Etant presque novice dans ce domaine, j'ai toutefois beaucoup appris en six mois ; que dis-je, en trois mois ! Cependant, il me reste tant à apprendre ! Ce partage est donc tout autant pour rendre compte de mon expérience au complet novice comme pour avoir les réactions des vrais habitués afin de corriger/progresser.
Ouvrir une voie (du bas), impose d'abord de porter le matériel. D'où une recherche, mais ça je sais faire, de la légèreté absolue. Mais il faut toutefois ne pas se passer d'un outil qui serait indispensable et parer aux éventuelles (mauvaises) surprises. Par où on commence ?
Le Harnais : léger et confortable pour l'attente au relais et les pauses pendu sur un friend, un crochet ou autre. Le Sitta (Petzl) remplit très bien ce rôle ! 240 g en S. Noter le porte-marteau maison.
Les friends. Les Camalot (Black Diamond) restent une référence. Les modèles ultralight (du 0.4 au 4) permettent d'économiser de précieux grammes et n'ont pas d'équivalent.
Camalot UL 0.5 et 2 (Black Diamond)
Les dégaines. Nombre à optimiser selon ce que l'on pense ouvrir. J'utilise les Ange (Petzl) que j'ai depuis un bon moment mais d'autres modèles légers font tout aussi bien l'affaire.
Des pitons. Y compris dans le cadre d'ouverture d'une voie entièrement sur plaquettes, une lame et une cornière pourront rendre de précieux services. Evidemment, s'il s'agit d'une voie en trad, on emportera davantage de clous.
Deux vieux pitons Charlet-Moser
Les points. On a le choix entre le diamètre 12 et 10. Le 10 est amplement suffisant et on gagne énormément en poids (pour le transport) mais aussi en diamètre (forcément) et en longueur de perçage donc en batterie donc en nombre de points "mettables" avec un accu chargé à bloc. Pour info : point (complet) Petzl coeur bolt inox 10 = 110 g (117 g pour l'équivalent chez Fixe) ; en 12 (Fixe) = 150 g !! Ma préférence niveau finition reste la Coeur Bolt. Le goujon est aussi un poil plus court (que l'équivalent chez Fixe) ce qui permet de percer presque 1 cm de moins et donc, de gagner plus de 10% de batterie. Ce n'est pas négligeable. Attention à bien percer toute la longueur du point (et pas seulement la longueur du goujon qui sera dans le rocher car en cas de raté, cela permet d'enfoncer complètement le goujon au marteau et de le rendre quasi invisible).
Coeur Bolt inox 10 (Petzl)
Le perfo. Ici un Bosch GBH 18V EC (1,7J). Poids : 2,1 kg avec son équipement (+ 550 g pour l'accu). Il faut le customiser un peu pour pouvoir le porter en bandoulière. Ci-après, mon système réalisé à partir d'une sangle molletonnée destinée au transport d'un trépied photo (dont je ne me servais jamais). J'ai également réalisé un protège-mèche (petit tube creux) grâce à l'idée de Xavier Dorel (merci à lui), escamotable facilement et maintenu par un élastique. Il ne s'agit pas de se planter la mèche en cas de chute, et même de se brûler avec juste après avoir percé. L'accu de 5Ah est un excellent choix. Avec un second accu et une mèche de qualité, on ne pourra pas parvenir à l'épuisement de l'énergie disponible avant épuisement du stock de points. En gros, vous ne pourrez pas transporter suffisamment de points !!
A noter qu'il n'y a pas de système de sécu. Le perfo est tenu à la main, en gardant la sangle en bandoulière quand c'est possible, sinon à bout de bras... S'il vient à tomber dans la manip, c'est mort. Et l'assureur en-dessous ne sera pas à la fête, sans le protège mèche !!! A voir pour les situations difficiles : il doit falloir le laisser sur le point précédent et le récupérer à l'aide d'un ensemble fifi + cordelette (suffisamment longue). Pas encore testé ; je n'ai équipé que des lignes bien en-dessous de mon niveau max (6a+ maxi sur du très court). Je perce en équilibre sur les pieds, en me tenant de la main gauche au rocher.
Perfo, gros plan sur le protège-mèche et accu
La mèche. Il existe plusieurs marques. Celle-ci est top avec une pointe à quatre pans. Dans du granite (ce qu'il y a de plus dur), j'ai pu planter 37 points (diamètre 10) avant d'épuiser l'accu avec une mèche neuve !!! Dans du calcaire, on passe sans souci la quarantaine. Je me demande s'il n'y a pas moyen de prendre un foret de 5 cm de moins quand même ! (à noter le marquage au scotch pour la limite du perçage). Ne pas lésiner sur la mèche (entre 8 et 10€) et sur son état. Mieux vaut dépenser quelques euros de plus que de devoir revenir une journée supplémentaire sur site pour finir le travail (entre le temps, la fatigue, l'essence... on ne fait que perdre !!!). Pas de place pour les rats dans ce petit jeu.
