Ski-voile en Norvège, 2004
Publié le 24 Janvier 2011
Faute de neige, on poursuit dans les albums souvenirs. En avril 2004, j'embarque avec Cécile (Eichinger) et Nicolas (Cardin) à Genève, après avoir retrouvé Jean-Marc Genevois à l'aéroport. Si j'avais le temps, je conterais en détail ces deux premiers jours où, suite à un retard du premier avion, nous serons coincés au Danemark faute de correspondance et le lendemain, nous perdrons les 3/4 de notre matos dispersé dans la Norvège. En attendant, nous en profitons pour visiter Copenhague.
Le miracle se produit le second jour où, en arrivant à Alesund, but de notre voyage, nous trouvons une paire de ski posée contre un mur au milieu de l'aéroport : par d'erreur, elle nous appartient !! Comment est-elle arrivée là ? Où est le reste de notre matos ? Nous patientons jusqu'à l'arrivée du dernier vol en provenance d'Oslo malgré les norvégiens qui nous affirment que nos bagages n'y sont pas et menacent d'appeler la police tant nous avons pis la panique dans ce petit aérodrome. A travers les vitres, nous observons de loin le déchargement et reconnaissons un de nos sacs. Par une porte dérobée nous nous précipitons sur le tarmac et courrons à côté du chariot. Tout notre matos est là c'est un miracle !!! Le sourire revient et l'aventure, la vraie, va pouvoir commencer.
On déccouvre l'intérieur du bateau dans lequel nous attende Jean (Bouchet) guide mais surtout ami pour ce petit voyage qui n'est pas un voyage assuré par un professionnel mais un périple entre potes. Pour la partie voile, le Malouin Jean-François Lilti dirige les opérations. Je l'avais rencontré avec Jean à Grenoble quelques semaines avant le séjour. Il est trop tard pour rejoindre le fjord dans lequel nous avons prévu de skier et c'est seulement le troisième jour que nous commençons à naviguer. Jean, qui a le permis bateau, se fait un plaisir à manier le gouvernail mais en réalité sous la houlette de notre skipper Jean-François, c'est tout le monde qui se prête au jeu. Il nous faut une petite journée de navigation pour arriver à bon port ; nous avons donc tout le loisir de découvrir un autre domaine au moins aussi engagé que la montagne : la mer. Et quand ça tangue, je peux vous dire qu'il y a du sport. Et encore, nous ne sommes que sur des fjords où la mer n'est jamais déchaînée. Ce doit être autre chose en plein océan !
Nous arrivons en fin d'après-midi mais les jours sont assez longs et avec Cécile, on se motive pour aller faire un petit tour. Nous prenons les skis mais, après 300 m de dénivelé de portage, nous décidons de redescendre car il est tard et la neige est pourrie après trois jours de pluie. L'endroit est très sauvage ; on aurait aimé croiser un renne ou un élan vu les nombreuses crottes mais nous rentrons bredouilles.
Le lendemain, il fait grand beau et nous partons pour notre première course en montagne : le Sloggen. Véritable "Cervin" local, le Sloggen culmine à seulement 1550 m mais le bateau étant au niveau zéro, il y a de quoi occuper la matinée, d'autant que nous avons prévu de rajouter une seconde montée sur le sommet voisin nommé Maudekollen (orthographe approximative). Nous sommes rassurés par la neige car après cette période de mauvais temps, on pouvait redouter le risque nivologique. Il n'en est rien et une couche de poudre ultra légère recouvre une sous-couche abondante et dure. Des conditions parfaites pour skier le Sloggen dont le couloir sommital est assez raide (ski : 4.2). En remontant au smmet suivant, on prend toute la mesure de ce pic pointu dominant le fjord... et de la vue sur ce dernier. Pour la photo, de mauvaise qualité avec mon appareil de l'époque (compact 3mp), Cécile va taquiner les abîmes de la face sud-ouest.
La descente est encore une fois excellentissime et le petit portage final rajoute une touche d'exotisme à la balade. Tout le monde revient enchanté de cette première journée de ski en Norvège, dans les Alpes de Sunmore, coin "découvert" par Jean et Jean-François l'année précédente.
On savoure le retour au bateau car les après-midi sont bien longues : farniente, lecture, musique, pêche...
