J'adore quand un plan se déroule sans accroc !
Publié le 22 Février 2014
Pas dispo le samedi matin. Pas de panique, les jours ont bien rallongé. Il est possible de faire 2000 m de dénivelé sans courir en partant en début d'après-midi. Mais pas facile de trouver un compagnon car ceux qui sont dispo ne vont pas attendre l'après-midi, d'autant plus que des nuages sont annoncés. Mais Delle ayant aussi des choses à faire la matin, on se retrouve au col des Mouilles pour une montée vers Orionde.
L'enneigement est limite au départ à 1000 m plein ouest mais ça passera tout en ski. Plus que le manque de neige, ce seront les arbres en travers à cause des tempêtes de sud qui seront un peu gênants. A pré Marcel à 1300 m, tout s'améliore avec un bel enneigement.
Belledonne se dévoile alors sous son plus beau jour malgré les cumulus (il fait toujours beau mais on ne voit pas le soleil) qui bourgeonnent.
La forêt devrait permettre toutes les facéties à la descente.
A la sortie de celle-ci, un bout de trace. Nous verrons un peu plus loin qu'elle vient du couloir ouest du Grand Replomb (du cône en fait, le solitaire n'ayant sans doute pas osé aller plus haut).
Du coup, chose incroyable, pas une trace montant à Orionde par l'ouest. Mise à part celle du lièvre variable qui part dans nos pieds.
Final ensoleillé au-dessus de la vallée. Neige parfaite.
Arrivée au sommet, il est 15h30. Pile le timing prévu. Seconde grosse surprise : si il y a pas mal de traces venant du nord, seules les deux combes classiques sont tracées. La directe nord est restée vierge. Pas de photo de cette descente qui sera avalée à grande vitesse dans du 35-40° et 50 cm de poudre ultra stable.
On poursuit le programme du jour : remontée du couloir NW de Barlet. Là encore, poudre ultra stable. Même dans le >40°, aucune fissure dans les conversions. Cette poudre légère sans cohésion est posée sur le "sable".
Les derniers mètres pour arriver à l'antécime d'où démarre le couloir en S. Il est 16h30. A la minute près l'horaire prévu. Nickel.
Côté 5.1/E3, son entrée est en grosse poudre et cela facilite grandement le ski.
Deux ressauts demandent toutefois des précautions mais les réceptions sont sans histoire.
Enfin, pas tout à fait. Nous skions le couloir en évitant l'axe où la couche de sable apparaît. Une fois arrivés dans le cône, il y a le dépot des coulées dues au trop plein de neige, coulées de neige sans doute de la veille. Cette neige est restée meuble. Qui n'a pas déjà préféré remonter en peaux dans ce genre de coulées quand il a des doutes sur la nivologie en se disant "là où ça a déjà purgé, c'est stable ?". Eh bien il faut enlever cette idée de la tête. Je skie donc moi-aussi dans cette coulée (non pas parce que je crains de passer ailleurs mais parce qu'à cet endroit, c'est là que c'est le meilleur) et subitement, cette coulée se met en mouvement. Je réalisé alors que cette avalanche immobilisée depuis plusieurs heures, repart suite à mon action mécanique. Je réussis à rester debout et à prendre la tangeante. Ouf ! (ceci étant, si le volume initial était épais, la surface était limitée et c'est descendu lentement sur 100 m de dénivelé ; je ne pense pas que j'aurais été recouvert mais bon...). En tous cas, après coup, je me dis qu'on n'y connaît vraiment rien à la nivologie d'une part et que d'autre part, il va falloir se méfier de ce put... de sable un certain temps.
On poursuit le cône jusqu'à l'entrée de la forêt tant la neige est bonne.
Après une petite pause, y'a plus qu'à remonter à Orionde par la nord bien tracée. 17h. Là encore, c'est pile poil le road book.
Avec vue sur notre trace de montée à Barlet.
La météo nous prépare un beau cadeau pour le final, mieux que si il avait fait grand beau tout l'après-midi.
Les derniers mètres, le feu d'artifice se prépare.
La Chartreuse et la vallée qui s'embrase.
Le Grand Replomb brûle.
Tout l'or de Belledonne. 18h00. On attaque la descente... pile comme je le souhaitais.
Je passe les détails sur la qualité de la neige dans la descente du versant ouest d'Orionde.
Là encore, pas une trace.
Delle entre dans la forêt alors que la Belle Etoile voit les derniers rayons. Il est 18h15.
Une forêt clairsemée et parfaitement skiable.
Rien n'est jamais sûr en montagne. L'anecdote de la coulée est venu nous le rappeler. C'est aussi pour cela aussi qu'on avait pris une frontale en cas de retour tardif. Mais quand tout s'est bien passé, avec une neige excellente et que le circuit a été réalisé à la minute près comme prévu (il ne s'agissait pas de faire la course mais vu le départ tardif, il était important de plannifier afin de voir si l'objectif était raisonnablement possible), on peut alors citer Hannibal Smith : "J'adore quand un plan se déroule sans accroc !".