Ca commence à faire quelques passages sur ce sommet. C'est une histoire qui a commencé en 1997 avec Pascal et Nico jusqu'au sommet puis avec mon frère pour la traversée vers la croix.
Au fil du temps, j'ai échafaudé des projets sur ce sommet. Y revenir simplement pour le plaisir, emmener quelqu'un ou le réaliser un peu "différemment". Le premier fut l'arête du Doigt histoire de monter versant Allemond avec le regretté "Petit" Matthieu (2003). Il a ensuite bien fallu le skier suivant la ligne ouverte par Volodia Shahshahani. Ce fut en mai 2004 avec Lionel Allemand. Ensuite, ce fut la face nord-ouest par la voie Rébuffat, accompagné de Thibaut en juillet 2009 (sortie 17). Deux ans plus tard, l'idée germait de le faire en express depuis la fin de la route de la Gorge, avec l'ami Oliv'. Cet A-R rapide m'avait poussé à y retourner mais cette fois, en partant de la maison avec approche vélo. Ce fut à l'automne 2014. Mais ce n'était pas tout.
Je m'étais mis en tête de réaliser la traversée en solo intégral. Et une première tentative de repérage avait apporté beaucoup d'éclaircissements : d'abord la faisabilité du projet mais aussi l'idée d'intégrer cette traversée dans un tour complet du lac Blanc par les arêtes de ses 12 sommets. Ce fut chose faite avec l'ami François un mois plus tard. Un de mes plus beaux souvenirs en Belledonne assurément.
Entre temps, j'y suis revenu pour le simple plaisir de partager ce sommet avec l'ami JP, tristement décédé cette année ou encore avec Cat' qui n'y étais jamais allée. Et bien sûr, pour réaliser ce projet de solo : un très grand moment !!. Il m'en restait une dernière dans les cartons : dormir au sommet. La météo de ce vendredi est au grand beau sans risque d'orage. Pas de vent et canicule en plaine. Ne serait-ce pas le créneau quasi parfait ?
Il y a de la place pour deux cordées ; c'est même plutôt spacieux. Côté matériel, il paraît indispensable de déposer un tapis en mousse basique pour éviter de percer le matelas. Petit supplément de poids mais au demeurant peu gênant tant on est peu chargé pour aller faire l'arête nord (normale ou intégrale) puis la traversée classique vers la Croix le lendemain (32 m de corde + Escaper suffisent pour les rappels).
J'ai rarement aussi bien dormi en bivouac sans tente. Le luxe de la fraîcheur, toute relative car à 3000 mètres à 7h du matin, on ne supportait déjà plus la micro doudoune... Et les bouquetins qui nous accompagnent sur le sommet toute la soirée !!
Pour cet é-nième passage sur la traversée, je me pose des questions concernant l'équipement. On trouve quelques rares plaquettes ou pitons, parfois à des endroits inutiles, mais souvent rien et parfois rien à des endroits où on n'arrive pas à protéger. On pourrait engager une concertation avec les acteurs de la montagne. Le débat est ouvert mais de mon point de vue :
- Les 3 rappels sont équipés mais on pourrait les rendre "propres" avec une deuxième plaquette (plutôt qu'un piton parfois douteux) voire une chaîne.
- Pour éviter l'utilisation d'un auto-décrocheur de rappel (délicat pour le grand public) et donc éviter d'emporter un second brin de corde qui ne servira à rien d'autre que pour ces rappels sur 2000 mètres de dénivelé, permettre au leader de la cordée de les désescalader sans être en solo en ajoutant deux ou trois points dans ces longueurs de rappel (protections naturelles quasi impossibles).
- ajouter deux ou trois points sur la traversée : dans la traversée après le dernier rappel, dans la traversée après le premier 4c, dans le crux du second 4c.
L'autre idée c'est évidemment de ne rien toucher et que chacun fasse avec l'équipement en place. Mais comme des plaquettes ont déjà fleuri ça et là, on peut à mon sens réfléchir sur comment améliorer l'ensemble sans que la traversée des Trois Pics ne devienne une voie équipée. Dans tous les cas, je trouve cette course toujours aussi belle et il faut reconnaître que le coin a vraiment de la gueule.
A noter la seule véritable petite contrainte : l'eau à emporter (nous avions pris 3 litres chacun depuis la glacier) soit 3 kg de plus entre 2400 et 2977 m dont l'escalade de l'arête nord intégrale (car bien évidemment, du parking au glacier, nous n'avons pas porté le moindre centilitre même avec la canicule car les points d'eau se trouvent au pire tous les 300 mètres de dénivelé).