King Kong
Publié le 3 Juillet 2012
Et bien voilà. Depuis le temps qu'on voulait aller se faire cette voie en after taf ! Plus que pour l'escalade proprement dite, on voulait, en partant de Grenoble vers 17h, faire cette petite course avant la nuit depuis le printemps dernier mais à chaque fois, la météo, l'horaire, les pluies des jours précédents, la non-concordance de nos dispos... nous en avait tenu écartés. Aujourd'hui encore, ce n'était pas l'idéal sur le papier : des ascendances humides, une pluie importante la veille avec des risques de résurgences, un départ pas si tôt que cela (17h10) depuis le parking de Botanic à Seyssins, un petit risque d'orage de fin de journée. On avait donc encore une fois reporté l'idée. 16h30. Les enfants sont rendus à leurs parents. Je passe un coup de fil à Candice. Et si on tentait King Kong finalement ? Mon idée reçoit immédiatement un écho bien que je lui laisse entendre un risque de but pour quelques doutes qui le resteront jusqu'à l'attaque. Mais c'est bien aussi un peu "d'aventure" et d'aléas dans ce monde aseptisé. Alors feu !
Durant la marche d'approche bucolique avec une température parfaite, les doutes se lèvent peu à peu. Quelques nuages traînent sur le Cornafion mais ça semble se dégager. La paroi semble sèche sauf les premiers mètres et le timing est pour le moment respecté, l'idée étant d'attaquer la voie à 19h.
On passe devant un des plus beaux blocs du Vercors sous le sentier Péronnard. En cas de but, on viendra grimper là !
Allez, plus qu'une pente d'herbe un peu glissante pour rejoindre la base de la paroi et on peut attaquer. On a choisi le mode ultra light histoire d'optimiser et aussi, de se laisser peu de possibilité de réchappe : un jeu de dégaines et la Joker de 50 m. Point. 19h02 comme prévu, je mousquetonne le premier goujon.
Les longueurs ne sont pas soutenues. Ca manquerait même presque d'escalade, y compris dans la longueur en 6c avec un pas tout sur les pieds. Ici on est loin des voies soutenues labélisées BBX. L'escalade reste agréable, la balade est même superbe mais les longueurs déroulent à vitesse grand V.
5c ; 6a ; 6a ; 6c ; 6b ; 6b ; 6a. Tel est le programme chiffré que propose cette voie. L'escalade est principalement en dalle jusqu'au premier 6b qui réserve un splendide mur à trou. Jusque là, ça enchaîne vite et bien.
Puis vient la longueur photogénique qui justifie à elle même le déplacement. Un beau 6b avec peu de pied et une grande fissure en arc-de-cercle inversée qu'il faut tenter d'arracher. En tête ou en second, c'est la même chose puisque le relais suivant est au même niveau. Là encore ça enchaîne bien ; ce n'est même pas si dur mais il faut avoir confiance en ses pieds. L'équipement est ici très abondant. On ne risque rien.
Une dernière longueur courte (en moyenne, elles ne font que 25m) avec un pas de A0 sur un point (même pas essayé de libérer, trop dur) et c'est dans une lumière jaunie que nous nous dressons sur l'arête des Agnelons.
J'avais déjà fixé la frontale sur le casque, entrevoyant la possibilité de faire cette longueur dans la pénombre mais il n'en est rien. Je ne pensais pas que ça déroulerait aussi vite. Il n'est pas tout à fait 21h lorsque nous lovons la corde. Il nous a fallu moins de deux heures pour gravir la voie.
Il ne reste plus qu'à rentrer, d'abord par les faciles mais aériennes arêtes du ranc des Agnelons puis l'efficace sentier versant ouest du col Vert.
Au-delà de l'escalade proprement dite, belle, intéressante (mais peu soutenue), c'est l'ensemble de cette petite course que nous sommes venus chercher ici. Une marche d'approche verte, un retour par des arêtes et un autre sentier, un petit challenge du soir (même si finalement on a eu une grosse marge) et tout ce que nous offre le décor : un coucher de soleil, une pleine lune et la faune du Vercors qui était avec nous : bouquetins, aigle royal, chevreuils, mouflons, renard. En résumé : un très beau Vercors du soir.