Chacun sa recette. Pour certains, ça se passe tranquille sur le canapé à regarder la télévision. Ca peut m'arriver... mais très rarement. La meilleure façon de passer une soirée reste pour moi l'extérieur, quand le corps ET les yeux s'expriment. Et c'était sans doute la soirée à saisir cette semaine.
Départ avec la télécabine de Chamrousse compte tenu de l'heure puis descente aux lacs Robert avant de rejoindre le pied du Grand Eulier. La voie Gaspard, astucieusement équipée par Philippe Halot, gagne l'antécime en 6 longueurs. A noter que Philippe avait bien annoncé "5" pour le passage raide de la quatrième longueur. Sur c2c, la longueur est notée... 4c. Je n'avais pas osé mettre plus que 5a dans mon topo Belledonne escalade mais dans ce niveau de difficulté, les égaux des uns et des autres ayant peu d'importance, mieux vaut mettre un peu trop que pas assez. D'autant qu'ici, pour les petits, le passage n'est pas forcément évident car ils n'ont pas la bonne prise main du premier coup. 5b (sur un pas) ne me choquerait pas.
Après le bout d'arête facile, nous sommes au pied du mur final (50 m, faisable en deux longueurs) où nous hésitons entre l'un ou l'autre des trois lignes. Finalement, ce sera la centrale "Hal orange...", là encore, souvent sous-cotée. On peut considérer que nous avons deux (très jolies) longueurs en 5b. Après avoir fait la première en tête (histoire de m'assurer qu'il n'y ait pas de piège, mes souvenirs datant un peu), je redescends et c'est Stella qui mènera la cordée jusqu'en haut. Pas d'exploit, rien d'exceptionnel mais la fierté du Papa de voir les progrès et l'autonomie, et d'entendre, au moment où, pas tranquille, je donne quelques conseils d'une voie inquiète : "Papa, fais-moi confiance !".
Poser les paires, installer le relais et assurer deux seconds. Voilà, c'est fait. Repas du soir au sommet et descente sous la plus belle des lumières, dans la quiétude de la montagne d'un soir de semaine de début d'été. Magique !