Repérée par Julien à l'automne dernier lors de l'ouverture de Barbarossas, cette ligne qui mène au sommet même des Ilettes était tentante. J'y étais remonté la semaine dernière avec David (merci à lui) pour peaufiner les repérages et porter du matériel nécessaire à l'ouverture.
Et finalement, l'affaire aura été rondement menée, plus vite que prévu, malgré une péripétie qui aurait pu avoir de fâcheuses conséquences. En effet, pour atteindre l'attaque, il fallait désescalade dans le trou formé entre le rocher et le névé résiduel. La fleur au fusil, je m'exécute avec relâchement quand un pied zippe. Et voilà que je tombe de tout mon poids dans le bousin. Fort heureusement sans bobo.
Il est 10h quand nous attaquons. Il nous faudra 4h30 pour sortir au sommet, bien chargés de matériel... dont beaucoup aura été porté pour rien. Au final, c’est une voie très montagne qui remonte les flancs du grand couloir issu du sommet même des Ilettes. L’escalade est facile ; les deux ressauts en 5b sont évitables par du 3. Les longueurs sont peu soutenues. Le rocher est bon mais il reste pas mal de pierrailles sur les vires de la partie inférieure. Prendre garde en cas de plusieurs cordées dans la face. L’ensemble se protège bien avec des friends dès que ça dépasse le 3. Les seules sections où il faut grimper sans chercher à protéger sont faciles. C’est une belle initiation au terrain traditionnel.
Le topo
Ilettes 2700 m, face sud « la ligne verte »
250 m - 5b max ; 4c obligatoire
Ouverture : Julien Pierson, Lionel Tassan 27 juin 2023, aidés par David Ronayette.
En place, 2 goujons inox 10 Petzl par relais + 1 à 3 points par longueur.
Matériel nécessaire : corde à simple 50 m, 8 dégaines, Friends 0,3 à 3, quelques sangles.
Approche (2h30 de la Betta ou du Rivier-d’Allemont)
De la Betta, rejoindre le pas de la Coche puis suivre le GR738 vers le nord. Du Rivier, monter en direction du pas de la Coche et rejoindre le GR738. Prendre la direction du col de la Vache. On parvient à un plateau vers 2350 m. A l’extrémité est de celui-ci, monter droit vers la face. Repérer le grand couloir sud. La voie attaque à gauche de celui-ci, sur le pilier qui le borde. Départ au plus bas de ce petit pilier (plaquette visible).
Cheminement
L1 : Remonter ce pilier sur quelques mètres (5b, 1 point) ou le contourner par la droite (3b) puis poursuivre plus facilement (3c). Ne pas monter en direction d’un petit pin bien visible mais traverser à droite au bout de 35m pour faire relais sur une vire confortable.
L2 : Partir en ascendance sur la droite sans aller jusque dans le couloir. Franchir un petit passage un peu plus raide (4a, 1 point) puis faire relais sur une terrasse confortable (35 m).
L3 : Franchir un petit mur (1 point) puis poursuivre non loin du fond du couloir par des gradins de pierrailles jusqu’au pied d’un petit mur qu’on franchit (4b, 2 points). Relais confortable un peu au-dessus (45 m).
L4 : Le couloir forme un Y. Gagner facilement la branche de gauche puis traverser à droite remonter un mur vert puis un peu plus lichéneux, donc entre les deux branches du Y (4c, 2 points). Le relais se trouve en haut de ce mur légèrement sur la droite (45 m).
L5 : Rejoindre facilement le couloir à gauche : on parvient au pied d’une belle dalle jaune en son centre. Ne pas s’y diriger mais remonter de belles dalles fissurées sur la droite (4b, 1 point) pour faire relais juste avant que le pilier se redresse (40 m).
L6 : Gravir le pilier à droite (4c, 1 point assez haut bien visible du relais). Poursuivre par des dalles plus couchées (3b, 1 point) et faire relais au pied du mur terminal (45 m)
L7 : Tout droit par un mur raide en direction d’une brèche (5b, 2 points). Sortir sur l’arête ouest et aller faire relais un peu plus haut. On peut éviter le mur final par les dalles vertes à droite (3b). 25 m. Le sommet est à trois minutes.
Descente : par la face ouest (gradins pierreux et névés) jusqu’à un replat flanqué d’un petit lac puis tout droite à gauche dans des pentes raides pour revenir au grand replat au pied de la face sud.
NB : la première longueur est en granite mais la suite semble être de la serpentinite d'où cette couleur verte. Deux photos d'ambiance seulement, prises à la Dji Osmo (on est suffisamment chargé dans ce genre d'entreprise pour se permettre d'emporter le gros appareil).