Etendard - Grand Sauvage à skis. 6 août 2010
Publié le 9 Août 2010
Il a plu toute la journée la veille avec limite pluie-neige vers 2500 m. Je n'avais pas prévu de skier en août mais avec un peu de neige fraîche, il doit y avoir moyen de faire une belle sortie en montagne, un peu exotique. L'escalade prévue étant annulée, je prépare le sac à la hâte le soir après le repas (risotto aux girolles - maison - svp).
Départ prévu à 5h30 depuis la piste menant au TS des 3 lacs au-dessus du col de la croix de Fer. je l'avais empruntée en voiture il y a 8 ans lors d'une sortie ici en automne. Je me souvenais qu'elle était franchement mauvaise en voiture mais pas à ce point. Ca passe limite et ce sera le crux du jour. Quoi qu'il en soit, je parviens en voiture à 2230 m d'altitude et attaque le portage. Le sac est light : une polaire coupe vent, un petit piochon, deux litres d'eau, qq biscuits, les skis Hagan Titanium et les chaussures. En baskets, il me faut 1h15 pour avaler la montée au col nord puis l'interminable plat jusqu'au glacier de Sorlin dont le front, bien qu'affiné, n'a pas bougé d'un iota par rapport à 2002.
Je suis en plein brouillard et, en peaux sur le glacier, malgré une fenêtre me laissant apercevoir le sommet de l'Etendard au soleil et bien blanc, je dévie trop à gauche sans m'en apercevoir. Je me retrouve au pied des Sauvage. Je commence donc par un aller-retour sur ce beau sommet.
De retour sur le glacier, je remets les peaux et pars en direction de l'Etendard. Le brouillard se déchire entièrement. Je croise deux cordées seulement. Une à 400 m du sommet et une autre un peu plus haut. Les deux sont déjà en train de redescendre et certainement parties du refuge au moment où je quittais la voiture (voire plus tôt).
La lumière est exceptionnelle. On se croirait en automne. C'est toujours comme ça le lendemain d'une chute de neige à basse altitude.
Dans la pente terminale, je resserre les conversions car la neige (15 cm) est soufflée et il y a de la cohésion. Je ne suis pas inquiet mais je préfère ne pas tirer de trop larges bords. En 2002 à l(automne, alors qu'il n'y avait que 10 cm de fraîche, j'y avais déjà décelé une plaque. J'avais dû la déclencher en préventive en coupant au niveau de la rimaye. Elle avait nettoyé toute la pente sommitale. Il s'agit de ne pas renouveler l'opération, du moins sans être à l'abri.
3450 m. 20 mètres sous le sommet, je dépose les skis et finis les derniers ressauts à pied dans les cailloux saupoudrés, sous le vent. Le paysage est splendide. On domine les lacs des Grandes Rousses dont certains sont encore gelés. Au sud, les Ecrins baignés de lumière. Au nord, Belledonne, Aravis, Beaufortain, tout ça dans les nuages. Seuls les hauts sommets de Vanoise émergent au-dessus de 3000 m. Nous avons vraiment bien fait de ne pas aller grimper !
Comme pour le Sauvage, la descente de l'Etendard est rapide. Sept minutes pour rejoindre le front du glacier où je rattrape les deux cordées de piétons.
Le front du glacier se présente sous la forme d'un arc de cercle très régulier, surplombant sur les premiers mètres. L'endroit est somptueux.
Une courte remontée sur la moraine laissée par le recul du glacier me permet d'admirer le plat du jour : à gauche le Grand Sauvage ; à droite l'Etendard.
Il reste maintenant à regagner la voiture. Un petit bout de névé skié, 50 m de portage et me voici avec deux choix : le sentier déneigé ou la gorge qui amène au replat du lac Tournant et qui est encore enneigée sur 100 m de dénivelé. C'est bien sûr cette deuxième possibilité que je choisis, qui me permet de déchausser définitivement à l'altitude 2550 m. Sur le papier, il ne reste que 300 m pour atteindre la voiture. Oui mais du plat, du plat et une remontée intermédiaire. 50 minutes de portage me seront nécessaires. Au final, une sortie rentable avec 65% de ski et de qualité. Au mois d'août, on peut guère espérer mieux. Décidément, ces contrastes d'automne en été sont irremplaçables.