Il y a deux ans, je vous avais vaguement parlé d'un renard venu chaparder de la nourriture sous l'abside de la tente. C'était dans le Vercors, pas si loin du pas de l'Aiguille où un autre renard, probablement mort depuis, faisait parler de lui dans les années 2000.
En ce vendredi soir, nous partons le plus vite possible pour aller pique-niquer au col de la Charmette avant de monter poser la tente quelque part entre Grande Sure et Lorzier. La soirée est splendide. Au programme : belles lumières, mouflons, jonquilles et quiétude. Il est 2h du matin lorsque je suis réveillé en sursaut. La tente bouge ; je pense dans un premier temps que le vent s'est levé. Il me faut quelques secondes pour m'apercevoir que c'est un renard qui s'est immiscé sous l'abside. Dans un premier temps, je lui parle "dégage !". Comme si goupil parlait Français ! Sans effet, je m'approche de la toile et réitère. Il me faut alors lui mettre un taquet à travers la toile pour qu'il daigne reculer mais revient aussitôt. Je sors alors en slip : il est là, à un mètre, stoïque, avec le reliquat de la mousse au chocolat Trek'N Eat (au passage, vraiment pas mal du tout pour un dessert, juste penser à mettre moins d'eau que le niveau annoncé, quitte à en ajouter après, et bien bien remuer). Je finis par le chasser mais il reviendra faire une nouvelle (et dernière) tentative trente minutes plus tard. Evidemment, les filles auront fini par se réveiller et il faudra les rassurer pour qu'elles puisse se rendormir. Entre temps, je retrouve la doudoune de Emie sous l'abside. Mais comment est-ce possible ??? Il faut se rendre à l'évidence : goupil a déchiré la tente avec ses crocs pour pénétrer la tête à l'intérieur. Oui, vous lisez bien. Un trou de plus de 10 cm de côté. Et mise à part une grosse tente de camping en coton type Marechal à 20 kg que personne n'emporte ici, aucune tente de bivouac n'est apte à résister aux canines d'un renard ! Randonneurs, vous être avertis. Et après prise d'informations auprès de connaisseurs du secteur, ce goupil semble être connu comme renard que rien n'arrête. D'un autre côté, les randonnées du coin sont brèves et se font très bien à la (demi-)journée et il y a des tas d'autres spots ailleurs pour aller dormir dehors. En tous cas, pour éviter une nouvelle destruction du matériel, je ne renouvellerai pas le bivouac ici. Je peux comprendre que certains randonneurs déjà craintifs de la nuit elle-même aient pu paniquer dans une telle situation et créer des anecdotes loquaces. Je pense notamment à ces randonneurs des Ecrins qui avaient fuient de nuit en courant en annonçant une attaque de loup (qui ne devait être ni plus ni moins qu'un renard aux même intentions que celui de la Sure) ou encore ces autres ayant déclenché les secours suite à des bêtes sauvages rôdant autour de la tente. En cas de situation similaire, ne pas paniquer mais sachez qu'il faudra intervenir pour faire fuir l'intrus. Notons au passage que les vrais intrus, ce sont nous qui nous immisçons sur le territoire des animaux. A méditer.
Pour le reste, nuit excellente (!) mise à part cette parenthèse, belle randonnée en boucle avec retour par le goulet d'Hurtières plutôt que le chemin de la Grande Vache qui concentre l'immense majorité des randonneurs alors qu'il reste un des sentiers les plus laids de toute la Chartreuse !!