Le couloir du matin
Publié le 1 Avril 2013
Peut-être un excès de prudence mais je sens cette journée comme une journée piège. Un mois de mars ne laissant que peu de place à des sorties par beau temps, un week-end pascal bien maussade et une toute petite fenêtre ce lundi avec pas mal de neige fraîche et du vent. Et l'envie de sortie chez tout le monde. Je ne ressens nullement la volonté de partir pour une grosse sortie en montagne, craignant des purges dans les pentes raides, des plaques dans les pentes larges. Avant, je n'aurais sans doute pas eu d'état d'âmes mais ça c'était avant.
En même temps, la moyenne montagne est encore gavée alors pourquoi pas un petit tour dans la barrière est de Chartreuse ?
Je jette mon dévolu sur le pas de Montbrun que je n'ai jamais skié. Dès la sortie de la forêt, après un beau lever de soleil, je ne regrette pas le choix : le vent se fait sentir sur les crêtes. Il y a sûrement des combes qui seront excellente en altitude et d'autres piégeuses. Et il est impossible de savoir à l'avance quelles seront les bonnes. Et comme je déteste buter...
J'attaque le couloir inférieur en bonne neige puis poursuis sur l'écharpe oblique à droite où se situe le crux. Le passage est raide mais la neige bien bonne. Et ça va passer sans déchausser à la descente, chose fort rare ici, moyennant dix mètres de dérapage glacé où il faudra être prudent avec la grosse barre en-dessous !
La sortie est excellente et je débouche en terrain connu sur les hauts de Chartreuse.
Comme prévu, la partie haute est vite pliée. La neige est superbe.
Comme prévu encore un peu dérapage en sortant même le piolet car la pente est concave et bien glacée (mais c'est vraiment très court). Il faut ensuite être encore prudent car ça part en petites plaquettes sous les skis (neige fraîche posée sur fond dur) dans la rampe à 45° puis la fin est "rando".
Bonne neige encore dans le cône puis portion croûtée sur cent mètres avant une poudre réchauffée sur fond dur et une qualité de ski qui s'améliore au fil de la descente. La forêt est intégralement skiable sans aucun souci et je déchausse dans les champs à 950 m exactement. Reste une demie-minute de marche jusqu'à la route. Dix heures : je suis de retour au bercail pour la chasse aux oeufs avec les filles.