Tempête de sud à la Roche Brune
Publié le 2 Novembre 2011
Avec le vent du sud annoncé forcissant en montagne, on laisse tomber le projet d'escalade en Belledonne pour se rabattre sur le site moins élevé de la Roche Brune en Chartreuse que Thibaut ne connaît pas. Cath et Nico sont aussi de la partie. Après une marche d'approche au calme dans le forêt, nous sommes accueillis au sommet par un vent tempêtueux, un vent à décorner les bœufs. Après quelques hésitations, Cath et Nico laissent tomber l'affaire pour aller grimper à l'abri en vallée, ce qui est tout à fait raisonnable. Soyons honnête, si cela ne tint qu'à moi, j'en aurais fait de même. Oui mais voilà, l'ami Thibaut a une furieuse envie de se confronter aux éléments et déjà, il installe le rappel.
Les cordent remontent par dessus nos têtes, l'ambiance est démentielle. Deux rappels de 50 m en prenant moult précautions nous amènent au bas de la face où Eole est un peu plus calme, mais loin d'être absent. Après un peu d'hésitation, j'arrive au premier relais en ayant "randonné" dans "un destin tout tracé", un 6b majeur en fissure jaune et le sourire revient.
En L2, nous partons dans "les démons de jésus", un 6c+ magnifique et c'est Thibaut qui s'y colle. Après un départ un peu retors pour s'arracher de la vire puis un surplomb pas trop dur, le mur qui suit est fantastique avec de petites réglettes à picots. Le vent commence à forcir légèrement. L'ambiance est bien là.
En L3, l'équipement s'aère dans le 6b+ de "self made man". Le passage clef est protégé par un piton ; ça change des goujons de 12 ! Le vent forcit encore. Un petit aperçu de l'ambiance sur cette vidéo peu intéressante en elle-même.
L4 : c'est au tour de Thibaut qui part dans une superbe longueur de 35 m sortant pile à la croix. Ca doit valloir qq chose comme 6a+ technique en fissure avec des oppos (et non 5c comme sur le topo (!) - il s'agit de L2 de "l'autel de Dionysos") équipé engagé (pitons, spits éloignés - coinceurs appréciables). Je crois n'avoir jamais eu un vent aussi tempétueux que dans cette longueur. Je préfère ne pas dire de bêtises mais les rafales sont à coup sûr à bien plus de 100 km/h. Une véritable furie. Tenir debout demande une véritable concentration, quelle ambiance !
Pourtant, l'ambiance reste à la rigolade même si la difficulté soutenue de cette petite grande voie (6b/6c+/6b+/6a+), l'équipement loin d'être "école" et l'ambiance patagoniesque (sans les températures !) imposent au leader de rester vigilant.
Une fois au sommet, on fait dix mètres sur le plateau et plus un souffle de vent. Il y fait même très chaud. Un privilège rare que de vivre de tels contrastes !