Mèche quatre pans avec marquage de la longueur totale du goujon
La clé. Une clé de 17 pour visser les goujons de 10. Celle-ci (photo ci-dessous) est un peu trop longue et le bras de levier risque de casser le système : il faudrait en trouver une plus courte (ou la scier) ; en attendant, ne pas serrer comme un mulet. Pas de cordelette pour sécuriser la clé ; les cordelettes finissent pas s'emmêler et c'est vite un gros bazar sur le harnais. En cas de perte ou casse (ce qui sera toujours possible avec une cordelette), il faut de toutes façons une clé de secours. Une petite clé à molette permettra en outre d'utiliser d'autres diamètres (par exemple, si on a quelques goujons de 12 dans le tas ; ou pour serrer un maillon rapide destiné à un rappel).
Clé de 17 et petite clé à molette de secours
Un crochet. Pour percer "sereinement" si on est au taquet. A ce jour, il est resté sur le porte-matériel mais je ne désespère pas de pouvoir l'utiliser :D :D :D.
Ici un crochet (Black Diamond) avec trois embouts différents
Le marteau. Indispensable pour enfoncer le goujon avant de visser. Là, la cordelette est utile pour éviter de le perdre car on ne va pas emporter un second marteau de secours. La manip' est la suivante : on perce, on place le goujon à la main avec la dégaine dessus (le goujon est déjà sur la dégaine sur le porte-matériel, il ne faut pas perdre de temps si on est en équilibre précaire) et cela tient tout juste. On se saisit alors du marteau et on tape un premier coup pour commencer à entrer le goujon. Là, je maintiens la dégaine vers le bas avec l'index de la main gauche et je frappe avec la main droite. Cela maintient la plaquette dans le bon sens et évite de frapper sur la plaquette et sur le mousqueton du haut de la dégaine. Une fois l'ensemble enfoncé, je mousquetonne la corde et peut, si besoin, me "cabestaner" dessus. Il reste alors à visser tranquillement.
Vieux marteau Camp. Lourd mais on peut taper comme un mulet. A voir un autre modèle plus court et un peu plus léger.
Le relais. Il comporte deux points, généralement espacés de 30 à 50 cm, l'un au-dessus de l'autre mais pas à la verticale. En fait cela dépend surtout de la configuration du rocher. Si un bloc s'avérait un tantinet douteux, il est plus que conseillé de ne pas mettre les deux points dessus. Pour un relais de rappel, il est déjà prêt (corde entre les deux points, maillon rapide serré à la clé). On perce un premier trou, on plante le premier goujon (celui du bas, avec le maillon) et on perce pour le second au-dessus en fonction de la longueur de la corde de liaison (tout cela avec de l'anticipation avant le premier perçage...)
La brosse à gratter. Une petite brosse métallique pour les lichens et mousses gênantes. Ce modèle n'a pas encore été expérimenté mais il est petit et léger. Il devrait dépanner mais s'avère insuffisant pour de gros travaux.
De la cordelette. En rab, en fond de sac. Pour une échappatoire. Avec peut-être un maillon rapide, un Escaper (Beal) selon la longueur de corde qu'on aura emporté. Un gros casse-tête car on est déjà chargé et la corde, c'est ce qui peut être de plus lourd. A chacun de voir en fonction de ses projets.
Et le casque ? Encore une fois, le poids et le poids ! Le nouveau Sirocco Petzl se fait quasiment oublier sur le sac : 170 g en taille S, suffisant pour ma petite tête.
Le sac à dos pour porter tout ça. Là encore, pas de choix unique mais des dizaines de possibilités. On fait avec qu'on a mais un dos confortable et une bonne ceinture, ainsi qu'une capacité d'au moins 30 litres sont nécessaires. Ce modèle Terrex (40 litres, avec sangles de compression latérales pour adapter le volume au contenu) est ce que j'ai trouvé de mieux dans ma cave. Il n'est pas trop lourd (1 kg environ) et suffisamment adapté pour porter jusqu'à 15 kg. Avec fermeture rapide à enroulement.
Adidas Terrex Solo Lightweight
Et bien sûr, optimiser tout le reste. En Belledonne, gourde filtre (pour moi Katadyn Be Free, déjà maintes fois présenté ici) vide qu'on remplira au dernier moment (des torrents partout), coupe-vent ou pas, quelle bouffe ? bâtons pour aide à la marche...
Bon courage ! Et merci de vos retours/conseils !