Avalanche à l'Eau-d'Olle
Publié le 30 Octobre 2014
Il y a onze ans jour pour jour, nous démarrions la saison en fanfare. Volo, bousculé ; Serge, enfoui sous un mètre soixante de neige et frôlé la correctionelle. Tout était bien qui finissait bien. Des détails ici, là sur mon ancien site et aussi sur Volopress, ici et encore là sur cet incident marquant dans une vie de skieur-alpiniste.
Aujourd'hui, je ne partage plus ma réaction "trois semaines plus tard" car une fois que la course est choisie, je pense que le mal est fait et qu'il est très difficile de faire demi-tour sauf danger évident. Et le problème de l'avalanche, c'est que c'est un danger sournois. On ne le voit que lorsque c'est trop tard. Loin de moi l'idée de donner des leçons après les risques que j'ai moi-même encourus durant des années et qu'on encourt tous en pratiquant même en étant relativement prudent, ce petit article est là pour rappeler que le danger reste présent tout au long de la saison, qu'il faut être vigilant, bien choisir sa course, éviter aussi les jugements des erreurs des autres...
Un test DVA sera publié dans Montagnes Magazine cet hiver. Cet outil est incontournable dans notre pratique, associé bien sûr à une sonde et une pelle mais ne doit pas nous faire prendre plus de risques que si on s'en passait. Bon skis à toutes et à tous.
La quantité de neige tombée, le double/triple de ce qui était annoncé dans le bulletin, nous alerte mais le temps passé sur la route et derrière le chasse-neige, associé au soleil qui pointe son nez, nous pousse à y aller quand même.
Et sur place, il est très tentant de continuer.
Au pied de la pente terminale... Serge a pris le relais et s'arrête.
Serge : Je sais pas où faut passer ; je vous laisse voir.
Volo : C'est chargé, on devrait prendre l'arête.
Lio : Ben l'arête c'est soufflé/déneigé ce sera inskiable à la descente autant s'arrêter là ou alors on va directement dans la pente en s'espaçant.
Je repars donc dans la pente et fais la trace.
Serge : ...
Volo : Tu veux vraiment nous la faire partir dessus cette pente hahahahahaha !!!
Et tout le monde suit quand même, le sourire aux lèvres. Volo ne croyait pas si bien dire...
A mi-hauteur, je suis hyper stressé. les deux compères attendent en bordure au niveau d'une conversion. Je m'arrête.
L : Je la sens pas, c'est tout "plaqué", j'ai l'impression que ça va tout partir, je suis pas tranquille, on fait quoi ?
V : On déchausse et on se casse.
L : Et si ça part pendant qu'on déchausse on est mort. Ne vaudrait-il pas mieux traverser un par un vers l'arête et redescendre à pied par celle-ci ?
V : Va pour l'arête.
Je traverse précautionneusement et arrive sur l'arête.
L : Au suivant !
Serge traverse. Il arrive à mi distance de son point de départ et de l'arête, le pire endroit, en plein milieu de la pente. Et là, un craquement. Tout se dérobe mais pas sous lui : au-dessus, sous la corniche sommitale. L'avalanche lui fonce droit dessus.
L : Ca part, cassez-vous !!! Dégagez !!!
S : "Putain, où ça... ?"
Une demie-heure plus tard (et on n'a pas eu l'impression de traîner), Serge est sorti par nos soins sous 1m60 de neige, intact bien qu'un peu "refroidi". Les secours prévenus dès le début arrivent encore vingt minutes après. Ouf !!!