Retrouvailles dans la Mitraille
Publié le 25 Février 2012
Cela faisait trois ans que je n'avais pas vu Jean Bouchet. Un petit coup de fil et hop, on réussit à se dégager un créneau en commun avec, sans s'être concertés, le même objectif à proposer à l'autre. Dès le départ, la neige est pourrie et on enfoncen en montant vers le passage du Dérochoir dans la chaîne des Fiz. Ca va être "chaud" là-haut. Mais Jean a l'habitude de ces genre de "bouzier". Je ne me fais aucun souci et puis, ça rappellera nos années de "torchage" avec toutes conneries réalisées dans ces couloirs à-vue des Ecrins.
Le Dérochoir est vraiment mauvais. Jean qui le connait bien ne l'a jamais vu dans cet état. Il y a de grosse reptations dont la première au-dessus du premier goulet très raide (50-55°) qu'il va falloir franchir. Pour cela, il faut traverser un pont de neige moisi, profond d'au moins quatre mètres. brr. Je m'encorde et part devant. Finalement, ça passe assez facilement et la partie verticale se passe en deux marches et deux coups de piolets mais il ne faudrait pas que la lame s'effondre : des mètres cubes de neige nous projetteraient vers le bas. Le poids de la neige, la barre rocheuse que 'lon domine. Bref; ce serait du propre et sans bavure.
Nous tirons ensuite cinq longueurs de corde pour franchir les autres reptations mais à chaque fois avec des relais àl'abri. La sortie sur l'arête des Fiz est superbe. Le plus dur est fait. Une première descente poudreuse nous amène sur le plateau où nous remettons les peaux en direction de la pointe d'Anterne.
Une remontée des plus contemplatives.
Jusqu'au couloir de la Mitraille qui se dévoile tel une entaille permettant de s'échapper de la forteresse.
Lors d'un petit détour vers le sommet d'Anterne, une grosse corniche s'éffondre dans le couloir. Rien de tel pour mettre les skieurs "en conditions psychologiques" parfaites !
L'entrée dans le couloir est simplissime mais pour garder les bonnes habitudes afin d'aller chercher des parties vierges de traces, on se permet quelques acrobaties : franchissement de la corniche, pendu sur les bâtons plantés à l'envers jusqu'à la garde. Une recette implacable !
On skie sans traîner sous les grosses corniches qui tiendront bon jusqu'au bout.
Avant de traverser dans des pentes ultra pourries pour bien finir la balade jusqu'aux chalets d'Ayères dont certains sont complètement sous la neige. Il y a entre 2 et 3 mètres de neige ici à 1700 m. c'est complètement marteau !
Merci Jean pour cette belle sortie même si la qualité de neige n'était pas vraiment au rendez-vous. En espérant ne pas attendre trois ans pour en refaire une autre.