Le bonheur est dans le Pra
Publié le 30 Juin 2013
Non je n'ai pas utilisé deux fois le même titre ! Ne confondons pas LA Pra, plaine située sous les Doménon et la dent DU Pra, sommet central du massif de Belledonne, borne orographique triple avec l'aiguille de Marcieu sur les trois vallées qui entourent le massif : Isère, Eau-d'Olle et Villards.
Voici une des images phares de la journée que je ne suis pas prêt d'oublier. Retour sur cette magnifique sortie un peu improvisée au fil de l'après-midi.
Après avoir hésité sur le point de départ, je profite du télésiège des chamois de Prapoutel qui me mène à 2000 m d'altitude vers 14h. C'est pas demain la veille qu'on retrouvera un enneigement aussi bon permettant de profiter de l'ouverture des remontées mécaniques d'été. Le brouillard accroche mais la couche est censée être bloquée vers 2200 m.
C'est effectivement le cas. Peu avant le sommet de la Jasse, je retrouve le soleil et vérifie que la pente ouest est toujours en conditions pour le retour.
Arrivé au sommet, c'est trop tentant de skier la voie normale à une date aussi tardive, sous le regard médusé de deux piétons. Je descends jusqu'à 2000 m sous les lacs du Vénétier moyennant un micro déchaussage. La direction est alors tout de suite trouvée : direction le col de l'Aigleton avec au passage vérification de l'exactitude de la balise nivose.
Grand soleil côté Eau-d'Olle alors que des rouleaux débordent de la crête du Pin. La direction est toute trouvée : je monte à la Belle Etoile par le couloir sud.
Cette fois, on est au coeur du massif et c'est du très grand Belledonne.
Une fois au sommet, il n'y a pas longtemps à hésiter : le versant est est blanc sur toute sa hauteur alors feu !
Je m'octroye une petite pause au lac de la Belle Etoile d'où ressortent de magnifiques couleurs.
Petit coup d'oeil dans le rétro.
Une truite (?) explore la petite petite du lac qui est dégelée.
Je poursuis la descente jusqu'au lac Cottepens. Incroyable qu'il ne soit pas encore entièrement dégelé pour un 30 juin (ou un 1 juillet).
J'aurais pu gagner trente minutes en restant versant ouest (qui passe incroyablement) mais un petit doute et l'envie de faire des images de ce côté me poussent à en faire le tour.
Je m'arrête ensuite au refuge des Sept-Laux (c'est que je n'ai rien mangé depuis ce matin) et m'offre un petit Perrier avant de repartir vers les Cabottes.
Deux cents mètres sous le sommet, la lumière devient fabuleuse.
Le brouillard commence à se dissiper et laisse apparaître les lacs éclairés sous le chaînon du rocher Blanc.
Au sud, le lac de la Belle Etoile où je suis passé un peu plus tôt.
Gros plan sur les couleurs on ne peut plus turquoise.
Au sommet, après avoir hésité sur le couloir nord-ouest en très bonnes conditions mais qui me mènerait plus bas que souhaité, j'opte pour la voie normale (4.1) que je n'ai faite qu'une seule fois en 1999.
Là encore ça passe sans souci.
Après une remontée à l'arête de l'Evêque, je plonge dans le vallon du Pra et rencontre trois chamois.
Restent encore 450 m de déniv (pfff...) jusqu'à la cime de la Jasse pour boucler. Là aussi, ça se dégage.
La descente est excellente comme les autres. A ce sujet, si on excepte l'Aigleton et l'Evêque qui sont faciles sur leurs deux versants, aucun des pentes fréquentées ce jour que ce soit en montée comme en descente (Jasse sud et ouest, Belle etoile sud et est, Cabottes est et nord-ouest) ne présente de passage aussi raide que le haut de la face ouest de la cime de la Jasse. Rapidement, la pente diminue. Entre 2200 et 2000 m, trois courts déchaussages sont nécessaires entre les langues de neige sur ce versant ouest qui souffre aussi de l'enneigement du secteur (très bon cette année comme partout mais ce coin de Belledonne autour de la station des Sept-Laux présente habituellement un petit déficit par rapport au reste du massif que l'on retrouve cette année). Une dernière langue de neige providentielle et découverte au dernier moment amène au déchaussage final à 1950 m exactement, un chouïa plus bas que la gare d'arrivée du TS des chamois.
Evidemment, il est presque 20h et à cette-heure-ci, pas question de compter sur le siège pour redescendre. Mais ce n'est pas un problème, surtout avec le matériel léger d'aujourd'hui. Je remets les baskets et descends par les pistes sous une belle lumière du soir.
Dernière rencontre que l'on ne voit pas sur cette image : un aigle royal plane dans le ciel au-dessus de la station, peut-être le même que celui que j'ai eu la chance de voir de près en arrivant au sommet de la cime de la Jasse et qui avait immédiatement décollé en direction de la dent du Pra.
Que du bonheur cette sortie autour du Pra. Pas loin de 3000 m verticaux (en montée parce qu'en descente, ça les dépasse) ; les retrouvailles avec les beaux circuits à skis.
Coup d'oeil à "la Belle" depuis Les Adrets sur la route du retour. Quel massif !