Jusqu'au dernier mètre
Publié le 19 Juillet 2014
Bon celle-là, je ne suis pas prêt de l'oublier. J'avais besoin/envie de me mettre un beau combat aujourd'hui eh bien j'ai été servi. Pourtant, ce n'était sans doute pas le meilleur moment. Grosse fatigue depuis deux mois, cinquième jour d'affilé dehors, Jean qui, après la belle journée de la veille ensemble, avait fait juste avant une longue course en Oisans avec client, grosse chaleur, petite nuit...
Mais fi de ces humeurs. Après une petite heure et demie d'approche en soufflant comme un boeuf dans le cagnard depuis Emosson, par ce sentier bien merdique, nous voici au pied de la voie.
Le premier 6b met tout de suite dans l'ambiance. Un pas rusé surplombant puis un mur à micro réglettes... Un jardin suivant et vient un 6c+ d'abord athlétique (bon ça passe bien à condition de ne pas traîner) puis une suite très fine et verticale qui me vaut le premier repos. S'ensuit un 7a déversant. Je passe à vue... et non, vol sur un pied mal placé alors que ma main vient caresser le bac final. Ca passera à l'essai suivant et c'est de bon augure pour la suite... qui arrive vite après un nouveau jardin.
Bon ben là, ça devient vraiment dur. J'ai rarement autant couiné dans une longueur. Très loin de l'enchaînement et des pas bien obligatoires (au moins 6c). Le 7a qui suit est un peu plus aimable mais là encore, je vole et fait plusieurs repos. C'est bien dur à lire et soutenu.
On arrive à la vire médiane sous le grand mur. Le 6b+ paraît alors facile mais les points s'éloignent. Le dernier point sous le relais domine le précédent de sept mètres et est loin de l'axe. De quoi se mettre un beau voyage dans ce passage en bon 6a.
Et ce n'est pas fini, la suite cote 6c et ça ne débande pas beaucoup sur les 35 m de la longueur. Et il faut grimper entre les points. Avec Jean, nous sommes alors victime d'un même souci : la crampe. Les doigts se referment tous seuls et ne s'ouvrent plus. Ca sent le but mais on poursuit la longueur jusqu'au relais suivant. On est alors prêt à descendre mais j'ai quand même envie d'aller voir le magnifique 6c qui nous domine, quitte à mettre du temps. On a beaucoup bu, s'est un peu reposés alors feu. Et surprise, celui-ci, il s'enchaîne ! Et toujours aussi somptueux.
Les deux dernières longueurs passeront également sans trop de souffrance car pas trop soutenues et nous voici en haut du bastion après une ultime longueur où les ouvreurs sont allés chercher la difficulté jusqu'au dernier mètre ! On aurait pu sortir facilement mais non. Le ressaut le plus raide a été choisi, jusqu'au dernier pilier finaud et même le reta à cinquante centimètres de la sortie qui demande encore de la conviction.
On n'aura pas battu un record d'ascension (6h pour les douze longueurs dont 2 jardins faciles) mais en revanche, on expédiera les dix rappels en à peine 3/4 d'h.
Une voie tout simplement majeure !! De chez majeur ! Merci à Michel Piola et à mon ami Yannick Ardouin.
Par longueurs : 6b ; 6c+ ; 7a ; 7a+ ; 7a ; 6b+ ; 6c ; 6c ; 6c ; 6b. 6c obligatoire (au moins)