Retour sur les aiguilles de l'Argentière avec François. L'idée de départ est de faire le point sur les possibilités d'ouverture tout en respectant les itinéraires déjà ouverts. On commence par se diriger vers l'aiguille d'Olle puis François propose d'aller voir la Devies - Le Conte de Poly à la Saint-Phalle. Je pars la fleur au fusil dans la première longueur en 5c (qui est la longueur clé). Qui me vaudra un certain pinaillage : pas de pitons et il en faudrait. Deux solutions : s'envoler dans du 5c en grosses au-dessus d'un piton douteux et sur plusieurs mètres sans protection possible, avec des pieds glissants et rien de franc dans les mains, ou pas. Ce sera "pas". Je redescends un peu. Vaché sur le clou, je passe en mode "chaussons" et choisis la solution n°1. Cette fois, je monte plus haut et aperçois un deuxième clou. Cool ! Au moment de le clipper, je tire un peu dessus et il me vient dans la main. L'envie n'y est pas. je ne suis pas du tout "dans" le truc. Désescalade délicate des vingt cinq mètres ainsi gravis et retour à mon idée de départ en face sud de l'aiguille d'elle. Je reviendrai avec du matériel adapté à cette voie. Le 5c annoncé dans mon topo est bien calé et cette longueur reste assez sérieuse. Deux ou trois clous (et donc un marteau) sont conseillés.
En 1h30, nous gravissons l'éperon sud de l'aiguille d'Olle à corde tendue. Beaucoup plus facile. Traversée vers le nord en suivant l'arête jusqu'à la brèche du Chien. Puis col de la Combe puis seconde voie derrière une cordée dans "déboires..." à l'aiguille de la Combe. Faite avec Mick il y a douze ou treize ans, je n'en gardais pratiquement aucun souvenir. Et bien c'est une très belle voie avec un peu de 6a en première longueur et une L2 soutenue en 5c. Toute équipée mais parfois avec de l'espace entre les points. De plus en plus de plaisir pour moi de faire ce genre de voie en grosses. Retour à pied par la voie normale et le col de la Combe, une seconde fois donc.
Et au passage, une petite réflexion sur les escalades en trad. Certains grimpeurs, qualifiés parfois par d'autres "d'ayatollahs", s'insurgent du "trop" de voies sur plaquettes ou du rééquipement d'anciennes voies. La réalité sur le terrain demeure sans appel. Ce sont les voies équipées qui voient passer 90% (ou plus) des grimpeurs. Et pour les voies de trad' qui ont un peu de succès, ce sont soit des voies faciles (type traversée de la Meije), soit des voies qui se protègent bien (granite du Mont-Blanc par exemple). Les autres, très peu parcourues) peuvent être classées en deux catégories : les voies un peu mythiques et les (quasi) totalement oubliées. Les voies un peu mythiques (type face nord pic sans nom, Olan...) doivent garder leur caractère. De plus, étant parcourues de temps à autres, sont généralement équipées de clous aux passages clés. En revanche, je m'interroge pour les voies oubliées qui n'ont aucune aura comme cette Devies en Belledonne. Je serais passé avec un marteau et quelques clous. Certes. Mais je serais également passé sans marteau et clou avec une plaquette à l'endroit de la retraite. Le problème ici était de l'envoler au-dessus d'un piton douteux, unique point d'assurage sept ou huit mètres au-dessus. Si le point ne tient pas, ce sera le sol. Alors tant pis pour moi et mon manque d'audace ce jour-là. Ou tant mieux si cela m'évite de mal finir. Et tant pis pour la voie si elle est peu ou pas du tout reprise. Cependant, on peut se poser une question pour ce genre d'itinéraire. Doit-on le laisser tomber dans l'oubli ou lui redonner un minimum d'intérêt avec un rééquipement a minima (3 à 5 plaquettes sur une face de 300 m + éventuellement certaines à des relais qui seraient compliqués à élaborer) ? Le débat est ouvert.