait tant de faire les choses correctement. Chaque année, on tire de plus en plus de loups et il y a de plus en plus d'attaques. Et si on ne visait pas les bons loups ? Si on s'y prenait mal ? on commençait enfin à se rendre compte que la politique appliquée va à l'encontre de l'effet recherché ? Certes, entre la pression induite par des éleveurs aveuglés par leur colère et le manque de connaissances sur l'espèce en question de la part de nos administrés, il est difficile de faire bien.
En espérant que ce petit monde va se réveiller, je suis allé me balader ce matin avec Olivier dans "ma" Belledonne avant la rentrée. Pas de caméra à relever, pas d'affût. Une randonnée et le ramassage de quelques myrtilles. J'avais quand même emporté le reflex et le téléobjectif en cas de rencontre fortuite, qui n'a bien entendu pas eu lieu. La saison des myrtilles entre dans son apogée. Je n'en ai pas beaucoup ramassé cette année ; on ne peut pas jouer sur tous les tableaux. Demain, nous entrons dans ma saison préférée : l'automne (météorologique). Belle rentrée automnale à tout le monde et vivement la fraîcheur annoncée.