Mathématiques cartusiennes
Publié le 3 Février 2015
Un peu plus de chiffres que d'habitude, histoire de ne pas renier mon passé d'études mathématiques. Ca commence par un point de départ à 1100 m d'altitude au hameau du Baure qui croûle sous un mètre cinquante de neige.
Seul, je laisse les skis prendre la direction qu'ils souhaitent et comme il n'est pas question de brasser, je suis tranquillement la trace qui remonte la route du col du Coq puis coupe les lacets. Il est 9h45 et je me fixe comme objectif d'être de retour au plus tard à 15h30 à la voiture.
Quelques minutes plus tard me voilà au sommet de Pravouta. J'avale une première descente en face est et remets les peaux avec deux skieurs en ligne de mire.
Je les rejoins un peu en-dessous du sommet et j'ai le plaisir de rencontrer enfin de visu Stéphane qui me reconnaît, ainsi que son accolyte Yves, tous les deux partis pour un joli tour en Chartreuse.
Ne souhaitant pas tracer, je leur laisse le privilège d'être les premiers à tracer la face sud-ouest (ils vont vers le bec Charvet où la trace semble à faire, du moins en partie) et me refais une deuxième face est.
Je remonte dare-dare et enquille la descente en sud-ouest sur leurs talons. Je remets les peaux et attaque le Charvet.
Les conditions sont exceptionnelles. J'appuie et les rejoins au niveau de la traversée vers la forêt. Il reste environ 120 m de dénivelé à tracer jusqu'au sommet et c'est avec plaisir que je prends le relais. L'enfoncement commence à devenir acceptable avec le tassement.
Discussion fort sympathique au sommet puis c'est le gavage total dans la face nord. C'est quand même un privilège dont on ne se lasse pas de pouvoir faire du ski en relative sécurité avec de telles quantités de neige meuble dans nos massifs. Dans les Alpes du sud, ce style de ski est quasi impossible.
Au bas de la face, c'est trop tentant. Il est encore tôt et je remets ça en profitant de la trace.
Nouveau Charvet. Le temps s'est bien couvert mais la visibilité reste bonne.
Descente, comment dirais-je ? Orgasmique !
Je remets les peaux une nouvelle fois et entame la remontée vers Pravouta, bien tracée depuis ce matin même si il y a eu finalement peu de skieurs lors de cette belle journée. Les jambes s'alourdissent et le rythme faiblit un peu. Le paysage reste fabuleux.
La trace dans la traversée un peu raide vers le col de Pravouta est curieusement un peu plus haute que d'habitude et un peu plus exposée. Je suis seul. J'ai plutôt confiance dans ce paquet de neige fraîche qui semble bien en place et se tasse progressivement mais je suis seul et il ne faudrait pas une mauvaise surprise. Je reprends mon souffle et franchis le passage à 17m/min. Il reste encore du jus bien que la Suunto affiche un dénivelé positif de 2850 m au sommet où je rencontre Volo venu lui-aussi profiter de ces conditions exceptionnelles.
Il est presque 15h. Contrat rempli. Une dernière face est et je descends définitivement sur le Baure, de la poudre plein les yeux. Finalement, je suis aussi assez content de ma progression qui affiche une moyenne ascensionnelle sur l'ensemble de la course de 800 m/h avec un peu de plat au début et une trace à faire sur une petite portion, et sans être en mode compet'. Maintenant que la neige est là, les jambes devraient permettre d'en profiter pleinement même avec les skis larges (et donc lourds). Bon ok, il y a les Gignoux aux pieds, ça aide. A noter que malgré cette (assez) grande distance parcourue aujourd'hui, les pieds sont restés au sec !
En arrondissant les chiffres, l'équation du jour est donc : 4 Pravouta + 2 Charvet = 3000