Bienvenue chez Damoclès
Publié le 7 Mai 2011
De passage à Marseille chez le frérot, il n'était pas envisageable de repartir sans grimper ensemble. Comme à l'habitude ce sera pour une grande voie de fin de journée, en calculant pour profiter de la journée en famille en partant le plus tard possible sans finir à la nuit. Direction le fief de Cédric, j'ai nommé : le cap Canaille. Secteur "nouveau" et pas encore autant à la mode que les "vraies" Calanques, Canaille réserve des escalades majeures avec de l'ambiance et un accès rapide "type" Verdon. En 10 minutes d'approche à pied et deux rappels de 50 m plein gaz via l'itinéraire "bis" que connaît Ced, nous sommes déjà à l'attaque de "Bienvenue chez Damoclès", une voie de 8 longueurs centrée dans le niveau 6.
Dès la première longueur, nous (enfin moi) prenons contact avec ce rocher si particulier. Un rocher très clair et très sculpté. Ca démarre assez sec avec un premier pas bien teigneux dès les premiers mètres puis un autre un peu avant le relais au sortir d'un surplomb.
Du bon 6a+ mais il faut prendre le temps afin d'enchaîner pour aborder psychologiquement les difficultés supérieures de la voie. Cédric se colle à L2, un peu mois difficile (6a) mais présentant aussi deux pas de bloc entrecoupés d'une section plus facile mais toujours très belle. Les longueurs sont un peu courtes et les difficultés par très continues mais l'essentiel, la belle gestuelle, le beau rocher et le beau cadre, sont là.
L'équipement, via Jean-Louis Fenouil (JLF) est irréprochable sur goujons. On peut aborder cette voie en toute sérénité. Les relais sont hyper confortables et situés sur de grandes terrasses. Je les trouve un peu poussiéreuses et caillouteuses (même carrément...) mais ça fit rire Cédric : si tu avais vu à l'ouverture ce qu'on a envoyé en bas dans la garrigue... ah ok...
Bon fini de rire, je me colle à L3 qui, après un peu de 6a change radicalement de difficulté. Il faut franchir un mur blanc avec un passage teigneux qui côte (au moins) 6c.
Je n'éviterai pas les deux points d'aide et ça passe même plutôt (trop ?) facilement ainsi. La suite est somptueuse sur un rocher qui change radicalement : un beau grès gris-marron d'excellente tenue où l'escalade, toute en finesse (6a obligatoire) est splendide.
Une fois de plus, on réfléchit, on regarde avant de grimper vers le point suivant.
Comme dirait Ced, "à Canaille", si tu veux pas te la coller, il faut savoir tourner autour des prises". La sortie au relais est un peu délicate car on s'agrippe à rien du tout sur la terrasse, caillouteuse, les pieds en adhérence et le point nettement plus bas. heureusement rien de difficile.
Il faut alors aller chercher le relais bien à droite sur un immense toit triangulaire dont on ne souhaite pas qu'il tombe ce jour-là !
La paroi, déjà verticale, se redresse encore... C'est au tour de Ced d'attaquer L4, un bien joli 6a peu soutenu tout en placements.
Dans la dernière partie de la longueur, il faut passer dans un "tube" pour sortir au relais. Grandiose ! L5 est magnifique (c'est la couverture du nouveau topo "Calanques escalade" aux éditions VTOPO). Après une traversée facile mais intéressante, on remonte un mur légèrement déversant sur un rocher blanc très sculpté et avec des à plats sur des assiettes (6a). Le relais se fait sous un surplomb monstrueux de "galets", une rocher type conglomérat, très sombre et qui contraste avec la partie inférieure du cap Canaille.
Cédric préfère me laisser me coller au 6c suivant, qui est tout simplement dément. Après un départ surplombant mais pas dur (6a sur 10 mètres), il faut traverser à droite sur des galets, plein gaz (mais alors gaz de chez gaz comme c'est très rare !), et au-dessus d'un surplomb. En cas de plomb, on se retrouverait inévitablement à penduler dans le grand toit. Ames sensibles s'abstenir. Avec du recul, je regrette de ne pas m'être botté le cul pour passer en libre parce que je pense que ce n'est pas si dur (6b+ ?) mais avec le côté psychologique du décor (noter, sur la photo de gauche, les cordes qui pendent en plein vide) et de la perspective de faire le saucisson au-dessus de rien, il faut une bonne marge pour se lancer sereinement dans la longueur sans être tenté de toucher aux points.
Bon allez, la nuit approche, on n'est pas là pour acheter du terrain. Les deux dernières longueurs (6b puis 6a) sont vite torchées et, même si ça n'enlève rien à leur beauté, je serais tenté d'enlever un petit point à leur cotation, histoire de chipoter. Le 6b ne comporte en effet qu'un pas en devers type "Espace Vertical" et l'ultime, une continuité pas très difficile sur des galets.
Au final, un bien beau voyage au cap Canaille et déjà l'envie d'y revenir. Merci Ced.