Nous sommes à quelques jours d'une levée du confinement ; si celle-ci venait à être confirmée jeudi 7 au soir. Une levée qui pourrait être plus difficile que le confinement lui-même. Durant ce dernier, on ne pouvait pas faire grand chose ; là, il faudra sans doute agir avec beaucoup de réflexion et de restrictions. A quoi s'attendre, notamment pour nos activités de pleine nature ?
- La règle des 100 km. A priori, il sera possible, pour tous, de se déplacer dans un disque de rayon 100 km centré sur son domicile. Sans doute un peu plus juste que l'option département pour ne pas pénaliser les dix millions de Franciliens ou les Terrifortains, même si les habitants de bord de mer se voient amputer la surface maritime. De toutes façons, l'objectif n'est pas de sillonner les moindres recoins de son disque mais de pouvoir bouger un peu, afin de s'évader et reprendre un minimum de vie sociale.
- Les "gestes barrières". Un nouveau mot dans toutes les bouches (comme le mot "déconfinement" qui n'est pas dans le dictionnaire) mais qui résume les changements d'habitudes que nous allons devoir opérer. Pour les activités d'intérieur, les salles d'escalade, par exemple, ne pourront pas réouvrir tout de suite. Espace Vertical a annoncé que les abonnements seront prolongés à la réouverture. Merci à eux ! Et il faut s'attendre à une interdiction de rassemblements de plus de 10 personnes (sauf dans les salles de classes... oui, je sais, premier pic du billet mais je ne pouvais pas passer à côté de cette incohérence)
- Concernant les activités elles-mêmes, il semblerait qu'on pourrait retrouver le chemin des montagnes. Il nous faut toutefois attendre l'annonce officielle du gouvernement et la levée de l'arrête préfectoral (pour l'Isère, et sans doute ailleurs aussi) qui l'interdit pour le moment, arrêté prolongé le 2 avril, avant l'annonce de la date du 11 mai.
Que se passe-t-il si cet arrêté perdure ? Cela paraît totalement improbable mais étant donné le lot d'incohérences depuis le début de la crise, plus rien ne pourrait me surprendre. Si tel était le cas donc, nous n'aurions pas le droit de reprendre la randonnée et, a fortiori, toutes les autres activités de pleine nature. Et il faut bien avoir présent à l'esprit que dans ce cas, la levée du confinement n'en serait pas une. Car une randonnée commence sur le seuil de sa maison. On aurait donc le droit de faire 100 km mais uniquement avec un moyen de transport (voiture, moto, vélo ?). En gros, uniquement sur les routes ? Pas sur les sentiers ? Cela paraît tellement absurde que je n'ose pas y penser. Le gouvernement, qui ne passera sûrement pas sur ces pages, devra s'attendre à une désobéissance massive de ce que j'entends d'untel ou untel, de personnes ayant pourtant bien respecté le confinement jusqu'à présent. Car bien évidemment, tout cela a assez duré. Rappelons au passage que le nombre de cas de Covid-19 en réanimation sur La Tronche est passé à zéro et que les urgences sont vides...
En toute logique donc, on devrait pouvoir reprendre le chemin des sentiers. Quels sont les risques et les situations à éviter, d'autant que tout le monde est "mort de faim" ?
- Mollo mollo au départ. Ce ne sont pas les petits footing du dimanche à 8 km/h qui auront permis de garder la résistance pour de longues randonnées. Pour les habitués, cette période peut-être considérée comme une période de repos du corps. Ca peut être très positif et ils doivent pouvoir ré-attaquer normalement. En revanche, pour les randonneurs réguliers mais non "acharnés", cette reprise doit être progressive pour éviter les risques de blessures et ils seront favorisés (entorses...) par la pause et la "torpeur" des muscles et articulations. Ce serait vraiment con, et le mot est ici bien choisi, d'avoir passé tout ce temps à attendre pour devoir stopper dès après la reprise !
- La faune s'est habituée, pour certaines espèces, à l'absence de l'homme, malgré sans aucun doute des randonnées sauvages et les pièges-photos seront probablement de bons indicateurs (promis, je n'enverrai pas les images à la Gestapo ! ). Il faudra être vigilant ; non pas qu'il faille s'empêcher de bouger, je reste fidèle à ma ligne de présence raisonnée de l'homme dans la nature. Mais ce que je veux dire, c'est que l'on pourrait avoir des situations un peu inédites comme la nidification d'oiseaux (je pense aux rapaces notamment) au milieu de voies d'escalade habituellement fréquentées et redevenues calmes avec le confinement. A nous d'être intelligents et de signaler ces situations, tout en décalant horizontalement nos ascensions. A ce propos, et cela est habituel chaque année, cette période est l'époque des naissances chez les cervidés et autres mammifères (lièvres...). Les jeunes ont la consigne de jouer le camouflage et de ne pas bouger. Si on tombe dessus, il n'est pas abandonné. Prenons-le en photo rapidement si on le souhaite mais laissons-le et quittons les lieux.
- Quelles activités ? Il faudra voir ce qu'on nous autorise officiellement. La haute montagne sera-t-elle permise ? Etant donnée la reprise générale sur tous les fronts et, pour certains départements en tous cas, la disponibilité des services de soin, la logique (mais encore une fois, la logique fait parfois deux avec certains élus...) serait d'autoriser toutes les activités de montagne dans le respect des fameux gestes-barrières. Rappelons au passage, au niveau des accidents, que toutes les activités de pleine nature terrestres réunies font moins de 250 morts par an, la noyade un millier, la route entre 3000 et 4000 et les accidents domestiques autour de 20000 ! "Nos" activités représentent donc environ 1% de ces accidents.
On attend donc avec impatience que cela se décante pour pour pouvoir à nouveau s'évader un peu, après cette période un peu stressante pour beaucoup de monde. Cela ferait le plus grand bien et puis, demeure tout à fait compatible avec les distances physiques imposées (je déteste cette appellation de distance sociale - la distance sociale, beaucoup en souffrent en ce moment ; on peut être à distance physique sans être en distance sociale !!!). Car il est grand temps que cesse cette mascarade. Autant, il fallait cadrer au départ, apprendre et avancer avec prudence ; autant là, nous avons du recul, nous avons appris à vivre avec le virus et cette absence de liberté de déplacement est maintenant ressentie par beaucoup comme totalement injuste. Il est difficile d'admettre que dimanche prochain, il sera toujours interdit d'aller randonner seul sur un bon sentier et que vingt-quatre heures plus tard, on tolèrera la présence de 17 personnes (1 enseignant, 1 ATSEM et 15 élèves) ensemble enfermées dans une classe de maternelle !!!
Dernier point : attention quand même au retour de bâton. Pour soi (déjà dit plus haut, gare à la reprise !) mais aussi pour tous. De nos comportements peuvent découler des mesures restrictives qui, même si elles s'avéraient injustes, seront réelles et poseront des problèmes. A nous de montrer une reprise intelligente et qui tient compte de la problématique actuelle.