En fin d'après-midi, nous déplaçons le bateau et traversant le fjord perpendiculairement à sa longueur pour rejoindre le petit port de Saebo (o barré). L'avantage de ce petit coin c'est qu'il y a possibilité de prendre une douche au petit hôtel, bien vide en cette période.
Le lendemain, ça pinaille au démarrage et je pars devant avec Jean. Nous partons tranquillement afin que les autres nous ratrappent mais nous trouvons un raccourci (que les autres ne trouveront pas) si bien que l'avance s'accroît. Nous n'attendons pas et remontons la combe nord du Storhornet. Nous poursuivons jusqu'au sommet, retirons les peaux puis skions sur nos pas afin de retrouver le reste de la troupe. Remontée à nouveau au sommet tous ensemble puis nous traversons un plateau pour rejoindre une grande classique en partant de l'autre côté de la montagne : le Skarasalen. Il y a de nombreux télémarkers et c'est tracé comme si on était dans Belledonne. Après quelques virages en apesanteur au-dessus du fjord, nous rejoingons "notre" combe nord où il n'y a que notre trace de montée. La neige est poudreuse et l'on se régale.
Encore 2000 m de ski auourd'hui et l'après-midi devant nous. Le fait d'évoluer à très basse altitude nous donne des ailes. Qui a dit que les effets de l'altitude ne ser ressentaient pas dans les massifs de moyenne montagne comme Belledonne ou les Aravis ? Assurément, nous voyons la différence avec ici où nous tournons entre zéro et quinze cent mètres. Le portage est toujours agréable pour finir puis nous partons pour quelques heures de voile jusqu'au fin fond de notre fjord. Le vent est faible et, pour nous qui sommes novices, c'est parfait pour apprendre. Nous sommes épatés par l'aisance de notre skipper qui n'hésite pas à courir sur le pont même lorsque le bateau penche (un peu beaucoup à notre goût).
Le soir nous décidons de partir le lendemain pour le Dukhornet, un modeste sommet de 1400 m mais très sauvage.
Le portage est un peu plus long que les autres fois (300 m) mais le paysage est très reposant. Toute l'ascension surplombe le fjord et les vues sont splendides. Aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir eu un meilleur appareil photo mais les meilleures images restent dans la tête. Le sommet est un vaste plateau où nous découvrons des montagnes à perte de vue. Un vrai dépaysement ! A la descente, nous nous dirigeons vers un couloir que nous avons repéré à la montée. D'orientation sud-est, nous devrions y trouver de la bonne neige transformée et c'est exactement ce qui se produit dans cette jolie pente raide (4.3).
Au retour, nous nous posons une heure dans l'herbe sur un belvédère surplombant le bateau avant de le rejoindre. Nouvelle navigation jusqu'à Indre Urke où nous accostons. Le lendemain, la météo s'est dégradée et personne n'est motivé. Après moult tergiversations, je motive Cécile et Nico pour monter au Saksa, un petit 1000 m avec 300 m de portage. L'ambiance est vraiment sauvage et même si ce ne sera pas du grand ski, on est vraiment heureux d'être là. La météo qui hésite nous réserve de superbes lumières.
A l'approche du sommet, le vent se lève et on voit les remous du fjord. Peu à peu, c'est une véritable tempête qui s'abat sur nous. Il est très difficile de se tenir debout et il fait très froid. La neige soulevée nous giffle le visage. C'est l'enfer glacial ! Nous sommes finalement obligés de fiaire les derniers mètres à pied. A la decsente, la neige dure nous réserve finalement du bon ski...
Etant donné la météo du lendemain, nous laissons tomber le dernier jour de ski et préparons le bateau pour une journée de navigation qui doit nous ramener à Alesund que nous visiterons avant de rentrer. Ce retour s'annonce sportif et les marins d'eau douces se cramponnent du mieux qu'ils le peuvent.
Durant un moment, il faut même lutter contre le mal de mer. Pour cela, rien de tel que de prendre la barre me dit Jean-Marc. Cette météo ne semble pas gêner les eiders à duvet que nous rencontrons sur le fjord. Canards nordiques fréquent en Norvège, l'eider est hivernant en petites quantité sur les côtes françaises.Ce magnifique séjour se termine par une visite de la ville d'Alesund, sans omettre de monter au sommet qui la domine (un peu comme la Bastille à Grenoble).