La semaine qui vient de s'écouler aura été marquée par de fortes chaleurs (i.e. Tmax >30°C) voire même de très fortes chaleurs puisque la station météorologique de Grenoble-SMH a enregistré une température de 34,6°C et que donc, localement, on a forcément dépassé les 35°C ! Un phénomène qui fait suite à un hiver très éloigné de la norme et marquant par sa sécheresse. En effet, dans les Alpes du nord, après un départ exceptionnel (enneigement record de longue date à la mi-décembre), l'essentiel de la saison (i.e. de janvier à avril inclus) n'aura vu qu'une poignée de journées pluvio-neigeuses, séparées par de longues périodes anticycloniques. Pire ; les Alpes du sud (et dès le col du Lautaret) n'ayant pas bénéficié des chutes de neige de début décembre, ont vécu un hiver catastrophique, notamment au sud et à l'est des Ecrins, qui ressemble même à un "pas d'hiver du tout". De mémoire, mêmes les très mauvaises années dans les Alpes du nord depuis que je pratique la montagne en hiver (je pense notamment à 1993) n'ont pas été aussi mauvaises...
Cette sécheresse dramatique pour l'accumulation neigeuse (et donc les réserves d'eau) ne s'est pas trop remarquée de visu pour le commun des mortels avec un enneigement resté continu longtemps à 1000 mètres et la balise nivôse du col de Porte (point de repère remarquable) est définitivement passée à zéro le 20 avril (alors que la moyenne se situe au 17). Il faut dire qu'avec ces journées de beau temps, le ciel clair nocturne a permis un bon regel tout au long de l'hiver et sans coup de foehn.
Les choses ont commencé à sérieusement se gâter à partir du printemps avec la conjonction de plusieurs facteurs :
- Toujours pas de pluies significatives
- températures globalement (bien) au-dessus de la moyenne pendant plusieurs semaines
- cumul d'enneigement au sol faible du fait de la sécheresse de l'hiver
- plus de deux semaines consécutives avec une température maximale allant de 5 à 12°C au-dessus de la moyenne en mai
Les Pyrénées, qui avaient un enneigement un peu meilleur que dans les Alpes se sont littéralement faites massacrer en raison de la couche de sable tombée en mars. La station nivôse du port d'Aula est passée ces 6 derniers jours de 120 cm à... plus rien du tout. Une fonte de 20 cm/jour qui me semble être quasi un record (non ?). En Belledonne, on retrouve la fonte habituelle (un peu plus de 10 cm/jour) lorsque les températures sont à ce niveau avec un passage de 90 cm à 20 (balise de l'Aigleton). Mais le fait que cette débâcle soit conforme aux températures ne doit pas masquer le véritable état des lieux :
- la station de l'Aigleton est en passe d'être à zéro près de trois semaines avant la date moyenne de ces onze dernières années (je n'ose pas imaginer si on compare à la date moyenne de la période 1980-2010, déjà marquée par un léger réchauffement) qui se situe précisément le 14 juin.
- l'écart entre la fonte au col de Porte et à l'Aigleton (en schématisant, aux altitudes 1300 et 2300 dans les Alpes du nord) est de deux mois au printemps. Cette année, il sera de guère plus d'un mois. Les limites de l'enneigement continu actuel s'apparentent à celles d'une mi-juin mais avec le faible cumul de neige en général, ces écarts devraient se creuser. La catastrophe pour les glaciers sauf "glaciation" exceptionnelle durant l'été à venir.
En résumé, une semaine inquiétante qu'on aurait envie d'oublier. Quelques sorties illustrant (ou pas) cette débâcle précoce.