Trou (noir) de mémoire
Publié le 18 Juillet 2012
J'étais venu ici en 1999, trois jours avant d'apprendre mon entrée dans l'éducation nationale avec François Thirion, fort grimpeur maintenant installé sur coteaux du Vaucluse. Nous avions gravi "le trou noir" avec le risque de prendre un orage à chaque longueur. Je me souviens que nous avions essuyé une grosse averse au niveau du trou et étions restés abrités en attendant. Et puis, le rocher était tellement agressif que même un peu mouillé, nous avions pu terminer la voie. Aujourd'hui, sur les conseils de JMC, nous venons avec Jean-Pierre faire "les 3 jours du Condor", une des toutes dernières de la tête d'Aval avec des cotations à confirmer. La journée s'annonce lumineuse, plus chaude que la veille. Nous commençons par les cinq premières longueurs du "trou noir". Je n'en ai absolument aucun souvenir. C'est incroyable. Moi qui note tout, qui me souvient des moindres passages... Rien de rien. Nous faisons même six longueurs de la voie car une erreur à la vire nous fera éviter le début de la voie visée. Pas le moindre souvenir ! Après 6 longueurs donc en 6a/b, ce qui serait déjà une jolie peite ascension, nous voici au pied du mur.
Arrive le premier 6c. Il est pour JP qui trouve ça dur. De mon côté, dommage je suis en second donc ça ne compte (presque) pas mais ça déroule presque facilement. Je confirme toutefois la cotation car c'est quand même bien pêchu au départ avec deux blocages pour aller chercher des bonnes prises. Je suis confiant pour la suite. Ca va torcher. Vient une sale longueur en A0 sur huit points entrecoupée de deux pas de 6a : pas d'autre choix pour franchir cette saloperie de zone raide et lisse. Jusque là pas de souci et le magnifique 6c+ qui suit m'enchante.
Après avoir fait illusion en me battant sur la première partie de la longueur la fin est une cata. C'est très très dur (pour moi) avec des pieds fuyants et des mains petites petites sur des prises acérées. On souffre. A mon avis, c'est tout simplement un bon 7a. La suite : un 6c qui paraît plus humain. Je finis bien occis au relais. l'enchaînement de la longueur : je n'en parle même pas. Avec JP, on se regarde, incrédules. Où est la blague ? 6c ? c'est encore plus dur que la longueur précédente. Dommage, c'est tout simplement majeurissime.
Encore deux longueurs plus faciles sur le papier mais pas si faciles que ça. La fatigue commence à poindre. Les pieds souffrent et puis les doigts... je n'ai jamais eu tant mal. On se plaint souvent de la patine. Là, il faudrait clairement venir poncer les gouttes d'eau ! Je fais la dernière longueur avec les mitaines !!! Reste un court 6c et A0 pour sortir le toit. Pas envie de tirer encore au point. On s'en tiendra là pour cette fois. Descente en rappels puis par les cordes fixes des vires "à bicyclette". Quel boulot !
Deux belles journées de grimpe dans le briançonnais.